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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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que se
heurta Flavius.
    « Alors… »
    Un coup de glaive trancha la gorge de Joshua. Le
sang inonda les pieds du légionnaire. Judas, qui avait réussi à échapper aux
mains que Ciborée pressait sur son visage, pensa au bœuf qu’il avait vu abattre
l’an dernier, peu avant la Pâque.
    « Je vais vous laisser à nouveau quelques
instants, puis nous verrons. »
    Il se tourna vers Antonius.
    « Je préfère faire tuer des innocents que
laisser échapper des coupables. L’innocent tué aujourd’hui est un coupable de
moins pour demain… »
    La campagne aussi semblait être devenue
silencieuse, et on n’entendait plus même un braiment d’âne. Le soleil parut
brûler davantage.
    « Nous allons donc continuer. »
    Un gémissement se fit entendre. L’homme dont
ce devait être le tour avait compté avant le soldat, qui confirma son calcul. Cette
fois, un frémissement parcourut la foule. L’élu était l’un des hommes les plus
pieux de la communauté, Yehoucha. Flavius sentit ce frémissement.
    « Aurais-je fait un meilleur choix ?
Allons, un nom, et le lieu où se trouvent les corps. »
    Yehoucha eut moins de stoïcisme que son
prédécesseur, et ses pleurs, qu’il tentait de retenir, en ébranlèrent plus d’un.
Le coup fut mieux appliqué, et la tête presque décollée du corps. Des mouches s’appliquèrent
immédiatement à la plaie.
    La troisième à être désignée fut une jeune
fille de huit ans. La main du soldat s’arrêta au-dessus de sa tête, puis se
porta vers l’homme debout à ses côtés. Ce dernier s’était déjà avancé, quand
Flavius intervint.
    « J’ai dû mal compter. Mais le chiffre
dix ne s’arrêtait-il pas sur cette petite ? »
    Un grondement se fit entendre.
    « Si, seigneur. Mais…
    — Mais quoi ? Prétendrais-tu fausser
le hasard ?
    — Non, bien sûr. Je…
    — Alors qu’elle sorte des rangs. »
    L’enfant fit un pas en avant. Elle essayait en
vain de s’empêcher de trembler.
    « Quel dommage, sourit Flavius. Tu es
effectivement bien jeune. Mais les dieux en ont décidé ainsi. Les nôtres, du
moins. »
    Il fit un geste au soldat, qui s’avança glaive
en main.
    Antonius bondit.
    « Tu ne peux pas, Flavius.
    — Tiens donc, mon vaillant second se
réveille. Et pourquoi donc ?
    — Nos lois l’interdisent.
    — Nos lois interdisent de chercher la
vérité sur un meurtre dirigé contre Rome ?
    — Elles interdisent d’exécuter une vierge. »
    Le sourire de Flavius s’éteignit. Antonius
disait vrai.
    « Es-tu encore vierge ? demanda-t-il
à l’enfant tout en descendant de son cheval.
    — Je ne te permets pas de m’insulter. »
    D’un coup, elle se redressa et ses bras
cessèrent de trembler. C’était encore une de ces absurdités juives : être
prêts à s’étriper pour la vertu de leurs filles, en pure perte la plupart du
temps d’ailleurs.
    « Je suppose que cette impertinente
réponse veut dire oui. Cela pose effectivement un petit problème. Mais il n’est
de problème qui ne se résolve. »
    Il descendit de cheval pour s’approcher de l’enfant
et lui arracha sa robe, dont le tissu céda immédiatement. Avant qu’elle ait eu
le temps de cacher sa nudité de ses mains, il avait plongé violemment deux
doigts entre ses cuisses. Il les leva ensuite vers les villageois. Tous virent
le sang maculer ses phalanges. La même larme écarlate glissait le long des
cuisses de la jeune fille.
    « Je crois que voilà un problème
juridique levé », dit-il.
    La main d’Antonius se crispa sur son glaive et
il fallut toute la force d’années de discipline pour qu’il ne succombe pas à l’envie
de le passer au travers du corps de son chef.
    Flavius dégaina son arme et trancha le cou de
la fillette, qui s’écroula lentement et retomba sur elle-même, comme pour
protéger jusqu’au bout sa pudeur outragée.
    Les Juifs restèrent immobiles.
    Deux hommes encore furent exécutés avant que
quelqu’un ne cède. Ce fut la femme d’Abraham, le menuisier. Quand son mari fut
désigné, Myriam se jeta aux pieds de Flavius.
    « Je sais où ils sont. Je vais vous
amener aux corps. »
    Son mari s’approcha d’elle et la gifla, mais
elle continua de parler.
    « Ils ont été emmenés dans le désert, tous
les quatre. On les a mis ensemble. Ce sont eux qui nous ont provoqués. »
    Elle saignait, du coup que lui avait porté son
époux. Flavius, remonté sur son cheval, souriait.
    « Nous te suivons, femme. Si tu
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