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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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d’avoir voulu tuer le roi…
    — C’est faux ! C’est toi qui m’as demandé d’aller chercher les poudres, toi qui as voulu ces messes ! crie Blanche.
    Athénaïs claque des doigts. D’un bras, Gaspard soulève Blanche, la plaque sur la table, attache ses membres aux brodequins :
    — Tu vas confirmer ce que madame la marquise t’a dit, oui ou merde !
    — Oui, gémit Blanche. Moi, Blanche…
    La porte s’ouvre. Antoine tire sur les soldats qui s’écroulent, vise la tête du magistrat dont la cervelle explose, achève Gaspard d’un coup de pistolet, délivre Blanche et affronte Athénaïs :
    — Trop tard, madame : le roi connaît la vérité. Son mépris et votre exil seront vos punitions. Mes hommages… s’incline-t-il. Viens Blanche, partons. Ça sent la mort ici.
    La jeune femme s’évanouit. Il la porte jusqu’à son cheval, galope vers Villarceaux. En chemin, il s’arrête à un relais, entraîne Blanche vers une salle fraîche où il commande du cidre.
    — C’est fini, ma chérie. Ils ne te feront plus de mal.
    — Comment as-tu su que j’étais là-bas ? murmure Blanche d’un pâle sourire.
    — Je savais depuis longtemps que tu étais en danger. La Champmeslé fut la première à me mettre sur la piste. Racine avait fréquenté la Voisin ; il avait confié à sa maîtresse que la sorcière fournissait Athénaïs. À la mort de Charles, j’ai cru que tu serais à moi, j’ai déchanté : j’ai bu, j’ai voyagé : j’ai ma fierté ! Lorsque Marquise est née, je me suis dit qu’il n’y avait plus rien à attendre. Aglaé m’a plu, je le reconnais. Elle n’est pas celle que tu crois. Elle ne t’a jamais fait de mal ; elle aurait voulu te protéger des manœuvres d’Athénaïs ; tu ne l’as jamais écoutée. Je n’étais pas amoureux d’elle : les choses ont dérapé. Sa mort m’a paru suspecte, d’autant qu’on a trouvé dans sa chambre de l’eau de Châteldon infectée – la préférée d’Athénaïs. Après ton enlèvement, j’ai interrogé la maquerelle du bordel. Elle m’a avoué que Hugo était un ami d’Athénaïs. Les preuves s’accumulaient. J’ai compris qu’elle allait te faire porter ses chapeaux. Guillaume m’a prévenu que tu étais recherchée. Hier, j’ai filé place Royale où madame de Maure t’avait vue entrer chez le bijoutier. Avec quelques pièces, la vendeuse m’a fait ses confidences : le duc de Beaufort avait demandé ton adresse. J’en ai déduit qu’il ne tarderait pas à envoyer ses hommes rue de la Vieille-Lanterne, qu’il se tramait quelque chose entre lui et la Montespan : j’ai foncé rue de Taranne.
    — Tu m’as sauvée, s’éblouit Blanche, la tête sur l’épaule d’Antoine.
    Comme ce sera doux de l’aimer, se dit-elle en fermant les yeux.
    — Pour l’heure, il faut que tu te fasses oublier en France. La police voudra t’interroger, la Montespan ne te lâchera pas, s’inquiète Antoine.
    — Et si nous allions en Nouvelle-France, chez mon père ? Nous pourrions passer par Locronan. Tu viendrais avec moi ?
    Antoine caresse ses longs cheveux et l’embrasse devant les clients de l’auberge attendris.
     
    À Villarceaux, Ninon et Marquise les accueillent avec des cris de joie. La nuit est noire. Blanche monte border sa fille :
    — Ma chérie, nous partons demain à l’aube. Nous irons dans la maison de ta grand-mère à Locronan ; nous prendrons ensuite un bateau qui nous emmènera au pays des Indiens.
    — Ils mangent les petites filles ?
    — Ton grand-père te protégera, ma chérie.
    Sous la tonnelle, Antoine et Blanche racontent à Ninon ce qu’ils viennent de vivre.
    — Tu l’as échappé belle, ma Blanche, soupire Ninon. Les témoignages de la Filastre et de Guibourg sont accablants pour Athénaïs. La Fontanges se meurt à l’abbaye de Chelles.
    — Le roi niera tout, affirme Antoine. Afin que la mère de ses enfants ne soit pas salie par le scandale, il va lui-même brûler les dossiers sur la Montespan.
    — Quanto ne figure plus sur les listes d’invitation. On lui enlèvera discrètement la garde des enfants, se réjouit Ninon. Mes chéris, il est tard : allez vous coucher, je vous dirai adieu au petit jour.
     
    Dans la chambre où elle a passé tant d’étés, Antoine déshabille lentement Blanche. Il s’extasie, l’enveloppe de douceur. Ils finissent par s’endormir, collés l’un contre l’autre. À cinq heures du matin, la voiture les attend
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