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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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habitués ? demanda Hardouin d’un ton léger en s’asseyant à une table.
    — Pas le noblaillon. L’autre, oui-da. Germain Flanche, un riche fermier du coin qu’a des intérêts dans pas mal d’étaux et d’échoppes de la ville. Jolie fortune. Il se tient d’habitude, et a l’alcool plutôt plaisant, aussi étais-je surpris et très embarrassé par ses écarts. Je souhaite de tout cœur que vous ne m’en teniez pas rigueur.
    — Non pas, mon ami. Vous n’êtes en rien responsable, assura Hardouin, satisfait d’avoir appris le nom de sa prochaine cible. Nous sommes entre représentants de la gent forte et pouvons supporter des propos lestes et inconvenants sans en suffoquer d’embarras. Toutefois, imaginez… si des dames avaient été présentes…
    — À l’évidence ! Leur émoi et leur juste réprobation… à vous faire perdre clientèle. Je ne pensais qu’à cela et n’avais qu’une hâte : qu’ils prennent l’escampe 12 au plus preste.
    — Bah ! Passé que cela. Nous voilà ce jourd’hui entre gens de bonne compagnie. Allons, un gobelet de votre excellent vin et un petit plateau de vos friandises, je vous prie, maître Daguet.

    Il trouva vite la belle ferme de maître Germain Flanche, située entre Mortagne-au-Perche et la Gayère. La bâtisse, cossue, à la maçonnerie en bel état, suivait un plan en forme de « U », classique dans la région. Une demi-douzaine de valets et de servantes s’affairaient dans la vaste cour carrée, preuve de l’opulence du maître des lieux. Il apprit que Germain Flanche s’était rendu au champ dit du charnier, à un quart de lieue à l’ouest. Hardouin connaissait l’endroit, dont le nom peu ragoûtant gardait le souvenir d’une épidémie de boyau blanc 13 qui avait décimé les troupeaux de moutons quelques décennies auparavant. On avait creusé une fosse afin d’y jeter les carcasses avant de les recouvrir de chaux vive pour limiter la propagation de la maladie 14 .

    Hardouin cadet-Venelle reconnut l’homme planté en orée de champ, celui de la taverne, dès qu’il parvint à deux toises* de lui. Rougeaud, lourd en dépit d’une taille assez courte, son lard le faisait transpirer sous son chapeau. Il guettait une silhouette au loin. Son vêtement, de belle qualité mais austère et un peu démodé, trahissait la richesse méfiante de ceux qui veulent se faire accroire moins aisés qu’ils ne sont, de peur qu’on les dépouille de quelques deniers ou qu’on en appelle à leur générosité. Hardouin démonta et lia les rênes de Fringant à une branche basse. Il s’avança vers le fermier, un sourire aux lèvres.
    — Maître Flanche ? J’ai à vous entretenir d’une affaire.
    L’autre se tourna d’un bloc et considéra le grand homme élégant, un air de méfiance et de curiosité sur le visage.
    — Monsieur ?
    — Venelle. Hardouin Venelle.
    — J’ai pas le souvenir de…
    — Si fait. J’ai eu le… privilège de vous croiser dans une taverne, le Daguet Blanc, en compagnie d’un vôtre ami, Jacques de Faussay.
    L’autre, qui regardait au loin, ne voyant pas où il voulait en venir, rectifia avec prudence :
    — Ami, ami… j’suis juste maître des sols 15 de quèques unes de ses terres.
    — Vous sembliez pourtant vous enivrer en cordialité, ce jour, lorsque vous évoquâtes une « dame troussée telle une puterelle ».
    Madré, l’autre tenta de biaiser :
    — Venelle, dites-vous ? J’connais point. Quelle dame ? Quelle puterelle ? Brisons-là 16 , l’homme. J’entends 17 rien à vos paroles. Vous allez m’chauffer la bile sous peu.
    Le regard gris pâlit. Hardouin soupira :
    — Dommage.
    Trois doigts tendus filèrent en direction du larynx du fermier qui s’écroula à genoux en râlant, suffoquant, des larmes de douleur dévalant sur ses joues grasses et rouges. Cadet-Venelle se pencha et saisit sa main. Un craquement. Un hurlement. Il venait de lui briser l’auriculaire. Au loin, la silhouette se redressa, tournant sur elle-même, incertaine de la nature de l’écho qui venait de lui parvenir. Elle parut se rassurer et se baissa à nouveau vers la terre moissonnée.
    — Dois-je continuer ou ta bile s’apaise-t-elle ? La mémoire te revient-elle ? Cette dame ? Respire, l’homme. Je ne suis guère pressé. Je peux te tenir en vie des heures s’il me chaut 18 , tout en brisant chaque os de ton corps. Choisis.
    — Le… haleta le gros fermier.
    — Ne prononce pas le
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