Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
recevait la moitié de la récolte.

    16 - Cesser, mettre un terme à quelque chose.

    17 - Au sens de comprendre.

    18 - Du verbe chaloir, être d’importance ou causer du souci. « Si cela m’importe ».

    19 - Courroux, colère.

VI
    Mortagne-au-Perche, fin septembre 1305
    G râce à l’accablant témoignage de Germain Flanche, l’arrestation et le procès de Jacques de Faussay avaient été plus rapides que M. Justice de Mortagne ne l’espérait. D’autant que d’autres témoignages avaient afflué : ceux de femmes de toutes conditions violentées, forcées par le noblaillon, et qui s’étaient tues jusque-là. Jacques de Faussay semblait s’être fait une spécialité d’obtenir avec brutalité ce qu’on refusait de lui donner. Au demeurant, prendre de force le satisfaisait bien davantage que recevoir.
    La morgue du bellâtre, qui avait d’abord pris de très haut l’accusation de viols multiples et parjures aggravés, avait vite cédé, face à l’art du Maître de Haute justice, durant son interrogatoire, une Question 1 dosée ainsi qu’il était d’us : une demi-heure de torture par demande. Hardouin lui avait brisé les jambes, enfonçant avec lenteur les coins entre les planches des brodequins 2 . Aux injures, obscénités crachées par Jacques de Faussay avaient vite fait suite les hurlements, les suppliques. Adossé au mur de la salle de tourment, son écritoire pendue au cou, plaquée sur le ventre, sa plume aux doigts, le scriba 3 attendait les aveux de l’accusé. Ils ne tardèrent guère. Jacques de Faussay relata le viol et les coups assénés à Marie de Salvin ainsi qu’à d’autres.
    Lorsqu’il prit connaissance des méfaits avoués, Arnaud de Tisans entra dans une terrible colère.
    — Gredin, parjure, déhonté sans honneur ! hurla-t-il. La justice sera implacable.
    De fait, les juges nommés par le sous-bailli appliquèrent la peine la plus lourde pour ce genre de crime, à l’issue du procès qui ne dura qu’un après-midi.
    Dès le surlendemain, le coupable fut traîné en place publique. Une foule qui piaffait d’impatience, depuis qu’elle avait eu vent du supplice réservé, s’y pressait.
    Le secrétaire du sous-bailli lut la sentence à forte voix et la tendit à M. Justice de Mortagne, revêtu de son gipon rouge sang, le visage dissimulé par son masque de cuir noir. Celui-ci parcourut rapidement la feuille et constata l’absence de retentum 4 , que les juges ajoutaient parfois au seul usage du bourreau. Le condamné n’en était jamais informé, pas plus que les badauds qui se pressaient pour le voir mourir et qui, pour beaucoup, en eussent été dépités.
    Le déshonneur de Jacques de Faussay fut clamé haut et fort, ainsi que l’honneur retrouvé de Mme Marie de Salvin et sa prochaine exhumation. Elle serait ensuite mise en terre consacrée aux côtés de son époux.
    Pour la première fois de sa carrière, M. Justice de Mortagne ne s’inclina pas devant le supplicié afin de requérir de lui le pardon, mais le toisa. Il exécuta la sentence à l’immense contentement de la foule que les interminables hurlements de bête de Faussay réjouirent. Le condamné fut émasculé en place publique sous les ovations et les lourdes obscénités de la populace, puis écartelé entre quatre lourds chevaux de Perche qu’Hardouin cadet-Venelle fit aller au lent pas afin que le supplice dure plus longtemps, pour la satisfaction de tous. Alors qu’il était à l’agonie après des heures de supplices, inconscient au point que M. de Mortagne et son jeune apprenti Célestin durent le porter sur le chafaud, il fut pendu tel un gueux, ultime marque de déshonneur.
    La dépouille désarticulée et sanglante du dévoyé fut ensuite transportée au gibet à six piliers, réservé aux comtes 5 , qui se dressait hors les murs de la ville en raison de l’insupportable odeur de charogne qui en provenait. On y exposait les cadavres des infâmes auxquels l’inhumation chrétienne était refusée, jusqu’à ce que la décomposition et les attaques de corbeaux qui se repaissaient de leur chair les fassent choir de leur corde. Célestin se félicita en son for intérieur que Faussay ait été écartelé et pendu. Suspendre les décapités au gibet exigeait que l’on noue une corde sous leurs aisselles. Une tâche ardue durant laquelle on se souillait presque toujours de sang coagulé. Des petits enfants, encouragés par leurs parents, suivirent la procession,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher