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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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ce que je vis, plongées dans des états
d’esprit fort différents, deux d’entre elles rêvant pour leur fils mariage et
la troisième ne rêvant à rien qu’à remâcher son amertume, laquelle elle tâchait
de dissimuler.
    Le roi leur
ayant à toutes baisé la main avec tous les compliments dont il n’était jamais
chiche avec les dames, s’assit à leur prière sur un cancan et dit :
    — Mes
bonnes cousines, je n’ai pas à vous présenter le marquis de Siorac, lequel vous
avez connu sous la vêture du marchand drapier Coulondre quand il vous
envitaillait pour moi sous le siège.
    — Je
l’avais reconnu, dit M me de Nemours avec un sourire charmant.
    — Moi
aussi, dit M me de Guise.
    — Moi
non, dit la Montpensier avec une moue.
    — Madame,
dis-je, c’est que j’étais à vos yeux transparent, quand j’étais marchand
drapier.
    À quoi le roi
voulut bien rire, présenta M. de La Surie, et reprit l’air enjoué et le sourire
aux lèvres :
    — Mes
bonnes cousines, n’êtes-vous pas étonnées de me voir en Paris ?
    — Si
fait ! dit la Montpensier en tordant quelque peu la bouche.
    — Et plus
encore de ce qu’on n’ait ni volé, ni pillé, ni pendu personne, reprit le roi.
Et pas même ceux qui l’avaient si bien mérité.
    À cela M me de Nemours et M me de Guise ne répondirent que par des sourires, mais
la Montpensier qui se sentait quelque peu visée, non point tant par la corde
que, se peut, par le billot, fit derechef sa moue, tant est que le roi se
tournant vers elle, lui dit :
    — Eh
bien, que dites-vous de cela, ma cousine ?
    — Sire,
dit-elle, je n’en peux dire autre chose, sinon que vous êtes un grand roi, très
bénin, très clément et très généreux.
    — Ha !
ma cousine ! dit le roi en souriant, je ne peux croire que vous disiez ici
toute votre pensée. Une chose sais-je bien, c’est que vous voulez du mal à M.
de Brissac.
    — Moi,
Sire ? dit la Montpensier en appuyant la main sur son cœur innocent. Et
pourquoi lui voudrais-je du mal ?
    — Si
fait ! si fait ! dit le roi en riant, mais sans aigreur aucune et sur
le ton de la picanierie plutôt que du reproche. Vous lui gardez mauvaise dent
de ce qu’il a fait. Je le sais ! Eh bien, ma cousine, un jour que vous
n’aurez que faire, faites votre paix, je vous prie, avec M. de Brissac.
    — Sire,
dit la Montpensier, ma paix avec lui est faite, puisque vous m’en priez.
    — Sire,
dit M me de Nemours qui jugeait le moment venu de répondre à la
bénignité du roi, et se peut aussi, de lui faire quelque peu la cour, je n’ai
qu’un seul regret, c’est que mon fils Mayenne n’ait pas lui-même abaissé le
pont-levis pour vous bailler l’entrant.
    — Ha !
ma belle cousine ! dit le roi avec un sourire, plût à Dieu qu’il l’eût
fait ! Mais mon cousin Mayenne se lève toujours trop tard. Il m’eût fait
trop attendre… Je ne fusse pas arrivé en Paris si matin.
    — Sire,
répondit alors M me de Nemours, croyez-moi, je vous prie, si je vous
dis que j’ai employé de très grands efforts pour amener mes enfants à
s’accommoder à vous.
    — Ma
cousine, dit le roi avec bonté, je vous crois. De reste, je le sais : M.
de Siorac me l’a dit. Mais combien que vos enfants soient un peu lents à
profiter de mes bonnes dispositions, rien n’est perdu. Il est encore temps,
s’ils le veulent.
    Trouvant que
l’entretien tournait un peu trop au grave, le roi se tourna vers la Montpensier
et lui demanda des confitures.
    — Ha
Sire ! dit-elle, vous vous gaussez de moi ! Vous pensez sans doute
que nous n’en avons plus !
    — Mais
que nenni ! dit-il avec enjouement, j’ai faim, tout simplement. Ma repue
de midi est loin.
    Se faisant
alors apporter un pot d’abricots par Franz, la Montpensier l’ouvrit et
plongeant un cuiller, en voulut faire l’essai.
    — Ma
bonne cousine, dit le roi en se levant de son cancan et en lui arrêtant la
main, vous n’y pensez pas !
    — Comment ?
dit la Montpensier, n’en ai-je pas fait assez pour vous être suspecte ?
    — Mais
pas le moins du monde, ma bonne cousine.
    — Ha !
dit la Montpensier, je me rends enfin ! On ne peut que vous aimer !
    Ayant dû me
retirer en même temps que Sa Majesté de l’hôtel de Montpensier, je retournai le
lendemain voir M me de Nemours en sa demeure et ne fus reçu d’elle
qu’après qu’elle m’eut fait attendre une grosse heure. Quand enfin je fus en sa
présence introduit, ce fut en son
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