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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue
Autoren: Valerio Manfredi
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portèrent ainsi au quartier général, qu’ils trouvèrent désert. Les généraux se placèrent à ses côtés, dans leurs plus belles armures. La ville était à leurs pieds !
    « Byzance nous appartient ! s’écrièrent-ils. Gardons-la !
    — Oui, nous pouvons imposer des taxes et des péages aux marchands qui empruntent les détroits, et nous serons riches. Avec cet argent, nous enrôlerons d’autres guerriers, nous savons où les trouver, et plus personne ne nous chassera.
    — Nous pouvons nous allier avec les nations tribales de l’intérieur ! Nous deviendrons une grande puissance, que tout le monde devra respecter ! »
    Ils avaient raison. Mais pour réaliser un tel projet, ils avaient besoin d’un chef, d’un homme capable de transformer l’impossible en réalité. Ce n’était pas le cas de Xéno. Il était courageux, et il l’avait prouvé, il savait élaborer d’habiles stratagèmes, mais il ne savait pas rêver. Il ne concevait que ce qui était réellement possible, et ce, après avoir consulté les dieux et obtenu leur accord.
    Les soldats passèrent la nuit sur la grand-place et se réunirent le lendemain en assemblée. Xéno les persuada de quitter la ville. Il devaient avoir confiance en lui. Il négocierait des conditions acceptables.
    Le lendemain, un envoyé de Cléandre vint lui dire que l’incident de la veille équivalait à une déclaration de guerre. Pour éviter le pire, mieux valait partir. Ainsi, le gouverneur consentirait-il peut-être à les aider. Déçus et frustrés, les Dix Mille, ou ce qu’il en restait, abandonnèrent Byzance.
    Les fuyards revinrent, furieux de s’être montrés aussi lâches, mais ils continuèrent de tergiverser en fournissant aux nôtres une quantité réduite de vivres.
    Les soldats se découragèrent. Ne voyant pas d’avenir s’ouvrir à eux, certains vendirent leur armure et se dispersèrent. Ce fut aussi le cas d’un certain nombre d’officiers. Aristonyme de Méthydrion et Lykios de Syracuse, qui comptaient parmi les plus valeureux, disparurent sans un adieu. Tout comme Glous, que j’avais aperçu de temps à autre à la dérobée.
    Sans doute ne supportaient-ils pas l’amertume d’un tel congé et la mesquinerie d’une telle situation. Un nouveau gouverneur était arrivé : il fit arrêter tous nos blessés et nos malades demeurés en ville, et les vendit comme esclaves à bas prix. Xéno l’apprit mais ne réagit pas, il pensait toujours au moindre mal.
    Des négociations interminables et épuisantes débouchèrent sur la constatation suivante : personne ne voulait d’une bande de mercenaires incontrôlables et dangereux. La solution fut trouvée par hasard, à moins qu’elle ne fût savamment amenée. Quoi qu’il en fût, Xéno assuma ses responsabilités. Un prince barbare de Thrace dénommé Seuthès proposa d’engager toute l’armée, de payer en monnaie soldats, officiers et généraux, proportionnellement à leur grade. Xéno mit cette proposition au vote et l’accepta.
    Un signe des temps : moins d’un an plus tôt, les troupes étaient parties sous les ordres du prince Cyrus, et elles se soumettaient maintenant à ceux d’un homme vêtu de peaux de renard et coiffé d’une toque en fourrure.
    Par chance, Timasion et Néon, Agasias, Xanthi et Cléanor nous accompagnèrent, et j’eus ainsi la possibilité de revoir Mélissa.
    Seuthès voulait reconquérir la Thrace, son royaume perdu, en se battant l’hiver, quand personne ne s’y attendrait.
    Un hiver rigoureux, très dur, peut-être encore plus froid que celui que nous avions supporté dans les montagnes d’Asie. Nombre des nôtres eurent les membres gelés, d’autres furent défigurés à jamais, ayant perdu les oreilles ou le nez. De beaux garçons qui ne pourraient plus regarder de femmes sans éprouver de honte.
    Je pleurais souvent, à l’écart, le cœur écrasé par une immense tristesse, je pleurais car je n’arrivais pas à m’adapter à une vie mesquine, à un horizon étroit, à des hommes qui ressemblaient à des rats. Mais je n’avais pas le choix.
    Je pleurai aussi lorsque Xéno accepta d’épouser une des filles de Seuthès, par intérêt politique, prétendit-il. Heureusement, ce mariage n’eut pas lieu : il y avait plus important. Il fallait d’abord survivre.
    Xéno s’était remis à écrire. Il écrivait plus que jamais. Cela aussi m’irritait. Qu’y avait-il d’assez intéressant dans cette terre barbare et
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