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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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davantage.
    —  Non, ma fille. C’est de l’hébreu. Salomon lui-même les a gravées. C’est une longue histoire, dit-il en souriant d’aise. Cette maison appartenait à mon père comme tu le sais. C’est lui qui a caché cette merveille il y a de cela bien des années. J’étais enfant encore. Un vieillard s’était présenté à sa consultation, malade et éreinté. Il prétendait venir d’Egypte après avoir visité de nombreux pays et fui souvent ce qu’il nommait l’Akasba. Il avait déliré longuement puis s’était éteint, sans que l’on puisse quoi que ce soit pour le sauver. À la recherche de son identité, mon père fouilla ses affaires et trouva ceci. Il me fit venir et me le montra, à peine l’inconnu inhumé dans la fosse commune. « Ceci est le bien le plus précieux du monde. On le croyait perdu à jamais et on le nomme l’Art Notoire. Certains prétendaient même qu’il n’était qu’une légende », m’a-t-il dit. Je lui ai demandé ce qu’il contenait. « Les secrets les plus noirs ou les plus nobles de l’origine de la vie. Tout est mutation, mon fils », a-t-il répondu. Il cacha les tablettes dans cette cave et bien lui en prit. À plusieurs reprises durant nos absences, la maison fut mise à sac, vraisemblablement pour les trouver, puis ce fut le tour du cabinet d’auscultation. Mon père avait sans cesse le sentiment d’être épié. Puis cela cessa. Il préféra oublier l’existence de ce trésor, d’autant qu’il lui était impossible de le déchiffrer, n’ayant compris le sens de ces tablettes que par déduction des délires de l’étranger. Je l’avais oublié aussi, Marie, prisonnier de mes propres démons. Or je me souviens de tout à présent. Je me revois porter à boire à l’homme agonisant. Ses doigts étaient brunis, marbrés de violet tout comme l’intérieur de ses lèvres, et l’hypothèse avait été émise qu’il ait pu être empoisonné. Pour seule réponse à cette question, l’homme mentionna encore l’existence de l’Akasba, le cinquième élément, et cette maxime qui est devenue la mienne : tout est poison, rien n’est poison.
    —  Sais-tu ce que signifie l’Akasba, père ?
    —  Il symbolise le pouvoir spirituel omniprésent dont l’univers est imprégné. L’énergie fondamentale dont tous les éléments tirent leur existence.
    —  Serait-ce Dieu ?
    —  Dans un sens.
    —  Crois-tu que ce poison soit celui que, par inadvertance ou hasard, Isabeau a créé ? Ces tablettes révèlent-elles le secret de l’alkaheist ?
    —  Il nous faut le découvrir, Marie. Jamais je n’ai eu le sentiment d’être aussi près du but. Regarde Ma, ajouta-t-il.
    La louve léchait avec obstination les signes gravés sur les tablettes. Leurs regards à toutes deux se joignirent et Marie en fut bouleversée. Derrière le rire du loup, Loraline pleurait.
    —  Je sais où trouver quelqu’un qui parle hébreu, poursuivit Philippus. Dans ces tavernes borgnes où tu n’aimes pas me voir traîner. L’homme m’a abordé plusieurs fois. Il voulait acheter cette maison lorsqu’il a su que j’y revenais après quarante ans d’absence.
    —  Père… s’inquiéta Marie.
    —  Ces tablettes détiennent peut-être la vérité, Marie. Je ne crois pas au hasard, tu le sais.
    —  Pourtant, si cet individu peut les déchiffrer, il en saura la valeur et sera prêt à tout pour les récupérer, comme d’autres avant lui. S’il ne le sait déjà ! ajouta-t-elle en frissonnant.
    —  Ma nous protégera, affirma-t-il serein en entourant de ses bras le cou de la louve. Cela en vaut la peine, Marie.
    Elle hocha la tête. Mais elle n’était pas rassurée.
    Le soleil déclinait sur un horizon brumeux lorsque Philippus poussa la porte crasseuse d’un de ces bouges sinistres. La lumière y était voilée pour mieux masquer la misère des occupants comme celle des lieux. Le sol recevait rarement un coup de balai et des immondices s’y entassaient, poussées ou écrasées par les pieds des catins qui, gorge délacée et cuisses avenantes, s’empressaient de délester les hasardeux de leur bourse, contre des charmes souvent flétris. Des gens de toutes espèces, de toutes races et de tous pays bâfraient sur des tables encombrées de hanaps renversés ou régulièrement vidés et de plats aux mets abondants bien que douteux.
    Philippus se fraya un passage, répondit au salut de quelques-uns, pinça une fesse qui passait à portée et
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