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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort
Autoren: Paul C. Doherty
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rappela un verset de la Bible ; comment était-ce, déjà ?
    — J’ai signé un pacte avec les morts, murmura-t-il, avec l’Enfer ! J’ai conclu un accord !
    Comment pouvait-il regarder ce crucifix ? Si Dieu avait cessé de lui parler, lui cesserait de parler à Dieu ! Il s’approcha de l’autel et, saisissant la croix, il la tordit jusqu’à ce que la tête en albâtre du Christ pendît vers le sol. Il alla se rasseoir pour contempler le résultat de son geste sacrilège. Peu lui importait ! Se relevant à nouveau, il moucha la bougie et se retrouva dans le noir. Ce qu’il avait à échafauder se concevrait mieux dans l’obscurité, même si l’acte, certes, devait se dérouler publiquement, en pleine lumière. Il adjurerait les forces des ténèbres, il ferait appel à ses propres ressources, à sa ruse et à son pouvoir de dissimulation pour rejeter Édouard d’Angleterre dans les profondeurs de l’Enfer.

 
    CHAPITRE II
    — Sanctus, sanctus, sanctus ! chanta le prêtre.
    Les louanges à Dieu trois fois saint furent reprises par le choeur dont les voix amplifiées s’élevèrent dans la vaste nef de la cathédrale St Paul. Sous la voûte de bois et de pierre sculptée, Walter de Montfort, doyen de St Paul, entonna, en compagnie d’autres chanoines, l’incantation marquant le début de la partie capitale de cette grand-messe solennelle. Ses vêtements liturgiques, brodés d’or et ornés de pierres fines, éblouissaient le regard, par leurs teintes vives et leur éclat que rehaussaient les centaines de cierges allumés autour de l’imposant maître-autel. La nappe de celui-ci, en damas blanc, aux franges dorées et aux glands pourpres, était déjà souillée de cire vierge. D’épaisses volutes d’encens parfumé réchauffaient l’air glacial et parvenaient à masquer quelque peu l’odeur de la populace massée dans l’édifice. Sur la droite du choeur siégeait Édouard d’Angleterre en habits d’apparat, ses cheveux gris acier retenus par un cercle d’argent ciselé. Il avait pris un air dévot pour mieux observer, de sous ses lourdes paupières, son adversaire, le doyen qui célébrait une messe de réconciliation, ce même doyen qui allait certainement aborder, dans une interminable homélie, la question de la taxation de l’Église.
    Le monarque était entouré des représentants de la puissance temporelle et spirituelle de l’Angleterre. À sa droite, Robert Winchelsea, archevêque de Cantorbéry et principal organisateur de la cérémonie, était un défenseur acharné du droit de l’Église à s’enrichir sans rien payer en contrepartie. Édouard n’aimait pas cet ecclésiastique, intrigant-né, qui dissimulait ses ambitions politiques derrière des citations bibliques, des subtilités du droit canon, voire des appels à Rome, si le reste échouait. Édouard aurait dû pouvoir compter sur ses grands barons, mais ces derniers ne lui inspiraient guère confiance : Bigod, comte de Norfolk, par exemple, un solide gaillard qui commandait son armée. Édouard avait eu du respect pour lui autrefois, mais à présent, en voyant ses traits bouffis et porcins, le roi le jugea homme à ne faire la guerre et combattre ses ennemis que si cela emplissait ses propres coffres. À ses côtés se profilait la maigre silhouette de belette de Bohun, comte de Hereford, doté d’une voix forte et d’une cervelle qu’Édouard estimait être de la taille d’un petit pois. Il ferait ce que ferait Norfolk.
    Les seuls à qui se fiait le souverain se tenaient derrière lui : c’était eux, ces clercs et juristes avisés, qui l’aidaient à gouverner le pays. Leur chef, Hugh Corbett, haut magistrat à la Chancellerie et garde du Sceau privé, s’agitait nerveusement sur le tabouret fendillé qu’on lui avait donné pour assister à cet office qui traînait en longueur. Il se sentait un peu coupable. Il aimait la liturgie, mais pas ces manifestations pompeuses où le cérémonial et le décorum de l’Église éclipsaient le Christ et ses saints. Il étira ses jambes et jeta un coup d’oeil à la ronde. Près de lui, Ranulf, son serviteur, se moucha sur sa manche et, pour la énième fois depuis le début de la messe, se racla la gorge. Corbett le foudroya du regard. Il savait que Ranulf souffrait d’une légère fièvre, mais le soupçonnait de prendre grand plaisir à le lui rappeler.
    Puis, évitant la haute silhouette du roi assis devant lui, il porta son attention sur ce qui se
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