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La Sorcière

La Sorcière

Titel: La Sorcière
Autoren: Jules Michelet
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Parlement, comme ce juge engagé par sa robe.
    40. La persécution a continué, et par la publication altérée des documents, et jusque dans les historiens d'aujourd'hui. Même le Procès (in-folio, 1734), notre principale source, est suivi d'une table habilement combinée contre la Cadière. A son article, on trouve indique de suite et au complet (comme faits prouvés) tout ce qui a été dit contre elle ; mais on n'indique pas sa rétractation de ce que le poison lui a fait dire. Au mot Girard , presque rien ; on vous renvoie, pour ses actes, à une foule d'articles qu'on n'aura pas la patience de chercher. — Dans la reliure de certains exemplaires, on a eu soin de placer devant le Procès , pour servir de contre-poison, des apologies de Girard, etc. — Voltaire est bien léger sur cette affaire ; il se moque des uns et des autres, surtout des jansénistes. — Les historiens de nos jours, qui certainement n'ont pas lu le Procès , MM. Cabasse, Fabre, Méry, se croient partiaux , et ils accablent la victime.

Épilogue
    Une femme de génie, dans un fort bel élan de cœur, croit voir les deux Esprits dont la lutte fit le moyen âge, qui se reconnaissent enfin, se rapprochent, se réunissent. En se regardant de plus près, ils découvrent un peu tard qu'ils ont des traits de parenté. Que serait-ce si c'étaient des frères, et si ce vieux combat n'était rien qu'un malentendu ? Le cœur parle et ils s'attendrissent. Le fier proscrit, le doux persécuteur, oublient tout, ils s'élancent, se jettent dans les bras de l'autre ( Cousuelo ).
    Aimable idée de femme. D'autres aussi ont eu le même rêve. Mon suave Montanelli en fit un beau poème. Eh ! qui n'accueillerait la charmante espérance de voir le combat d'ici-bas s'apaiser et finir dans ce touchant embrassement ?
    Qu'en pense le sage Merlin ? Au miroir de son lac dont lui seul sait la profondeur, qu'a-t-il vu ? Que dit-il dans la colossale épopée qu'il a donnée en 1860 ? Que Satan, s'il désarme, ne le fera qu'au jour du Jugement. Alors, pacifiés, côte à côte, tous deux dormiront dans la mort commune.
     
    Il n'est pas difficile sans doute, en les faussant, d'arriver à un compromis. L'énervation des longues luttes, en affaiblissant tout, permet certains mélanges. On a vu au dernier chapitre deux ombres pactiser de bon accord dans le mensonge ; l'ombre de Satan, l'ombre de Jésus, se rendant de petits services, le Diable ami de Loyola, l'obsession dévote et la possession diabolique allant de front, l'Enfer attendri dans le Sacré-Cœur.
    Ce temps est doux, et l'on se hait bien moins. On ne hait guère que ses amis. J'ai vu des méthodistes admirer les jésuites. J'ai vu ceux que l'Église dans tout le moyen âge appelle les fils de Satan, légistes ou médecins, pactiser prudemment avec le vieil esprit vaincu.
    Mais laissons ces semblants. Ceux qui sérieusement proposent à Satan de s'arranger, de faire la paix, ont-ils bien réfléchi ?
    L'obstacle n'est pas la rancune. Les morts sont morts. ces millions de victimes, Albigeois, Vaudois, Protestants, Maures, Juifs, Indiens de l'Amérique, dorment en paix. L'universel martyr du moyen âge, la Sorcière, ne dit rien. Sa cendre était vent.
    Mais savez-vous ce qui proteste, ce qui solidement sépare les deux esprits, les empêche de se rapprocher ? C'est une réalité énorme qui s'est faite depuis cinq cents ans. C'est l'œuvre gigantesque que l'Église a maudite, le prodigieux édifice des sciences et des institutions modernes, qu'elle excommunia pierre par pierre, mais que chaque anathème grandit, augmenta d'un étage. Nommez-moi une science qui n'ait été révolte.
    Il n'est qu'un seul moyen de concilier les deux esprits et de mêler les deux Églises. C'est de démolir la nouvelle, celle qui, dès son principe, fut déclarée coupable, condamnée. Détruisons, si nous le pouvons, toutes les sciences de la nature, l'Observatoire, le Muséum et le Jardin des Plantes, l'École de Médecine, toute bibliothèque moderne. Dirions nos lois, nos codes. Revenons au Droit canonique.
    Ces nouveautés, toutes, ont été Satan. Nul progrès qui ne fût son crime.
    C'est ce coupable logicien qui, sans respect pour le droit clérical, conserva et refit celui des philosophes et des juristes, fondé sur la croyance impie du Libre arbitre.
    C'est ce dangereux Magicien qui, pendant qu'on discute sur le sexe des anges et autres sublimes questions, s'acharnait aux réalités, créait la chimie, la
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