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la tondue

la tondue

Titel: la tondue
Autoren: Marie de Palet
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chœur se répondre en un latin rapide et incompréhensible. Une demi-heure plus tard, ils revenaient à la maison, contents d’avoir accompli leur devoir. Ils reprenaient leurs tâches à peine interrompues, regrettant, vaguement, cette halte obligatoire.
    Jacques et Yvette allaient à la grand-messe de onze heures et ne rentraient qu’après avoir longuement discuté, à la sortie, avec la bande de jeunes dont le garçon faisait partie.
    Jacques, à la mine avenante, rieur, charmant, bon enfant attirait à lui garçons et filles comme les fleurs appellent les abeilles.
    Les premiers dimanches, sitôt franchi le seuil de l’église, Yvette se sentit le point de mire de toute l’assemblée. Elle supporta, tout le long de l’office, le poids des regards et des interrogations muettes.
    … La messe, elle l’avait abandonnée à Paris, comme bien d’autres choses d’ailleurs, malgré les promesses faites à sa grand-mère… Pourtant, à Noël, chaque année, quand s’envolait le son grave des cloches dans la nuit hivernale, elle se dirigeait vers Notre-Dame et assistait à la messe de minuit. Pourquoi ? Un vague souvenir, le désir de faire plaisir à sa vieille grand-mère, un inconscient appel au secours ? Elle n’en savait rien elle-même ; mais elle n’avait jamais oublié Noël.
    Une fois, Fritz l’avait accompagnée. Il venait de lui offrir une veste de vison et elle n’était pas peu fière de s’appuyer à son bras dans son élégance toute neuve…
    Hélas ! Malgré une cathédrale bondée, leur banc était resté vide et Yvette n’était pas prête à oublier les regards lourds de haine qui l’avaient suivie jusqu’à la fin de l’office.
    Mais Paris était loin. Ici, ce n’était pas la haine mais la curiosité et la méfiance qu’elle lisait sur les visages qui la contemplaient.
    Peu à peu cependant, on lui fit place dans le cercle des jeunes. Elle était la sœur de Jacques et guère plus âgée que le reste de la bande. Paulette Maury, de deux ans sa cadette, devint rapidement son amie. Délurée et vive, des cheveux blonds un peu fous qu’elle tentait de discipliner en une énorme “coque” qui lui auréolait le visage, Paulette s’accommodait bien de la vie au village.
    Curieuse de nature, elle voulait tout savoir de ce Paris fascinant. Elle écoutait, béate d’admiration, les récits d’Yvette. Elle n’arrêtait pas de poser des questions auxquelles Yvette ne répondait que prudemment et du bout des lèvres, de peur de se trahir :
    « Je ne connais que très peu Paris, prétextait-elle, j’étais au travail toute la semaine et le dimanche… Je le passais à ranger… à… »
    Paulette concluait innocemment :
    « Et puis, c’était la guerre, ça ne pouvait pas être bien gai ! »
    «  Si elle savait  », pensait Yvette gênée.
    La jeune fille, éblouie par son amie parisienne, buvait ses paroles et ne remarquait pas les réticences.
    Le dimanche après-midi, dans la suite ininterrompue des jours, s’ouvrait pour les deux compagnes, la brèche attendue : une soirée entière passée à bavarder. Cela ravissait Paulette et inquiétait Yvette, même si elle adorait cette coupure dans la monotonie de sa vie.
    La vaisselle achevée, Paulette arrivait rapidement. Elle n’osait pas entrer dans la cuisine mais passait et repassait devant le portail de la ferme, traînant les pieds en chantonnant pour attirer l’attention d’Yvette. Tout ce bruit troublait la sieste du père. Une fois réveillé, il mettait le nez à la fenêtre et criait à la jeune fille :
    « Où vas-tu comme ça ? Chercher fortune ? » Paulette se taisait, baissait la tête et rougissait, alors le père partait d’un gros rire et ajoutait :
    « Dépêche-toi, Yvette, je parie qu’il y en a qui vous attendent, là-bas sur la route, ne les faites pas trop languir !… »
    Souriant dans sa barbe, il monologuait : « Ah, belle jeunesse ! » Yvette courait rejoindre son amie qui lui disait invariablement :
    « Tu viens, on va faire un tour !… »
    Le “tour” variait peu. De Lanuéjols à Rouffiac, elles musardaient sur la route, allant d’un village à l’autre sous le prétexte futile d’une babiole à acheter.
    En ces débuts d’après-midi, les motos pétaradaient, les freins des vélos hurlaient car tous les garçons étaient juchés sur de vieilles bicyclettes ayant appartenu à leur père ou, plus rarement, sur des motos flambant neuves qui indiquaient leur
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