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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort
Autoren: Paul C. Doherty
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empalés sur des lances. Les vainqueurs violèrent des femmes par centaines avant de les égorger, puis la ville entière fut livrée au feu. Juché sur son grand destrier noir, Édouard parcourut les ruelles plongées dans la terreur en observant cette effroyable descente aux enfers. À la fin il vit un des soudards irlandais trancher la gorge d’une malheureuse qui le suppliait de lui faire grâce. Le monarque mit alors pied à terre en marmonnant :
    — Oh non ! Je n’ai pas voulu cela !
    À genoux, il tenta d’implorer la miséricorde divine, mais Dieu s’était détourné d’Édouard d’Angleterre. Le roi sut qu’il était inutile à présent d’ordonner l’arrêt des massacres, car il ne restait tout simplement plus personne à tuer.
    Seul résistait un bâtiment, la Maison Rouge, propriété de marchands flamands à qui l’on avait donné ce comptoir à Berwick, sous l’unique condition qu’ils en assureraient la défense contre une attaque anglaise. Les Flamands prouvèrent leur loyauté : fenêtres et portes barricadées, ils tinrent l’armée anglaise en échec en luttant, pièce après pièce, et en se cachant même dans les caves pour surprendre les archers que les capitaines d’Édouard lançaient à leur poursuite. Cela fut une vraie boucherie. La maison méritait bien son nom, songea le souverain, car, après l’assaut, des mares de sang s’étaient formées au pied des murs et les corps qui pendaient, à moitié défenestrés, laissaient échapper des flots de sang par leurs plaies béantes. Épuisé, las d’une telle résistance, Édouard ordonna que l’on mît fin à l’attaque et que le bâtiment fût incendié et rasé. Il demeura sourd aux terribles hurlements des hommes qui mouraient brûlés vifs et, le regard impassible devant la Maison Rouge en flammes, il resta à cheval, vêtu de noir de pied en cap, le casque ceint d’un cercle d’or, indifférent aux cris des Flamands et à la puanteur des chairs carbonisées.
    C’était fini à présent. Berwick n’était plus que cendres. John Balliol, le roi félon, avait déjà envoyé des messages au camp d’Édouard : il promettait de faire hommage au monarque anglais, de renoncer à ses droits à la Couronne et de quitter l’Écosse pour toujours. Édouard était satisfait. Son autorité avait été reconnue et les rebelles écrasés. La trahison, une fois de plus, avait eu le sort qu’elle méritait, mais Édouard savait qu’il n’en naîtrait rien de bon. Cette tuerie, ce carnage, tant de haine ne feraient qu’engendrer de nouveaux troubles et le roi était fatigué. Vingt-quatre années de règne, et victoires comme triomphes avaient déjà le goût amer de la bile ! Il avait vu enterrer ses jeunes enfants dans leurs petits cercueils à Westminster et St Paul. Il avait perdu Aliénor, son épouse adorée {4} , et Robert Burnell, son fidèle chancelier ; tous s’en étaient allés au royaume des ombres, tous, sauf lui, Édouard, l’Oint du Seigneur, qui était resté ici-bas et tentait de mettre de l’ordre dans le chaos ambiant.
    Le roi se rongea nerveusement les ongles. Et dans son dos, que se tramait-il ? Ses relations autrefois cordiales avec ses grands barons commençaient à s’envenimer ; ils renâclaient à présent devant ses impôts de guerre et ses longues campagnes, et, ne partageant pas sa vision politique, soulevaient des objections en un choeur grandissant de protestations. Édouard se servit une longue rasade et la fît tourner dans sa bouche avec l’espoir que cela calmerait sa rage de dents, due à un abcès.
    — Tout va à vau-l’eau... murmura-t-il.
    Son autorité, sa santé.
    Allait-il passer le reste de sa vie dans des tentes glaciales devant des villes mises à sac ? Et serait-ce là sa récompense pour l’éternité ? Siéger dans un coin gelé de l’enfer, incapable d’accomplir ce à quoi il aspirait de toutes ses forces ? Il sentit la présence proche de Satan. Il se passa la langue sur les lèvres. Il repartirait vers le sud, relèverait Berwick de ses ruines et reconstruirait le prieuré de Coldstream ; il ferait dire des messes dans toutes les églises, abbayes et cathédrales ; il ferait pénitence. Il parlerait à Dieu. Le roi des Cieux, comme lui un souverain, le comprendrait certainement, n’est-ce pas ? Édouard d’Angleterre resserra sa cape plus étroitement et écouta la bise rugir plus fort. Était-ce le vent ou l’hymne des légions de Satan campant
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