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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi
Autoren: Jean (d) Aillon
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de lansquenets avait massacré sa troupe et délivré Cassandre.
    Elle ne pourrait jamais oublier cette nuit d’horreur. Sa troupe avait pris une ferme fortifiée nommée Garde-Épée devant laquelle
     le roi de Navarre et son escorte passeraient pour rencontrer Catherine de Médicis au château de Saint-Brice. Le seigneur de
     Maurevert, l’homme qui avait provoqué la Saint-Barthélemy en tirant sur l’amiral de Coligny, était chargé de tuer l’hérétique.
     Une fois Navarre mort, ils auraient fui en utilisant Cassandre de Mornay comme otage.
    Elle dormait profondément quand elle avait été réveillée par des hurlements d’agonie et des cris de terreur. À peine avait-elle
     ouvert les yeux que le capitaine Cabasset, qui commandait ses hommes d’armes, s’était réfugié dans sa chambre avec son premier
     gentilhomme.
    — Madame, nous sommes attaqués! lui avait-il crié en barricadant sa porte.
    — Comment est-ce possible? Qui?
    — Je l’ignore, madame! Les hommes de garde sur les remparts n’ont pas donné l’alerte! Je ne comprends pas! avait-il dit, désespéré.
    Les assaillants n’avaient pu forcer leur porte, mais elle avait tout entendu : la violence des combats, les cliquetis des
     lames, les déflagrations des pistolets et des mousquets, les supplications de ses hommes, les râles d’agonie. En peu de temps,
     tout avait été terminé. Elle et sa dame de compagnie étaient restées à genoux pour prier, sanglotant de terreur, sachant ce qui leur arriverait quand les attaquants auraient forcé la porte de la chambre. Cabasset l’avait prévenue :
     dans cette guerre, les femmes étaient les premières victimes et elles perdaient non seulement leur vertu mais aussi leurs
     oreilles, que leurs agresseurs clouaient aux portes.
    La bataille finie, on leur avait ordonné de se rendre, mais Cabasset avait refusé, car il savait qu’il n’y aurait pas de quartier.
     C’est alors qu’elle avait entendu :
    — Je suis Philippe de Mornay, je vous donne une minute pour ouvrir, après quoi je fais sauter cette porte avec une mine. Dans ce cas, il n’y aura pas merci. Vous serez tous passés au fil de l’épée, hommes et femmes. Si vous vous rendez, vous pourrez repartir, libres.
    Elle avait accepté ces conditions et, tandis qu’elle sortait de sa chambre avec ses hommes désarmés, Cassandre de Mornay, son ancienne prisonnière, l’avait insultée et souffletée. Sa joue brûlait encore de cette humiliation. Pourrait-elle jamais en effacer la trace et la douleur?
    Son premier gentilhomme s’était battu pour défendre l’honneur des Guise, mais cette furie l’avait tué. Quant à Hauteville, il n’avait pas eu un regard de commisération envers elle. Dieu qu’elle les haïssait tous les deux!
    La fille Mornay lui avait volé ses biens, ses bijoux, ses robes, son carrosse et même son manteau, ne lui laissant qu’une
     harde puante d’urine pour se réchauffer. Elle, petite-fille de Charlemagne, avait dû supplier, mendier auprès d’amis de sa
     famille pour avoir les moyens de rentrer à Paris.
    Sa vengeance serait à la hauteur de cet affront! Mais comment faire?
    Par un gentilhomme de son frère, un temps prisonnier des protestants, elle avait appris que la fille Mornay vivait désormais
     à La Rochelle. Dans la place forte huguenote, elle était inatteignable pour l’instant. Quant à Hauteville, elle avait cru
     comprendre qu’il était devenu soldat dans l’armée protestante.
    Il ne se passait pas un jour sans qu’elle songe à lui, sans que ses pensées ne la ramènent vers cette première fois où elle
     l’avait vu. C’était le dimanche de Pentecôte. Elle avait été invitée à venir entendre le sermon du père Boucher à Saint-Merry,
     un sermon admirable contre Navarre, l’Antéchrist. Elle se souvenait encore des vivats et des acclamations sur son passage,
     des femmes qui cherchaient à embrasser sa robe, des hommes qui tombaient à genoux devant elle : la gouvernante de la Ligue à Paris. Et puis, soudain, sur le parvis, ce jeune homme, si beau mais si indifférent, qui n’avait pas eu un regard pour elle.
    Elle avait alors ressenti une passion si violente qu’elle n’avait pu la maîtriser. Combien de fois était-elle revenue à Saint-Merry, masquée, mais ôtant son masque devant lui, sans jamais pourtant obtenir un brin d’attention? Elle avait même envisagé de l’ensorceler jusqu’au jour où elle avait découvert qu’il aimait
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