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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann
Autoren: Neal Bascomb
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de ma liste. »
    Friedman tenait sa mission. Pier venait de le lancer, avec quelques autres, aux trousses du lieutenant-colonel nazi – lui-même avait beaucoup entendu parler d’Eichmann au cours des deux dernières années, et notamment de ses exploits en Hongrie. Il tenait à le faire arrêter, puis juger par une cour d’assises.
    La Haganah n’était pas seule à rechercher Eichmann. Des limiers agissant pour leur propre compte disposaient des mêmes informations que Pier, et ils pensaient avoir repéré leur proie. Contrairement à Pier, ceux-là n’entendaient pas faire comparaître Eichmann devant un tribunal : ils comptaient bien se faire justice eux-mêmes.
    Cinq justiciers juifs, revêtus d’un uniforme de l’armée britannique et équipés de pistolets-mitrailleurs Sten, dissimulèrent leur Jeep dans un taillis à l’orée d’un petit village situé entre Linz et Salzbourg, puis attendirent la tombée de la nuit, les yeux rivés sur un petit chalet à deux étages. Quand l’obscurité fut totale, ils gravirent lentement la colline pour accomplir leur mission : supprimer Adolf Eichmann cxli .
    Quand ils se trouvèrent tout près de la maison, l’un d’eux se détacha du groupe pour se glisser jusqu’au mur en émettant des grognements de chien. Il avait combattu aux côtés de Tito dans sa guérilla contre les fascistes en Yougoslavie, et il savait mieux que personne se débarrasser des chiens de garde. Les trois molosses qui gardaient le chalet s’étant approchés, il leur lança entre les pattes une tranche de viande empoisonnée. Le poison fit son effet en quelques minutes. Le reste du groupe se rassembla alors sur un flanc de la maison. Un coup d’œil par la fenêtre leur permit d’apercevoir quatre hommes en train de dîner. Les justiciers achevèrent de se préparer.
    Ils étaient arrivés en Autriche au printemps de 1946, sur la piste d’Eichmann. Ils avaient retrouvé sa femme à Altaussee et son frère aîné Otto à Bad Aussee, dans la même région. Après un mois de surveillance, ils avaient suivi la femme et le frère jusqu’à ce chalet. Les deux proches d’Eichmann avaient pris un train différent pour se rendre au village, puis avaient fait le trajet à pied, chacun de son côté – il n’en fallait pas davantage pour éveiller les soupçons des justiciers juifs. Ceux-ci avaient alors surveillé le chalet pendant plusieurs semaines. Il ne faisait pas de doute qu’il était habité par quatre hommes. Ceux-ci ne sortaient jamais dans la journée, et c’est un villageois qui leur apportait chaque soir des vivres et autres provisions. Pour les cinq Juifs, il ne faisait aucun doute que l’un des hommes n’était autre qu’Eichmann. Ses traits et sa taille correspondaient au signalement de leur proie, et les visites de Vera et d’Otto Eichmann constituaient une confirmation supplémentaire.
    À un signal donné, deux des Juifs enfoncèrent d’un coup d’épaule la porte du chalet. Ils pointèrent leur arme sur les quatre hommes sans défense, leur intimant l’ordre de se lever de leur chaise. Les hommes obéirent en se gardant de tout geste brusque.
    «  Toi ! aboya l’un des justiciers en allemand. Viens ici !
    — Moi ? » répondit l’interpellé en tremblant.
    Deux hommes le traînèrent à l’extérieur, pendant que les autres maintenaient leurs pistolets braqués sur les trois restants. Une fois à bonne distance du chalet, l’un des deux justiciers assomma leur prisonnier d’un coup derrière la tête. Ils le hissèrent alors à bord de la Jeep et se mirent en route. Ayant parcouru quelques kilomètres dans la forêt de pins, ils s’arrêtèrent pour jeter leur prisonnier au sol, dans la boue. Il revint à lui.
    Le meneur du groupe sortit de la Jeep pour se dresser au-dessus de l’homme à terre  : « Nous sommes des Juifs, Adolf Eichmann. Nous avons des comptes à régler avec toi cxlii .
    — Je jure sur la tête de ma femme, sur la tête de mes enfants, sur la mémoire de ma mère que je ne suis pas Adolf Eichmann cxliii . C’était un assassin. Moi, j’étais seulement un soldat. Vous êtes des hommes de bien, implora-t-il. Ayez pitié !
    — As-tu jamais montré la moindre pitié pour le peuple juif ? »
    Le prisonnier avoua qu’il avait fait partie des Einsatzgruppen et tué quelques Juifs, mais seulement parce qu’on lui en avait donné l’ordre. Il les supplia de le croire, précisant que la femme et le frère
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