Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
crible mémoires, documents et chartes pour déterminer quels étaient les droits du souverain. En compagnie des barons de l’Échiquier et autres responsables du Trésor, il avait, à plusieurs reprises, étudié de longues listes de loyers, taxes et fermages dus à la Couronne. Mais cela avait donné de bien piètres résultats, insuffisants pour financer la guerre. Le roi avait alors commencé à lorgner sur la richesse de l’Église d’Angleterre. Il s’était heurté à deux adversaires de poids : Boniface VIII à Avignon qui se montrait inflexible sur le devoir qu’avaient les églises de la chrétienté d’alimenter régulièrement les coffres de saint Pierre, et Robert Winchelsea, consacré archevêque quatre ans auparavant, qui avait des notions précises sur les droits de l’Église d’Angleterre et sur les siens propres.
    Édouard avait sommé les archevêques de Cantorbéry et d’York de convoquer leur clergé afin d’évoquer la question de la taxation. Mais peu après le sac de Berwick, l’affaire s’était compliquée avec la promulgation par Boniface VIII de la bulle Clericis Laicos, derrière laquelle Winchelsea s’était retranché pour souligner que le roi ne pouvait pas imposer l’Église sans l’autorisation d’icelle. Le monarque avait dissimulé son violent courroux et s’était incliné, la rage au coeur. La situation s’était aggravée, pensa Corbett en observant les rangées de dignitaires devant lui, par la faute d’intrigants comme Bigod et Bohun qui voyaient d’un mauvais oeil non seulement les impôts royaux, mais aussi les injonctions de leur souverain à l’accompagner combattre en France. Ces divers groupes hostiles feraient bientôt front commun et formeraient ce même genre d’opposition à laquelle s’étaient heurtés le père et le grand-père du roi Édouard {7} lorsqu’ils avaient voulu lever des impôts pour financer des guerres désastreuses.
    A travers les vapeurs d’encens, Corbett apercevait la haute silhouette émaciée du principal célébrant, Walter de Montfort. Monseigneur Winchelsea avait décidé que la requête de l’Église – à savoir sa mise à contribution avec son autorisation pleine et entière – serait présentée au souverain par le doyen de St Paul en personne. Le choix de l’archevêque était une subtile et mortelle insulte pour le roi, car le doyen était parent – éloigné, certes – de la puissante famille des Montfort qui s’était opposée à Édouard et à son père, le roi Henri, quarante ans auparavant. Simon de Montfort, comte de Leicester {8} , l’un des grands barons de l’époque, avait pris la tête de la rébellion, s’était emparé du pouvoir et avait virtuellement dicté sa loi à Henri III, le monarque vaincu.
    Édouard, le prince héritier, avait alors docilement accepté ces exigences jusqu’à ce qu’il eût rassemblé assez de troupes pour contre-attaquer. Il s’était ensuivi une guerre civile, atroce et sanglante, qui s’était achevée avec la mort de Montfort, taillé en pièces à la bataille d’Evesham. Ceux des Montfort qui avaient survécu à la chute du comte Simon avaient fui en exil, mais continué à mener dans l’ombre la lutte secrète contre Édouard en envoyant des hommes de main le tuer et en attaquant ses envoyés à l’étranger. Un jour, ils avaient même abattu un cousin du roi, alors que, en route vers Rome, il assistait à la messe. Bien sûr, Walter de Montfort n’était pas un traître, ni ne se voyait même soupçonné de trahison, mais c’était un orateur éloquent, au discours logique et enflammé. Édouard se retrouvait donc, une nouvelle fois, face à un Montfort qui s’apprêtait à lui assener une homélie sur le devoir qu’avait la Couronne de limiter la taxation. Ce ne serait guère agréable. Corbett avait vu le roi entrer dans une colère noire en apprenant le nom du prédicateur choisi.
    — Par Dieu ! avait-il bougonné. Me faudra-t-il écouter un Montfort me dicter où et quand je dois trouver des fonds ? Je n’oublierai pas l’insulte de Winchelsea. Je ne passe pas l’éponge aussi facilement sur de telles avanies !
    Comme le prouvait la prise de Berwick, Édouard s’avérait fort vindicatif quand on lui tenait tête. Corbett, lui, devait beaucoup au roi. De simple clerc, il avait été promu haut magistrat à la Chancellerie, ce qui lui valait d’être grassement payé et de posséder deux belles maisons à Londres et un manoir
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher