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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi
Autoren: Jean (d) Aillon
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envers son roi.
    Malgré son visage cadavérique et ses yeux caves, il souriait à son visiteur, dévoilant ses longues canines.
    Décidément, se dit Nicolas Poulain en s’inquiétant de cette bonne humeur, c’est la journée des surprises.
    — Je m’apprêtais à vous faire chercher! déclara le Grand prévôt.
    — Et moi, monsieur, je venais vous parler de mes préoccupations!
    — De quoi s’agit-il? demanda Richelieu, brusquement attentif, et reprenant son expression sinistre coutumière.
    Nicolas raconta l’altercation avec Villequier, les menaces qu’il avait entendues et la peur qu’elles avaient provoquée. Il
     insista aussi sur le fait qu’il n’avait rien dit, ou laissé paraître, sur son activité d’espion au service du roi.
    — Pourquoi Villequier s’intéresse-t-il à vous? s’interrogea Richelieu à haute voix.
    Poulain ne répondit pas, d’abord parce qu’il ignorait la réponse, et surtout parce qu’il avait compris que la question ne
     s’adressait pas à lui. Richelieu poursuivit d’ailleurs son soliloque.
    — Je ne vous cache pas que c’est inquiétant. J’ignore quelles sont ses relations avec la Ligue, mais il la défend de plus en plus souvent au conseil, m’a dit son gendre le marquis d’O, et je sais qu’il a rencontré plusieurs fois Mayneville et Mayenne. Pourquoi se figure-t-il que vous avez vu le roi?
    — Je l’ignore, monsieur. Peut-être à cause de ce qui s’est passé quand j’étais prévôt de la cour de la reine mère, à moins que ce ne soit une conséquence de l’heureuse journée de Saint-Séverin , dit Nicolas en grimaçant.
    Tout l’été, les prédicateurs avaient enflammé les Parisiens contre leur souverain. À l’automne, Henri III avait donc envoyé
     son lieutenant criminel, M. Rapin, pour arrêter les plus séditieux : les curés de Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Séverin
     et Saint-Benoît. Mais quand Rapin était arrivé avec ses archers à Saint-Benoît, le tocsin sonnait et le lieutenant criminel
     s’était trouvé devant une foule hostile et bien armée. La police avait dû piteusement détaler.
    Un peu plus tard, Bussy Le Clerc, devenu capitaine général de la Ligue, avait raconté à Nicolas Poulain que ces prêches ligueuses
     étaient écrites par un notaire de Saint-Séverin. Aussitôt, il en avait prévenu Richelieu. Mais quand les gens d’armes du Grand
     prévôt étaient venus arrêter le notaire, ils étaient tombés dans une embuscade montée par Bussy. Comme à Saint-Benoît, après
     une violente échauffourée, les archers s’étaient enfuis.
    Tolérer une nouvelle fois une telle insurrection, c’était reconnaître la faiblesse de la royauté, aussi le duc d’Épernon et
     le marquis d’O avaient insisté pour qu’on envoie les gardes françaises et les gardes suisses reprendre le quartier aux rebelles,
     mais M. de Villequier avait convaincu le roi den’en rien faire. Bussy était donc resté le grand vainqueur de ce que les ligueurs avaient appelé l’heureuse journée de Saint-Séverin.
    Par la suite, Poulain avait découvert que Bussy n’avait livré le nom du notaire qu’à quelques personnes suspectées de trahir
     la sainte Ligue. C’était un moyen d’identifier le traître. Par chance, à quelques jours de là, il s’était abstenu de dénoncer
     une tentative d’enlèvement d’Henri III préparée par le duc d’Aumale, aussi ne l’avait-on plus soupçonné. Du moins l’espérait-il.
    — Pensez-vous que M. de Villequier ait pu apprendre mon rôle dans la journée de Saint-Séverin?
    — Non, et je ne le crois pas homme à échanger des confidences avec des petits bourgeois comme Le Clerc. S’il trame quelque chose contre vous, ce ne peut être qu’avec Guise ou Mayenne.
    — Et si le roi lui avait parlé de moi? S’il lui avait fait connaître mon rôle dans la Ligue?
    Le front plissé, Richelieu réfléchissait. Comment pouvait-il savoir? Le roi était si fantasque depuis la mort de son frère, le duc d’Alençon. Il partageait l’angoisse de Poulain, lui-même se demandait s’il n’allait pas fuir Paris tant la situation était grave.
    — Je ne vous cacherai pas que vous devez être prudent, monsieur Poulain. Ne pouvez-vous quitter la ville avec votre famille?
    — Pour aller où? lança Poulain avec agacement, comprenant que Richelieu ne pourrait le protéger. Toutes les villes sont ligueuses et je connais trop bien les atrocités qui se déroulent dans
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