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L'Amour Courtois

L'Amour Courtois

Titel: L'Amour Courtois
Autoren: Jean Markale
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nous rappeler les points essentiels
de ce que fut cette grande aventure intellectuelle du Moyen Âge.
    Il s’agit d’un texte rédigé en latin, De Arte amandi , se trouvant dans un manuscrit du
début du XIV e  siècle [7] et présenté comme étant l’œuvre d’un certain André Le Chapelain. Ce mystérieux
auteur, dont nous ne savons rien sinon qu’il était clerc, « chapelain »
précisément, serait un contemporain de Philippe-Auguste, mais il est plus qu’évident
qu’il s’agit d’un prête-nom commode, selon la coutume du temps, et que le texte
porte davantage la marque du règne de Philippe le Bel. C’est une sorte de point
final à une exploration théorique de l’amour courtois.
    Quoi qu’il en soit de l’auteur et des circonstances de la
rédaction, ce texte est le témoignage irrécusable de la réalité de l’amour
courtois en tant que doctrine. Du reste, le but de ce traité est pédagogique :
Le Chapelain adresse son ouvrage à un certain Gautier, « désireux de
servir dans la chevalerie d’amour ». Les érudits se sont perdus dans des
discussions sans fin pour retrouver des traces historiques de ce Gautier, mais
cela n’a aucun intérêt. Le dédicataire, réel ou imaginaire, n’est que le modèle
du jeune chevalier qui doit faire son apprentissage avant d’être admis dans
cette sorte de secte bizarre que forment les « servants d’amour », comme
on appelle parfois les zélateurs de la dame. Le De
Arte amandi se présente donc comme un code obligatoire que doit
connaître et appliquer tout chevalier désireux de devenir un prêtre de la
religion d’amour.
    Mais ce code est noyé dans un fatras de considérations qui
peuvent aider un sociologue à comprendre la société du temps, mais qui dénotent
surtout un maniérisme intellectuel difficile à supporter. L’essentiel se trouve
dans deux chapitres où la théorie apparaît à l’état pur, l’un concernant les « préceptes
d’amour », l’autre les « règles d’amour ».
1. LES PRÉCEPTES D’AMOUR
    Ce n’est certes pas la première fois qu’est rédigé un « Art
d’aimer ». Le fameux Kama Soutra indien, dont
les racines plongent dans la nuit des temps, en est l’exemple le plus caractéristique,
et ses implications sont multiples tant sur le plan de la métaphysique que sur
celui des techniques sexuelles. Quant à l’Antiquité classique, elle a connu en
particulier l’ Art d’aimer du poète latin Ovide,
œuvre ambiguë qui est davantage le miroir d’une société corrompue qu’un code de
comportement amoureux. Cela n’a d’ailleurs pas empêché le Moyen Âge de se passionner
pour Ovide et de traduire ou d’adapter plusieurs fois l’ Art d’aimer  : on sait, par exemple, que
Chrétien de Troyes, très tourmenté par la casuistique de l’amour, et qui l’exploitera
largement dans ses récits romanesques, en avait fait une traduction dont le
manuscrit a été perdu. Mais le texte d’André Le Chapelain n’a plus rien de
commun avec Ovide et ne s’occupe guère des techniques si bien décrites dans le Kama Soutra . Nous sommes ici en présence d’une
théorie pure, et de ce fait, l’amour apparaît comme un état transcendantal de l’Être
que l’on ne peut atteindre qu’en suivant soigneusement les étapes d’une
initiation à la fois sociale, morale et psychologique. Ainsi se justifient d’emblée
ce qu’on appelle les « préceptes d’amour ».
    Ils sont au nombre de treize, chiffre fatidique qui n’a sans
doute pas été choisi au hasard. Le premier est révélateur de la portée sociale
qu’on prétend attribuer au « service d’amour » : «  Fuis l’avarice comme un fléau dangereux et, au contraire, sois
généreux . »
    L’accent est donc mis sur l’altruisme. Une société quelle qu’elle
soit repose sur la solidarité des individus qui la composent, et celui qui l’oublierait
non seulement se place en dehors de la société, mais ne peut en aucun cas s’y
intégrer. Dans la « confrérie » que constitue la « chevalerie d’amour »,
la loi de l’échange est absolue, et il est certain que l’avarice, qui enferme l’individu
et l’isole complètement, est un empêchement au bon fonctionnement du groupe
social. D’ailleurs, il faut prendre « avarice » au sens très large :
il ne s’agit pas seulement de ne pas thésauriser matériellement, il s’agit
surtout d’être ouvert sur les autres, d’être
constamment disponible pour
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