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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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chères études, j'en suis bien aise, c'est que
vous allez mieux, déclara Pluche.
    Elle tenait
Corisande dans ses bras. Gros Léon dormait.
    —       Vous
aussi, ma bonne Arthémise ! Le tokay vous a sauvé la vie. J'en ai trouvé
quelques jarres dans les bagages. Bien sûr, je les ai laissées à bord ! dit
Zéphyrine d'un air sérieux.
    —       Sainte
Vierge, vous n'avez pas fait cela ! Mes tristes boyaux démantibulés et mes
aigreurs me reprennent. Cette litière, par saint Basile, est aussi agitée
qu'une coquille de noix sur les flots que nous venons de quitter, gémit la
pauvre demoiselle.
    —       Soif
! Soif ! approuva Gros Léon.
    Partagée entre
l'envie de rire et l'affection qu'elle éprouvait pour sa dame de compagnie,
Zéphyrine sortit une jarre dissimulée dans un panier.
    —       Rassurez-vous,
ma Pluche, j'ai pensé à vos aigreurs.
    La jeune princesse
versa un gobelet de tokay qu'elle allait donner à demoiselle Pluche. Elle
arrêta son geste pour regarder une procession de pénitents. Ils étaient coiffés
de hautes cagoules, vêtus d'amples robes découvrant épaules et dos. Avec des
cris de repentir, ils se fustigeaient jusqu'au sang, tout en se dirigeant vers
la cathédrale.
    La litière de
Zéphyrine était obligée de s'arrêter contre un portail gothique, pour les
laisser passer. Un malheureux mendiant, pauvre hère ayant perdu un bras et une
jambe, suppliait :
    —       Un
réal par pitié, j'ai faim et soif...
    —       Tenez,
mon brave.
    Zéphyrine écartait
le rideau de la litière. A cloche-pied, le malheureux s'approcha. La jeune
femme lui mit dans la main quelques pièces qu'il fourra dans sa poche, puis
elle lui tendit un morceau de pain au lard et le gobelet de vin.
    —       Mon
tokay! protesta Arthémise.
    Devant le regard
outré de Zéphyrine, la duègne se tut aussitôt.
    —       Soyez
bénie, noble Dame, murmura le miséreux.
    Il but la totalité
du gobelet qu'il tendit à Zéphyrine, puis il se mit en devoir de dévorer le
quignon de pain.
    La procession était
passée. Conduite par La Douceur, la litière allait se remettre en marche. Un
hurlement de bête pétrifia Zéphyrine et ses compagnons.
    Une bave verte aux
lèvres, le mendiant se tordait sur le sol. Il hurlait :
    —       A
moi..., je meurs..., j'ai le feu aux entrailles... Ah! Madame..., c'est mal...
Vous irez en enfer... Empoisonner... un pauvre... miséreux... Un prêtre..., je
veux un prêtre... Aaaah...
    Zéphyrine,
horrifiée, était descendue de sa litière Piccolo, Emilia et La Douceur
voulaient porter secours à l'homme. Zéphyrine aperçut une fontaine. Elle prit
de l'eau dans ses mains. Le temps de revenir, le mendiant était mort, un rictus
sur le visage. Un attroupement s'était formé autour des étrangers.
    Zéphyrine sentait des regards noirs et méfiants. Ils avaient vu la jeune femme donner à
manger et à boire au malheureux.
    Un prêtre de la
cathédrale accourait. Les larmes aux yeux, Zéphyrine lui raconta, en fort bon
espagnol, ce qui s'était passé. Elle eut la présence d'esprit d'insister sur le
pain, qui aurait peut- être étranglé le mendiant.
    Elle se nomma. Son
titre de princesse fit merveille auprès de cet homme de Dieu.
    Après quelques
palabres, deux moines, dont les croix vertes d'inquisiteurs cousues sur leurs
épaules firent trembler Zéphyrine, vinrent se mêler à la discussion.
    Que n'avait-elle
entendu sur l'autorité de l'Inquisition en Espagne ? Elle savait qu'ils avaient
le pouvoir de la jeter avec ses gens dans un cul-de-basse-fosse.
    —       Voici
pour vos œuvres, Padres !
    Zéphyrine sortait
une bourse remplie de réaux.
    Les trois religieux
se confondirent en remerciements. La foule s'écarta et Zéphyrine put repartir,
bénie de sa générosité.
    Dans la litière,
Pluche ne savait que répéter en claquant des dents :
    —       Dieu
du ciel, Madame, c'est moi qui aurais dû boire. Dieu du ciel, Madame, c'est
moi...
    A la sortie de
Valencia, Zéphyrine donna l'ordre de s'arrêter. Elle sortit la jarre, versa le
contenu sur l'herbe. Sous l'effet du poison, les brindilles se tordirent.
    —       Soufre
! Soufre ! croassait Gros Léon.
    La Douceur renifla
le goulot :
    —       Oui-da, c' te
mixture est à base de soufre et d'orpiment [10] !
    —       La
base du poison des Borgia... murmura Zéphyrine. Un misérable en voulait...
    —       A
moi ! gémit Pluche.
    —
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