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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue
Autoren: Valerio Manfredi
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défense, au cas où vous seriez attaqués, mais vous ne prendrez pas l’initiative. Quand viendra le moment de vous coucher, vous trouverez sur les portes des maisons de Byzance un chiffre correspondant au nombre de soldats pouvant y être accueillis. Les autres dormiront sous les portiques ou sous les colonnades des temples. Le lendemain, vous vous préparerez à partir. Si tout va bien, vous pourrez vous en aller dans quelques jours avec assez de vivres et d’argent pour rentrer chez vous. »
    Un cri d’enthousiasme salua ses paroles. Les soldats préparèrent leurs plus belles tenues et astiquèrent leurs armes afin de paraître à la fête sous leur meilleur jour. Le bruit courait qu’il y aurait une parade.
    Ils pénétrèrent en ville deux jours plus tard. Xéno et la plupart des officiers, une centaine d’hommes, assistèrent au banquet qu’offrait le gouverneur. J’accompagnais Xéno.
    On entendait s’élever, à l’extérieur, les cris et le tapage des soldats qui s’amusaient. De belles danseuses et des filles très élégantes entrèrent dans la salle et allèrent s’asseoir près des officiers. Je vis que Mélissa se tenait auprès de Cléanor et qu’elle me regardait bizarrement, comme si elle voulait me dire quelque chose. Au bout d’un moment, elle m’adressa un signe et je la rejoignis.
    « Qu’y a-t-il ? » lui demandai-je.
    Mélissa me répondit en ponctuant son discours de ces petits rires qu’on pousse lorsqu’on raconte une histoire osée. Or ses propos étaient d’un tout autre genre. « Écoute, j’ai retrouvé ici une amie de Lampsaque qui est la compagne d’un officier de Cléandre. Elle a entendu des conversations très intéressantes. Cette fête est une mise en scène. »
    C’était bien ce que je soupçonnais, sans oser le dire à Xéno. Je n’avais pas eu le courage de lui gâcher la fête, à moins que je n’eusse voulu y croire, moi aussi, fatiguée par les menaces qui ne cessaient de planer sur nous.
    « Quand la fête sera terminée, nous serons logés dans diverses demeures en ville. Le contingent Spartiate de garnison fera une rafle massive. Nos hommes seront écrasés parce qu’ils seront éparpillés en petits groupes. Ils seront tous tués ou capturés. »
    Mes jambes tremblèrent et je dus m’appuyer au mur.
    « Souris, poursuivit Mélissa. Fais comme si je t’avais raconté une histoire amusante. Il ne faut pas éveiller les soupçons.
    — L’as-tu raconté à Cléanor ?
    — Non. Mais si Xéno accepte de passer le mot parmi les officiers, fais-moi un signe. Je lui parlerai aussitôt.
    — Bien. Maintenant, retourne à ta place. »
    Je regagnai la mienne et rapportai à Xéno ce que mon amie m’avait raconté. Il blêmit, puis il fit mine de se lever. Je le retins.
    « Non. Ne bouge pas. Je me suis entendue avec Mélissa. À un signe de ma part, elle informera Cléanor, qui transmettra le message. Ainsi, tout le monde sera sur le qui-vive.
    — Bien. Dès que tu le peux, dis à Mélissa de passer un autre message. Que tous les officiers me suivent quand je me lèverai et qu’ils sortent avec moi le plus naturellement possible.
    — D’accord.
    — Il faut avertir les hommes avant qu’ils se dispersent.
    — Je m’en occupe. Je m’éclipserai discrètement à la première occasion. »
    J’adressai un signe à Mélissa et la vis se pencher vers l’oreille de Cléanor. Celui-ci lança à Xéno un regard de connivence.
    « Écoute-moi, continua Xéno. Dis-leur de se précipiter sur la grand-place quand ils verront une flèche incendiaire s’élever dans le ciel. Tous, c’est bien compris ? »
    Je sortis.
    Il ne fut pas facile de me faire comprendre et de convaincre. Par chance, deux officiers se tenaient à l’extérieur avec leurs hommes, et je leurs transmis l’ordre. Avant que la fête fût à son comble, l’armée s’était regroupée sur la grand-place, sous les yeux ébahis et inquiets de nos hôtes.
    Peu après, une flèche incendiaire fendit l’air, et l’armée poussa son cri de guerre. Xéno et ses hommes accoururent, armes au poing.
    Les soldats étaient furibonds. La ville entendrait le rugissement des Dix Mille.
    Obéissant aux ordres, ils se ruèrent vers la citadelle, dont ils enfoncèrent les portes et balayèrent les gardes. Puis ils l’occupèrent. Le gouverneur et son amiral s’enfuirent et prirent le large à bord d’un vaisseau.
    Les soldats soulevèrent Xéno sur leurs épaules et le
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