Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois
Autoren: Francis Perrin
Vom Netzwerk:
signer de peur de contagion
pour vous. Votre humble sujette et bonne mère. Louise. » Madame n’eut pas
le temps de délirer qu’elle se tordit de douleurs, hurlant :
« Ah ! Que tout me soit imputé, que tout me soit compté à
charge », et elle expira pendant que le prêtre, derrière la porte, lui
donnait l’absolution.
    Lorsque l’épidémie fut satisfaite du nombre impressionnant
de ses morts, elle s’en alla comme elle était venue, permettant à tous ceux qui
avaient échappé à la contagion de retrouver une vie normale. Quand
François I er reçut la dernière lettre dictée par sa mère, il
s’effondra sur son lit royal en pleurant :
    « Ah ! J’ai tout perdu en vous perdant, mère ! »
    Toutes les innovations qu’il impose au royaume le renforcent
dans sa grandeur et son autorité de roi. C’est l’avènement de l’absolutisme
royal.
    Après avoir éliminé Charles de Bourbon, le dernier grand
féodal, en confisquant ses terres et en les rattachant au domaine royal à la
suite de son crime de haute trahison, il exige que la noblesse devienne une
noblesse de cour, pensionnée par le roi.
    Tout change, tout se transforme avec une telle rapidité
qu’on ne prend plus le temps de vivre. Cette Renaissance n’en finit pas de
prendre naissance et tout doit avoir le parfum de la nouveauté.
    Puisque les guerres sanglantes avaient pris un repos qu’on
espérait éternel sans trop y croire, il fallait bien que l’homme, ne
s’accommodant jamais d’une paix qu’il finissait par trouver bien monotone,
recouvra la belle manière de montrer sa cruauté et son intolérance. C’est ainsi
que ceux que l’on va appeler les protestants, partisans convaincus de la
Réforme, vont être de plus en plus durement persécutés.
    L’Inquisition, qui n’attendait que cela pour reprendre du
poil de la bête immonde, va persécuter à cœur joie sous le signe distinctif du
doigt de Dieu. N’était-ce pas plutôt la main du diable ?
    Ces messieurs les inquisiteurs me glaçaient les sangs et il
fallait les craindre plus que tous les bourreaux sanguinaires réunis.
    Une rue mal famée par une nuit d’épais brouillard présentait
moins de danger que ces fanatiques qui voyaient le diable derrière chaque homme
au dos convexe et des sorcières derrière chaque femme qui se refusait à eux.
    Ils n’étaient satisfaits que lorsqu’ils avaient
soigneusement torturé et brûlé au nom de Dieu toutes les figures qui ne leur
« revenaient » pas. C’était du « délit de sale gueule
d’hérétique » ! On ne craignait plus le froid glacial du plein hiver,
il y avait des bûchers à chaque coin de rue.
    Humant cette effroyable odeur de chair brûlée échappée de la
place de Grève, je m’écriai en agitant ma marotte :
    « Mon cousin, il me semble que c’est fumet
d’andouille ? Cornegidouille, j’en ai l’estomac qui gargouille !
    — Tais-toi, maître fol, m’intima le roi.
    — Ah ! Je me suis trompé, ce sont des pauvres
hérétiques qui cuisent à petit feu, mis là par ces évêques “inquisivisiteurs”
qui pensaient leur faire apprendre le latin. Tu n’es donc plus maître chez
toi ! »
    Il fit semblant d’ignorer ce que je venais de lui dire mais
il avait fort bien entendu et il savait que j’avais frappé juste : le roi
n’était plus maître dans sa capitale. L’Université, le Parlement, le clergé y
régnaient en tyrans.
    Ils avaient osé accuser Marguerite, la propre sœur du roi,
de protéger les réformateurs et pour ce crime impardonnable, n’avaient-ils pas
proposé publiquement de la coudre dans un sac et de la jeter dans la
Seine ?
    François avait pu sauver quelques-uns de ses amis poètes.
Jean Calvin avait été introduit à la cour par Marguerite et François I er appréciait ses idées humanistes mais quand il posa en admirateur et en
défenseur des « bibliens de Meaux », qui furent brûlés pour avoir
traduit des livres «  ensuivant la secte de Luther et donc avoient
répandu des blasphèmes contre le saint sacrement », il ne lui resta
plus qu’à fuir au plus vite afin d’éviter de respirer encore l’air devenu
malsain de la cour. Il fila sans « protester » vers Strasbourg pour
aller s’établir ensuite à Bâle. Clément Marot, qu’on avait déjà accusé de
« manger le lard » en période de carême, figurait sur la liste des
cinquante-deux suspects hérétiques. Il s’empressa de passer les Alpes et avec
lui une foule de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher