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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann
Autoren: Neal Bascomb
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argentin se montrait plus amical à l’égard d’Israël ; mais, dans les hautes sphères du pouvoir, nombreux étaient ceux qui honnissaient les Juifs et l’État hébreu. En 1955, Harel s’était rendu à Buenos Aires au moment de la destitution de Perón ; il venait apporter son aide aux Juifs dans une période troublée où ils couraient bien des risques. En janvier 1960, on avait assisté à une vague d’attaques contre des synagogues, des institutions et des maisons privées, comme en Europe à la même époque. La ville abritait une importante communauté allemande et des anciens nazis, ce qui ajouterait encore au danger.
    Troisièmement, à une telle distance de Tel Aviv, la communication ne serait ni rapide, ni aisée. Ses agents devraient voyager sous une fausse identité, seuls et sans couverture officielle. La mission étant ultra-secrète, ils ne pourraient pas compter sur leurs contacts locaux.
    Quatrièmement, s’ils étaient découverts, ses agents risquaient la prison – voire la mort – pour avoir attenté à la souveraineté nationale de l’Argentine. Israël serait critiqué par la communauté internationale, et la mauvaise image du Mossad nuirait à ses activités partout dans le monde.
    Cinquièmement, leur cible était un ancien officier de la SS , l’une des unités de sécurité les plus dangereuses de l’Histoire. Eichmann connaissait les tactiques de surveillance et savait se défendre. Pendant la guerre, toujours soucieux de sa sécurité personnelle, il ne se déplaçait jamais sans armes. Certes, quinze ans avaient passé depuis l’armistice avec l’Allemagne, mais Eichmann avait passé tout ce temps-là en cavale ; sans doute n’avait-il rien perdu de sa vigilance.
    Ces difficultés se démultipliaient du fait que la mission était constituée de trois opérations en une : il faudrait capturer Eichmann vivant, sans être suivi ni repéré ; puis le garder en lieu sûr pendant une période indéterminée – jusqu’à la mise en place de la troisième partie de la mission : l’exfiltrer d’Argentine dans le secret le plus total. Personne ne devait savoir qui avait enlevé l’ancien nazi jusqu’à ce qu’il se trouve dans une prison israélienne et que tous les agents de Harel soient en sécurité.
    La réussite de cette mission compenserait amplement les difficultés rencontrées et les risques encourus pour y parvenir. D’un point de vue strictement professionnel, le Mossad se hisserait au sommet de la hiérarchie internationale du Renseignement. Et, par-dessus tout, le peuple israélien pourrait voir l’un des principaux artisans de l’Holocauste enfin traduit en justice : le monde entier serait obligé de se rappeler le sort des Juifs pendant la guerre, et de faire en sorte que de telles horreurs ne puissent pas se reproduire.
    Eu égard à l’importance des enjeux, Harel tenait à se trouver en personne à Buenos Aires pour superviser les opérations ccclxxxiv . Il faudrait peut-être prendre des décisions très rapides, et ses agents n’auraient pas le temps d’attendre qu’il leur envoie un télégramme. Mais le chef du Mossad ne pouvait prendre part lui-même à la mission. Il lui fallait quelqu’un pour choisir une équipe, diriger les agents, planifier les opérations et les exécuter à la lettre. Un homme de confiance, donc.
    Rafi Eitan, chef des opérations du Shin Bet, avait été surnommé « Rafi le Putois » pendant la guerre d’Indépendance israélienne car il avait parcouru les égouts pour aller faire sauter un radar britannique sur le mont Carmel ccclxxxv . Né en 1926 dans un kibboutz de Palestine, dans la fertile vallée de Jezreel, Eitan avait un certain goût pour les missions périlleuses. Ayant vu dans son enfance un film sur Mata Hari, il avait dit à sa mère que lui aussi voulait être espion. Ce n’était pas là un simple rêve d’enfant : il s’enrôla dès 12 ans dans la Haganah, son jeune âge lui permettant de ne pas éveiller les soupçons. À 18 ans il fut recruté par le Palmach, le bras armé de la Haganah, et prit part à l’attaque du camp militaire d’Atlit qui permit de libérer plus de 200 immigrants juifs détenus par les Britanniques. À 21 ans, il se vit confier un peloton de reconnaissance chargé d’opérer derrière les lignes ennemies.
    Le jour de la création de l’État d’Israël, en 1948, Eitan fut blessé à la jambe. Il se traîna jusqu’à son camp, se fit poser un plâtre et
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