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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann
Autoren: Neal Bascomb
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d’Eichmann étaient des amis du propriétaire du chalet. Au bout d’un moment, son flot de paroles finit par se tarir : « De toute façon vous allez me tuer. »
    Sur quoi les justiciers lui tirèrent plusieurs salves de pistolet-mitrailleur dans la poitrine. Après l’avoir maudit, ils enterrèrent son corps.
    Le lendemain matin, Adolf Eichmann était toujours en vie cxliv  : un homme venait d’être exécuté en Autriche par cinq justiciers juifs, mais lui se réveilla dans une cahute au fond des bois, dans une région du nord de l’Allemagne occupée par les Britanniques, en compagnie de dix-neuf soldats démobilisés de la Wehrmacht. Après le petit déjeuner, Eichmann et ses compagnons de travail, hache ou scie à l’épaule, se mirent en route vers la forêt. Cette zone très boisée, au cœur des landes de Lüneburg, était appelée l’« île ». Ce lieu sans électricité ni téléphone constituait un repère idéal pour échapper à des poursuivants – Eichmann n’avait-il pas lu, dans l’un des rares journaux qui parvenaient au camp, qu’on le considérait désormais comme un « criminel de masse » ?
    Après s’être échappé d’Oberdachstetten, il s’était terré jusqu’au lendemain matin dans une gare de chemin de fer abandonnée, à quelques kilomètres du camp cxlv . Il avait pris un train pour München, puis pour Prien. Il avait présenté une lettre d’introduction à Nellie Krawietz, la sœur de Bauer. Sans poser de questions, cette belle jeune femme de 24 ans, veuve de guerre, avait offert au fugitif une chambre dans une ferme en lisière de la ville. Au cours des six semaines qui avaient suivi, ils s’étaient vus presque chaque jour ; Eichmann ne lui avait presque rien dit, sinon qu’il se nommait Otto Heninger, était divorcé, et avait trois enfants qu’il n’avait pas revus depuis la fin de la guerre.
    On était en février 1946. La région grouillait de soldats américains et Eichmann était de plus en plus nerveux. Il avait demandé à Nellie de lui acheter deux billets pour Hamburg : un couple voyageant le week-end, lui avait-il expliqué, attirerait moins l’attention. Nellie, qui s’était éprise de cet homme paisible et un peu mélancolique, avait accepté de l’accompagner. Durant le trajet, elle l’avait incité à se livrer à un tribunal de dénazification pour ne pas avoir à se cacher toute sa vie. Dans un moment d’abandon, il lui avait avoué qu’il avait été impliqué dans le système concentrationnaire et que son véritable nom était Adolf Eichmann : si on le capturait, sa peine ne se limiterait pas à quelques années de prison – les Alliés risquaient fort de l’exécuter, comme ils comptaient le faire pour les accusés qu’on jugeait à Nürnberg. Nellie avait juré de garder le secret et de lui rendre visite aussi souvent que possible.
    En mars, Eichmann était entré dans la mairie d’Eversen, village situé à l’extrémité sud-ouest des landes de Lüneburg, à une centaine de kilomètres de Hamburg. Au moment de présenter de faux papiers aux autorités de la zone britannique, il avait fourni les mêmes renseignements que pour sa précédente identité – natif de Wroclau, il était un prisonnier de guerre démobilisé de la Wehrmacht. Le préposé n’avait rien trouvé à redire en examinant les documents établis au nom d’Otto Heninger. Eichmann avait pu trouver le frère de l’officier SS Feiersleben, et obtenir de lui un emploi de bûcheron qu’il occupait maintenant depuis plusieurs mois.
    Au terme d’une longue journée dans une section incendiée de la forêt, Eichmann rentra au camp, le visage et les vêtements noircis par le bois carbonisé cxlvi . En même temps que ses camarades, il se rinça avec de l’eau de pluie collectée dans de vieux barils de poudre, puis s’installa devant le feu de camp et dîna d’un ragoût délayé. Les bûcherons passèrent la soirée et une partie de la nuit à jouer aux cartes, à boire du schnaps local et à fumer des Lucky Strike. Ils formaient une rude troupe, au parler franc et aux manières frustes. Eichmann empruntait parfois le violon d’un garde forestier, mais le plus souvent il tentait de se fondre dans le groupe. Il appréciait le calme de la forêt, s’y sentait en sécurité. Pour l’heure, il ne désirait rien de plus.
    Par une matinée glaciale du début de 1947, à Vienne, Arthur Pier et Tuviah Friedman pénétrèrent dans la prison où Joseph
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