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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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s’agit-il d’amours enfantines, comme lorsque votre petit cousin vous montre son « oiseau » quand vous avez huit ans. Cette liaison n’est en rien dangereuse, d’autant que pour les deux femmes, l’objet de toutes les craintes est la vérole dont l’une a vu son époux mourir et l’autre son beau-père.
    Si Marie-Antoinette n’a pas su susciter d’amour durable, elle eut deux amis fidèles, Fersen d’une part, la princesse de Lamballe de l’autre. Lors de la Révolution, alors qu’elle est conduite hors de la prison de la Grande Force où elle était détenue, la princesse est violemment prise à partie par la foule. Deux hommes, dont un dénommé Pierre Gonord, la saisissent par le bras et, d’un coup de sabre, la décapitent. On raconte que, de ses tresses blondes qui se mêlèrent au sang, tomba la dernière lettre que Marie-Antoinette lui avait écrite et qu’elleavait dissimulée là. Son corps chancela et fut bientôt à terre, tandis que sa tête alla orner une pique qui fut bientôt exhibée à la foule. L'horreur ne s’arrête pas là : un émeutier se jeta sur elle, perfora d’un coup de poing sa poitrine et en arracha le coeur. Plus tard, elle fut déshabillée, et le pauvre corps sans tête montré aux Parisiens. L'un d’eux mutila son sexe pour s’en faire des moustaches, en guise d’expiation des amours lesbiennes avec la reine. Je veux bien avoir les idées larges, mais qu’on m’explique quelle est la vertu qui recommande de mutiler le sexe d’une femme ! Les principes moraux de la Révolution sont parfois obscurs.
    Autrement plus vicieuse fut la liaison avec Gabrielle de Polignac. Petite, enjouée et vaguement moustachue, elle prend dès son arrivée à Versailles la tête du « clan de l’aimable liberté », dicte et dirige les plaisirs de la reine, qui ne fait rien sans elle et lui cède des sommes d’argent colossales, plus de cinq cent mille livres par an, dont la « lubrique Gabrielle » fait profiter les siens. Accordons-lui au moins ceci : Mme de Polignac a le sens de la famille. Pendant que la reine joue à la fermière, la duchesse trait le patrimoine royal. Autant Lamballe est de celles à qui on confie ses chagrins, l’épaule sur laquelle on épanche ses larmes, en attendant qu’elle-même, compatissanteet passablement névrosée, se mette à pleurer à son tour, tout en offrant son giron dénudé pour y chercher le réconfort, autant la duchesse de Polignac est de celles avec qui on ne s’ennuie jamais, qui vous donnent du courage et vous rendent déluré, prêt à tout essayer : en sa compagnie, de toute façon, le moment sera léger, plaisant, et scabreux. Elle est la mauvaise fréquentation par excellence. Marie-Antoinette, qui s’ennuie et qui peut-être a conscience que son état de reine ne va pas durer longtemps, a un faible pour la tentation, surtout lorsqu’elle est féminine. Elles ne peuvent que bien s’entendre. Mme de Polignac se charge donc de distraire la souveraine.
    A Trianon, où la reine vit à présent en continu, on s’amuse, pour la dernière fois. On festoie jusqu’à l’aube, jusqu’à plus soif, jusqu’à la lie, jusqu’à ce que les révolutionnaires viennent chercher Marie-Antoinette et sa famille. Marie-Thérèse s’en inquiète : « Je suis d’avis, le sachant par plus d’un exemple, que d’ordinaire ces représentations finissent ou par quelque intrigue d’amour ou par quelque esclandre », écrit-elle à Mercy-Argenteau. S'il n’est pas impossible que la duchesse de Polignac ait été, comme on le lit dans les pamphlets révolutionnaires, « foutromane », il est en revanche certain qu’elle fut pour beaucoup dans la réputation calamiteuse de la reine, qu’elle abandonnesans états d’âme : dès 1789, elle quitte Versailles déguisée en femme de chambre et se réfugie en Suisse où elle meurt quelques années plus tard. De tous les torts fabuleux, fantaisistes ou bien réels qu’on lui prête, c’est cette ultime trahison que je juge avec le plus de sévérité.
    Il est une chose bien curieuse : Marie-Antoinette, par la suite adulée, et aujourd’hui elle l’est encore, fut en son temps haïe avec passion. Dès la fin de la royauté, et encore plus après sa mort, l’Autrichienne, la « lubrique Antoinette » devient la reine adorée. Circulent sous le manteau des gravures représentant le profil de la souveraine, caché dans une pensée ou, plus surprenant, des bols moulés sur son sein. Je donnerais
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