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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi
Autoren: Jean (d) Aillon
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cœur après cet abandon. Villequier allait-il l’interroger à ce sujet?
    Suivi par les deux cavaliers, Nicolas Poulain alla chercher son cheval à l’écurie du Fer à Cheval. Puis les trois hommes descendirent
     la rue Saint-Martin et la rue des Arcis, jusqu’à la rue de la Boucherie avant de s’engager dans la rue de Saint-Germain-l’Auxerrois.
    En chemin, les hommes de Villequier gardèrent le silence. Poulain parvint tout juste à savoir que le capitaine des gardes
     à tête de rat s’appelait Philippe Lacroix.
    Dans la cour bordée d’arcades de l’hôtel de l’ancien gouverneur de Paris, ils laissèrent leurs chevaux à un palefrenier. Par
     un escalier monumental, Lacroix conduisit Nicolas dans un grand cabinet du premier étage meublé de coffres, de bahuts présentant
     de la vaisselle d’argent, de deux fauteuils, de bancs et d’escabelles. Les murs étaient couverts de panoplies d’armes et d’un
     grand portrait du roi. Un gros bonhomme, bottes en fine peau et éperons d’or, hauts-de-chausses en velours violet et pourpoint
     de satin violet, attendait debout, près d’une fenêtre. C’était Villequier que Nicolas Poulain avait déjà vu et qu’on ne pouvait
     oublier tant son embonpoint le rendait difforme. À un baudrier de cuir finement ciselé pendaient une lourde épée à l’espagnole
     et une large dague de chasse.
    Sans esquisser un sourire, Villequier lui fit un signe de tête. Malgré sa taille, ses bajoues, ses doubles mentons et un air
     faussement patelin, la brutalité se révélait dans chacun de ses mouvements aussi Nicolas resta-t-il sur la défensive. Il savait
     le gros bonhomme capable de s’emporter jusqu’à la fureur et même jusqu’au crime. Dix ans plus tôt, soupçonnant sa femme Françoise
     de La Mark, grosse de quelques mois, d’avoir rataconiculé avec un jeune abbé, il l’avait poignardée dans son lit. Le crime
     avait fait grandbruit et Villequier, jugé devant la prévôté de l’Hôtel, n’avait été acquitté que grâce au soutien du roi.
    — Monsieur Poulain, dit-il, cela faisait longtemps que je voulais vous connaître… Car on ne m’a pas parlé de vous en bien!
    Entendant ces reproches auxquels il ne s’attendait pas, Nicolas Poulain resta sans voix.
    — Vous avez été accusé de vol, il y a deux ans, m’a dit M. de Villeroy. Malgré cela la reine a eu la bonté de vous accorder une charge de prévôt de la cour que vous avez pourtant abandonnée sans permission pour rejoindre le roi de Navarre. C’est ce que j’appelle une forfaiture.
    — Le vol était une fausse accusation, monsieur, protesta Poulain. Ceux qui m’avaient ainsi accusé étaient des truands qui ont été pendus. Quant à mon départ de la cour, c’était pour prévenir Mgr de Navarre d’une tentative d’assassinat contre lui. Je n’ai fait qu’obéir aux ordres de M. de Montpensier.
    — Parlons-en de ces ordres! J’ai appris que vous avez rencontré le roi, à quel titre? De quelles affaires l’avez-vous entretenu?
    — Je n’ai point vu le roi, monsieur, et je ne sais de quoi vous me voulez parler. J’ai toujours reçu mes ordres du prévôt d’Île-de-France et du Grand prévôt de France.
    — Par la morbleu! Mais vous vous moquez de moi, insolent coquin! Savez-vous que je brûle de vous faire pendre sur-le-champ sous les arcades par mon capitaine des gardes? cria Villequier, levant une main large comme une pelle.
    Poulain recula d’un pas pour éviter d’être agressé.
    — Je suis lieutenant de prévôt, monsieur, et si vous m’accusez d’un crime, je dois être jugé à la connétablie.
    — Vous êtes un fieffé menteur, un traître et un pendard! s’égosilla le gros Villequier. Vous avez vu le roi! vous dis-je, et par la mort Dieu, je veux savoir pourquoi!
    Il sortit brusquement sa dague de chasse et Poulain recula encore, hésitant malgré tout à sortir son arme pour se défendre.
    Soudain, peut-être satisfait de la terreur qu’il avait apparemment provoquée chez son interlocuteur, Villequier parut se calmer.
    — Vous n’êtes que de la vermine, monsieur Poulain! cracha-t-il. Je vous laisse partir, mais sachez que je vous écraserai comme une punaise si vous vous mêlez encore des affaires de l’État! Hors d’ici! cria-t-il en brandissant sa dague. Lacroix, jetez ce faquin dehors!
    Abasourdi par les menaces de cet homme si puissant, mais surtout humilié par ses injures, Poulain suivit le nommé Lacroix
     sans
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