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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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nom de « bourreau », tu me fâcherais. Le Maître de Haute Justice. Celui qui ôta d’horrible façon la vie à cette dame, celle que ton ami Faussay traita en puterelle, viola, profitant de l’absence de son époux. Choisis.
    L’autre déglutissait, tentant de dissiper la douleur. Ne le lâchant pas du regard, Hardouin agrippa son autre main. Terrorisé, le fermier balbutia :
    — Non, non, de grâce… que… qu’exigez-vous…
    — La vérité. La justice. Tu vas, sitôt, requérir audience du sous-bailli, messire Arnaud de Tisans. Il attend ta visite. Tu lui conteras les dires de Jacques de Faussay.
    — Non, il va m’navrer, supplia l’autre, au comble de l’affolement.
    — Pas s’il est jeté en prison. Dans le cas contraire, c’est moi qui m’en chargerai, et ton agonie sera interminable, au point que tu maudiras ta mère de t’avoir donné le jour. Je te ferai profiter de tout mon art, l’ami. Il est immense. Choisis.
    Cadet-Venelle entreprit de retourner vers le haut, doucement, trois des doigts de la main gauche de Germain Flanche. L’autre tenta de se débattre, de se relever mais un coup de pied au sternum lui coupa à nouveau la respiration. Il chut lourdement sur le flanc. Hardouin, son élégant visage impavide, patienta. Aucun homme, aussi agile ou lourd fût-il, n’était de taille à lutter contre lui. Il avait appris, dès le plus jeune âge, les points les plus sensibles d’un corps, les coups les plus douloureux. Il savait faire plonger en pâmoison d’un revers de main, ou maintenir en conscience au-delà du supportable.
    Hardouin fut soulagé de constater que cette transe inquiétante, cette main fraîche qui avait frôlé son front brûlant de fièvre n’avait pas estompé le chemin que son père lui avait enseigné. La voie qui menait à cet état étrange qui le possédait lorsqu’il s’acquittait de sa tâche de mort : l’indifférence absolue à la souffrance et à la terreur de l’autre.
    Crispé de douleur, Germain Flanche hocha la tête en signe d’acquiescement.
    — Dis-le. Jure devant Dieu. Sur ton âme, exigea M. Justice de Mortagne.
    — Je jure sur mon d’âme d’rapporter sitôt les odieux propos de Jacques de Faussay au bailli, balbutia le fermier. Après tout, c’est pas mon ami et c’t’un scélérat.
    — S’il s’agissait d’une vile menterie, gare l’ami ! Je pourrais me mettre en colère. Crois-moi, il faudrait être privé de sens pour provoquer mon ire 19 .
    Sur ces mots, Hardouin cadet-Venelle remonta en selle et disparut.
    1 - En général des cailles, marinées dans du vin et du bouillon. On les faisait ensuite revenir avec du lard et un mélange d’épices (gingembre, cannelle, clou de girofle) et mijoter dans un peu de verjus ou de vin aigre.

    2 - Épaisse tranche de pain rassis qui servait d’assiette. On les donnait ensuite, imbibées de sucs de viande, aux pauvres ou aux chiens.

    3 - Dessert à base de lait épaissi de pain, rehaussé de miel et d’épices, dans lequel on faisait cuire les fruits secs jusqu’à obtenir une crème épaisse.

    4 - Le verre était très dispendieux à l’époque et les objets qu’on en faisait constituaient des luxes rares.

    5 - Première pièce d’une maison, donnant sur l’extérieur.

    6 - Balance. Nous a laissé « bilan ».

    7 - Contrairement au loup jugé glouton et bête, le renard avait une réputation d’intelligence et de finesse.

    8 - Le terme n’avait à l’origine rien de péjoratif. Il désignait des habitants d’un manoir.

    9 - Paysans ou domestiques non libres appartenant à un seigneur, en fait des esclaves, un « statut » assez généralisé au Moyen Âge.

    10 - Artisan qui fabriquait les harnois, les selles, sangles, etc.

    11 - Ceux qui teignaient les tissus pour les drapiers ou les merciers. La teinture bleue leur colorait les ongles. Il s’agissait d’un métier méprisé à l’époque.

    12 - Se retirer, s’enfuir à la hâte. Nous a laissé « prendre la poudre d’escampette ».

    13 - Paratuberculose, se traduisant par une diarrhée profuse. Il n’existe pas de traitement, même à l’heure actuelle.

    14 - Rappelons que si le Moyen Âge ne connaissait pas les micro-organismes, on avait la certitude de la contagion, expliquant la quarantaine et les léproseries, par exemple.

    15 - Il s’agissait d’une forme de métayage, très fréquent au XIV e  siècle. Le métayer payait la moitié des semences, exploitait la terre et
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