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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann
Autoren: Neal Bascomb
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surveillance risquait de faire fuir la cible.
    Pourtant, à 21 h 15 ce soir-là, Aharoni retourna une fois encore à San Fernando. Il conduisait une Jeep rouge pâle, accompagné par un employé de l’ambassade nommé Avi et par son épouse. Aharoni avait souvent vu des couples dans le quartier, le soir, et il savait que ces deux-là ne risquaient pas d’attirer l’attention. Revêtu d’une salopette et muni de ses jumelles, Aharoni sortit de la jeep et se mit à ramper en direction de la maison. Il espérait pouvoir jeter un œil à l’intérieur, pour le cas où l’équipe opérationnelle aurait besoin d’y entrer. La nuit était noire, parfaite pour sa mission, mais Aharoni remarqua bientôt que les lumières étaient éteintes. Quelques minutes seulement après l’avoir quittée, il fit demi-tour vers la Jeep. Il vit alors, consterné, que la voiture avait disparu. S’était-il perdu en route ? Il erra un moment dans le quartier avant d’apercevoir la Jeep, 15 mètres plus loin, gisant dans le fossé qui bordait la route. Il n’en croyait pas ses yeux.
    Avi et sa femme étaient accroupis à côté de la Jeep. Ils avaient voulu faire demi-tour sans allumer les phares, pour le cas où il faudrait rentrer rapidement à Buenos Aires ; n’ayant pas remarqué que la route avait des bas-côtés, Avi avait reculé directement dans le fossé. Aharoni, effaré par leur bêtise, craignait par-dessus tout que la famille Eichmann, à 150 mètres de là, les aperçoive sur la route. Ces derniers ou leurs voisins remarqueraient aussitôt que tous trois étaient des étrangers – sans doute des Israéliens – et le criminel saurait qu’on l’épiait.
    « Allons-y », dit Aharoni sans attendre. Ils partirent en courant vers la rue Avellanada. Par chance, un bus apparut quelques minutes plus tard. À 22 h 45, une fois parvenus à la gare routière de San Fernando, il appela à la rescousse la seule personne capable de tirer la Jeep hors du fossé rapidement et en toute discrétion : Yitzhak Vardi. Ce financier israélien avait jadis travaillé pour les services du renseignement aux Affaires étrangères ; il vivait maintenant à Buenos Aires, d’où il dirigeait la branche sud-américaine de l’United Jewish Appeal cccxci .
    Comprenant que la situation était grave, Vardi vint les récupérer moins d’une heure plus tard dans sa grosse Chevrolet, suivi par une dépanneuse cccxcii . Il eût été dangereux de laisser la Jeep dans le fossé : le spectacle éveillerait les soupçons d’Eichmann, qui risquaient de découvrir le (faux) nom d’Aharoni en s’adressant à l’agence où celui-ci avait loué le véhicule.
    Quand l’équipe arriva devant la Jeep, quelqu’un avait déjà fauché un pneu. Tandis qu’Aharoni installait la roue de secours, quelques voisins sortirent de chez eux pour voir la cause de tant d’agitation et de lumière. Le chauffeur de la dépanneuse, un Argentin, leur assura qu’il n’y avait pas eu de blessés ; ce n’était qu’un incident sans gravité. Les autres membres de l’équipe n’ouvrirent même pas la bouche. Aharoni se calma en constatant qu’il n’y avait dans la foule ni Dieter, ni son père. Quelques minutes plus tard, la Jeep était prête à partir. Aharoni remercia Vardi et se mit en route.
    N’ayant pas reçu l’ordre de rentrer en Israël, Aharoni poursuivit son enquête. Il s’abstint toutefois, pendant deux semaines, de surveiller activement la maison d’Eichmann. C’est ainsi qu’il prit le temps d’explorer d’autres pistes. Grâce à un contact dans la police argentine, il put mettre la main sur le dossier de Nick et de Horst Eichmann cccxciii . Tous deux avaient manifestement subi l’influence paternelle : ils étaient soupçonnés d’appartenir à des groupements politiques néonazis et d’extrême droite. Ils constituaient donc un danger potentiel pour l’opération du Mossad. Par ailleurs, un employé de l’ambassade d’Allemagne remit à Aharoni le dossier d’Eichmann ; il en ressortait que le ministre allemand des Affaires étrangères savait fort bien que le criminel se trouvait en Argentine cccxciv .
    Aharoni se rendit également dans le Tucumán pour se renseigner sur la société CAPRI . En moins de deux jours, il découvrit que cette société avait périclité en 1953 – alors que leurs renseignements signalaient qu’Eichmann y était encore employé. Pour Aharoni, il ne faisait guère de doute maintenant que
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