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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi
Autoren: Jean (d) Aillon
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marchand, un homme vigoureux, en robe violette, coiffé d’un chaperon carré, qui remplissait des pots avec le contenu d’un sac de clous de girofle, c’est ici qu’habite le sieur Poulain?
    — C’est mon gendre, monsieur. Il vit au-dessus.
    — J’ai besoin de le voir.
    — Je vais vous ouvrir la porte, monsieur.
    Il passa de sa boutique à un couloir, ouvrit l’huis et cria dans l’escalier :
    — Nicolas, tu as un visiteur!
    Il prévenait ainsi toujours son gendre. Diable, un lieutenant de prévôt avait souvent affaire à de mauvaises gens!
    L’individu au faciès de rat s’engagea dans l’escalier. En haut, un homme encore jeune, plus grand que la plupart des gens
     de son âge et musclé comme un lutteur de foire, l’attendait. Vêtu de velours cramoisi et coiffé d’un simple toquet à plume,
     il portait une rapière de fer à son ceinturon.
    Âgé de trente-quatre ans, Nicolas était marié et père de deux beaux enfants. Sa mère était une humble servante et il ignorait qui était son père; sans doute quelque gentilhomme qui l’avait séduite. Celui-ci ne les avait pourtant pas abandonnés. Ce père inconnu avait acheté leur logement, payé les études de son fils au collège de Lisieux et, celui-ci une fois adulte, lui avait fait porter une lettre de provision pour l’office de lieutenant de prévôt des maréchaux qu’il occupait.
    La mère de Nicolas était morte sans lui confier son secret, lui assurant qu’il ferait son malheur. Cependant, à mesure que
     Nicolas Poulain avançait en âge, cette ignorance le laissait de plus en plus souvent mélancolique, tant il est difficile de
     ne pas savoir d’où l’on vient.
    — Monsieur Poulain, je suis le capitaine des gardes de M. de Villequier. Je dois vous accompagner sur l’heure chez mon maître, annonça l’homme-rat d’une voix de crécelle.
    — Pour quelle raison, monsieur?
    — Je l’ignore, mais j’insiste pour ne pas le faire attendre. Je suis venu avec un garde de son hôtel, précisa le capitaine, laissant planer une menace.
    Poulain le regarda avec la pressante envie de le jeter en bas des escaliers. Ce petit insolent à figure de rongeur se briserait
     le cou et paierait ainsi son arrogance envers un officier du roi.
    Pourtant, il se retint. Le roi était pour l’heure absent de sa capitale et le pouvoir confié au chancelier Cheverny et à la
     reine mère. Certes René de Villequier, baron de Clairvaux, n’était plus gouverneur de Paris, la charge ayant été donnée au
     seigneur d’O, son gendre, mais il restait un des premiers favoris d’Henri III et surtout un proche de Catherine de Médicis.
     Le lieutenant de prévôt ne pouvait se l’aliéner par un mouvement de fierté mal placé.
    — Je prends ma cape et je vous suis, décida-t-il.
    Que lui voulait Villequier? Favori depuis le début du règne, le gros Villequier , comme on le surnommait, était un des plus solides soutiens du roi, même si des rumeurs rapportées par le Grand prévôt de
     France laissaient entendre que le favori conseillait désormais au monarque d’être conciliant avec le duc de Guise. Ne serait-ce
     que pour cela, le duc d’Épernon le détestait. Mais Épernon avait tant d’ennemis que cette haine avait renforcé la position
     de Villequier à la cour.
    Le baron restait donc un homme très puissant. Son physique et son caractère violent le faisaient craindre des plus faibles, sa proximité avec la reine mère le rendait influent, sa richesse lui donnait les moyens d’imposer sa volonté. Car Villequier était riche et le montrait. N’avait-il pas acheté son luxueux hôtel de la rue des Poulies – à quelques pas du Louvre – à Louis de Gonzague, duc de Nevers, pour vingt-deux mille livres?
    En pensant aux étroites relations entre Villequier et Catherine de Médicis, Nicolas Poulain se demandait si cette convocation
     inattendue n’était pas en rapport avec les évènements de l’année précédente, quand il avait été nommé prévôt de la cour de
     la reine mère. Il avait été reçu dans cette charge avec l’appui du duc de Guise, mais ayant découvert un complot conduit par
     la sœur du duc – la duchesse de Montpensier – contre le roi de Navarre,il avait quitté la reine sans permission pour prévenir le Béarnais. Et même si le duc de Montpensier, Bourbon comme Navarre, avait ensuite justifié son comportement à Catherine de Médicis, la reine mère ne devait guère le porter dans son
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