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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann
Autoren: Neal Bascomb
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aussi », dit fièrement Fräulein Mösenbacher en prenant sur une étagère un album à tranches d’or. Elle en parcourut les pages en lui désignant, ici ou là, son frère et ses parents.
    Diamant avait passé des jours entiers avec cette femme insipide, qui tenait sur les Juifs des propos abjects, à seule fin d’en arriver là. Il pria pour que l’album contienne une photographie d’Eichmann.
    « Vous savez, j’ai eu beaucoup d’admirateurs. » Elle baissa les yeux vers l’image d’un homme d’une trentaine d’années, avec un long nez pointu et des lèvres pincées. « Là, c’est Adolf… C’était mon petit ami à l’époque. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Je suppose qu’il n’a pas survécu à la guerre, sans quoi il m’aurait donné des nouvelles. »
    Pendant les deux heures qui suivirent, tout au long d’un dîner interminable suivi de quelques verres en compagnie de la dame, Diamant n’eut qu’une idée en tête : partir et mettre en œuvre le plan qu’il avait conçu pour s’emparer de la photographie. Le lendemain matin, il alla voir la police autrichienne avec une lettre d’Arthur Pier. Quelques heures plus tard, des policiers réquisitionnèrent l’album au prétexte que, selon leurs informations, Maria Mösenbacher y dissimulait des cartes de rationnement. Quand il saisit la photographie entre ses mains, Diamant s’aperçut qu’elles tremblaient.
    Il rentra aussitôt à Vienne pour la montrer à Pier et à Friedman. « Excellent travail, Manus. Voici donc le meurtrier de notre peuple. » Des centaines de copies furent distribuées à la police et aux enquêteurs alliés dans toute l’Europe cli . Diamant alla lui-même remettre une photographie à Wiesenthal, qui lui dit : « Nous savons maintenant à quoi il ressemble. C’est la première étape de sa capture. »

14
    Ayant appris le nom figurant au cadastre, Aharoni se mit au travail sans attendre ccclxxxii . Il retourna à San Fernando dès le lendemain. C’était un samedi, et il pensait qu’Eichmann serait de retour du Tucumán pour son anniversaire de mariage. Aharoni avait encore changé de voiture par mesure de prudence, et il était maintenant au volant d’une D eS oto noire. Une secrétaire de l’ambassade l’accompagnait : tous deux avaient ainsi l’air d’un couple en pr omenade pour le week-end.
    Arrivant de Don Torcuato par le sud-ouest, Aharoni s’engagea sous le pont du chemin de fer qui traversait la route 202. Il regarda sur sa droite, du côté de la maison des Klement, rue Garibaldi (il avait enfin appris le nom de cette rue au bureau du cadastre). Dans la cour, un homme était en train de décrocher du linge étendu sur une corde. Aharoni ralentit L’homme avait au moins 50 ans. Plutôt mince, il devait mesurer entre 1,75 et 1,80 mètre. Il avait le front haut et bombé, le crâne dégarni. Le temps pour Aharoni de saisir son appareil photo, l’homme avait déjà décroché le dernier vêtement sur la corde et regagné la maison. Mais ce visage-là, Aharoni le connaissait. Sans l’ombre d’un doute. Il avait passé des heures à étudier des photographies d’Eichmann.
    « Pourquoi cette mine radieuse ? » demanda la secrétaire.
    Sans le savoir, Aharoni affichait en effet un large sourire, et son corps entier était comme électrisé. Il préféra botter en touche : « Ce n’est rien. Je viens seulement de me rappeler que c’est aujourd’hui l’anniversaire de ma mère. Il faudra fêter ça en rentrant. »
    Pris de court, il avait raconté le premier mensonge qui lui était venu à l’esprit – et elle avait semblé le croire. Plus tard, il envoya à Harel un long télégramme comportant une ligne de message codé : « Le chauffeur est noir » (c’est-à-dire : Klement est bien Eichmann).
    À Tel Aviv, Harel se tenait prêt. Ces dernières semaines, il s’était assis chaque soir dans son bureau, chez lui ; au son de la musique classique diffusée par la radio, il avait envisagé les nombreuses difficultés qu’il faudrait affronter si Aharoni confirmait l’identité de leur cible ccclxxxiii .
    Premièrement, la mission devait avoir lieu à des milliers de kilomètres, dans un pays que peu de ses agents connaissaient et dont presque aucun ne parlait la langue.
    Deuxièmement, il faudrait agir en milieu hostile. Cela faisait deux ans seulement – depuis l’élection d’Arturo Frondizi, président pragmatique et libéral – que le gouvernement
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