Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
qui venaient sous ses paupières refermées. Idiote, se fustigea-t-elle. Durant huit jours, tu seras à ses côtés, assise sur l'échafaud, le regard tourné vers les lices. Le vent te portera son parfum de musc et le vertige te viendra plus sûrement de sa proximité que des joutes. Pas besoin alors de retenir ton émotion, elle paraîtra légitime à tous, tant tes compagnes elles-mêmes seront troublées. Et puis il y a les nuitées. Il donnera réception dans cette maison que le gouverneur lui a prêtée. Tu y paraîtras, et peut-être à la faveur de quelque hasard serez-vous seuls deux, trois minutes pour échanger un baiser ? Elle plaqua les mains sur sa bouche. Elle avait aimé ceux d'Algonde. Ceux de Djem la transportaient. Elle ne touchait plus terre. Quelle folie douce la tenait ? Si seulement elle avait quelqu'un, là, pour se confier.
    À cet instant, la voix de Sidonie franchit la tenture.
    — On te prétend souffrante, est-ce vrai ?
    Philippine ouvrit les yeux. Le rideau s'écarta et sa cousine s'assit sur la courtepointe, le visage inquiet. Avant que Philippine ait pu la rassurer, Sidonie lui touchait le front.
    — Tu es brûlante de fièvre. Une insolation sans doute. Malgré la coiffe, c'est curieux.
    La baronne soupira avant d'ajouter :
    — Je crains que tu ne puisses nous accompagner tantôt pour présenter nos hommages au prince Djem.
    Philippine se dressa comme si une verge l'avait fouettée.
    — Cela va déjà mieux, cousine, je vous l'assure.
    Sidonie connaissait trop les tourments du cœur pour ne pas en reconnaître un. Préoccupée des siens, elle avait négligé la jouvencelle. À présent que Jacques lui avait pardonné et l'avait même assurée de la sauver des griffes de Marthe, à présent qu'ils dupaient l'un et l'autre cette dernière par leur réconciliation, elle devait reprendre sa place de marâtre.
    — Soit, accorda-t-elle à la jouvencelle, dont l'œil semblait la supplier, toi seule es juge. Bonnemine te portera une collation dans ta chambre. Tu auras ainsi tout le temps de te reposer. Il serait dommage que tu ne puisses revoir le prince Djem.
    À la seule évocation de son nom, le regard de Philippine s'était baissé. Ainsi donc elle ne s'était pas trompée, songea Sidonie. Comment avait-elle pu oublier la confidence de la damoiselle à peine revenue des violences que le sire de Montoison lui avait infligées sous le gros hêtre ?
    Compréhensive, elle lui souleva le menton d'un doigt recourbé.
    — Mes conseils n'ont servi à rien. Tu n'as pu te guérir de l'aimer, n'est-ce pas ?
    Les larmes contenues de Philippine passèrent la bordure de ses longs cils. Elle se jeta dans les bras de Sidonie et se mit à sangloter.
    — Allons, allons, ce n'est pas si grave, ma douce. Ce le serait si cet amour n'était pas partagé, mais à la fébrilité qui tenait son visage lorsqu'il l'a levé vers nos fenêtres, je comprends à présent que c'était toi qu'il cherchait et non la chaleur de notre amitié.
    Philippine renifla.
    — Mais il est musulman et vous aviez dit…
    — Qu'il était d'une race qu'une chrétienne ne peut épouser. Je m'en souviens.
    Elle lui caressa les épaules avec tendresse.
    — Il se convertira s'il te veut.
    Rassurée par la voix tranquille de Sidonie, Philippine se dégagea de son étreinte et un pâle sourire revint égayer ses traits.
    — Vous oubliez qu'il est prisonnier, objecta-t-elle encore.
    Sidonie replaça une mèche qui s'était détachée de sa coiffe derrière le lobe de son oreille.
    — Je n'oublie rien, Hélène. Et surtout pas les manigances du sire de Montoison et de ton frère. Ton père les connaît lui aussi et veille désormais pour les empêcher.
    Philippine baissa de nouveau les yeux. Coupable d'avoir tu la vérité à ceux qui pouvaient l'aider.
    — Je vous demande pardon. Ce fardeau était bien lourd, mais je craignais tant que Louis ne le devine…
    — Nul ne songe à te le reprocher.
    — Pas même mon père ?
    Sidonie l'embrassa au front.
    — Il ne souhaite que ton bonheur, Hélène. Et il tient le prince Djem en grande estime. Laisse-moi lui parler. Si les hospitaliers rechignent à cet hymen, peut-être pourrait-il intervenir auprès de notre roi. Charles n'a pas oublié celui qui fut le chambellan de son père. Je suis sûre qu'il aurait à cœur de favoriser ce projet.
    Rayonnante, Philippine se jeta de nouveau dans ses bras.
    — Je ne veux pas d'autre époux, Sidonie. Dites-le à mon
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher