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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort
Autoren: Paul C. Doherty
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l’autre côté du choeur. Interloqué, Corbett, qui avait surpris la passe d’armes entre le roi et l’évêque, braqua les yeux sur l’endroit d’où provenait le son : un trou dans le mur d’où surgit soudain une main décharnée, squelettique.
    — C’est le reclus, chuchota Ranulf. Il y a un reclus là-bas.
    Et le hurlement de lamentations retentit derechef, suivi par une profonde voix sépulcrale.
    — Et le Seigneur envoya l’Ange de la Mort contre les Égyptiens et il les frappa. L’Ange de la Mort, Messeigneurs, est ici, dans cette église ! La colère de Dieu ! C’est un meurtre, je vous le dis !
    Les imprécations prophétiques, annonciatrices de malheur, firent taire le tumulte pendant quelques secondes, puis la main disparut. Le roi fit signe à Bassett, le jeune chevalier, de s’approcher.
    — Sir Fulk, lui glissa-t-il tranquillement, faites évacuer le choeur et la cathédrale. Que l’on chasse la populace !
    En effet, le choeur était à présent envahi par les gens du commun : domicellae, servantes du palais, chevaliers, pages et même hommes d’armes. Et d’autres encore se pressaient derrière eux : un jeune godelureau tenant son faucon au poing, des marchands, des ribaudes au regard effronté qui venaient des rues et tavernes situées derrière la cathédrale. Les femmes caquetaient, les hommes parlaient fort et les jeunes filles chuchotaient en riant de la confusion dans laquelle étaient plongés les Grands de ce monde.
    — Je ne tolérerai pas que l’on me regarde comme une bête curieuse ! marmonna le roi.
    De l’autre côté du choeur, frères lais et desservants déposaient le corps de Montfort sur une large pièce de cuir pour le transporter dans la sacristie. Le monarque se leva et appela Corbett d’un claquement de doigts :
    — Suivez-moi ! Vous aussi, Surrey !
    John de Warrene, comte de Surrey, le plus compétent et loyal des barons d’Édouard, se leva en soupirant. Le roi traversa le choeur en passant près de l’autel et en bousculant les servants et prêtres qui restaient là, bouche bée, encore abasourdis par la tragédie. Puis il repoussa la lourde tenture de velours bleu à l’entrée de la clôture du choeur en chêne sculpté, et pénétra dans la chapelle, Corbett et Surrey sur ses talons. Le comte, dont les cheveux blancs encadraient un visage rougeaud, caressait sa barbiche, l’air aussi anxieux et effrayé que Corbett, et à juste titre : tous les deux avaient surpris le dialogue bref, mais âpre, entre le monarque et l’archevêque, et ils savaient que la mort de Montfort n’allait pas jouer en faveur de la cause du roi ni de son projet de taxation de l’Église. Dans la chapelle vide, Édouard s’appuya contre le tombeau d’un évêque enterré depuis longtemps. Afin de se ressaisir, Corbett fouilla dans sa mémoire : quel était le nom de cet ecclésiastique ? Ah oui ! Erconwald ! un Saxon. Le roi, quant à lui, reprenait son souffle, debout contre le sarcophage de pierre blanche, son torse massif se soulevant profondément sous l’effet de la tension. Il jeta un regard noir à Corbett, son clerc principal, l’un des rares individus en qui il avait vraiment confiance.
    — Je déteste cette église ! lança-t-il d’une voix rauque en désignant du regard la voûte élancée.
    Par-dessus l’épaule du roi, Corbett contempla la grande rosace qui s’illuminait des couleurs de l’arc-en-ciel à présent qu’un pâle soleil filtrait entre les nuages chargés de neige.
    — Je déteste cette église, répéta le monarque à voix basse. C’est ici que s’étaient rassemblés les Londoniens pour apporter leur soutien à Simon de Montfort. Les fantômes d’Evesham hanteraient-ils ces lieux ?
    Corbett sentit toute l’ampleur de la colère du roi qui préférait s’en prendre à l’édifice plutôt qu’aux gens qu’il représentait. Édouard, en effet, éprouvait une haine bien spécifique contre la cathédrale, non seulement à cause de Montfort, mais parce qu’elle était symbole de désordre dans la capitale. Le grand bourdon de St Paul était toujours prêt à sonner pour appeler la populace aux armes, ou pour la rameuter sur la grand-place autour de St Paul’s Cross afin d’écouter le moindre prédicateur ou agitateur vitupérer la cour ou les impôts. St Paul était également lieu d’asile ; c’est là que se réfugiaient les hors-la-loi des deux rives de la Tamise pour échapper aux shérifs et
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