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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre
Autoren: Ian Caldwell
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origine criminelle n’a plus d’importance. C’est la dernière pierre de l’édifice. Et soudain, je me rappelle que Paul et moi ne sommes pas frères. Que nous ne partageons ni les mêmes croyances ni les mêmes convictions.
    Gil ouvre la bouche, tente de calmer le jeu, mais un bruit de pas qui semble provenir du couloir nous fait sursauter tous les trois.
    — C’est quoi, encore ? fait Gil.
    Puis on entend la voix de Curry.
    —  Paul , murmure-t-il derrière la porte.
    Personne ne bouge.
    — Richard, répond Paul en se précipitant sur le verrou.
    — Allez-vous en ! rugit Gil.
    Mais Paul a déjà tourné le verrou et une main actionne la poignée.
    Sur le seuil, vêtu du même complet noir que la veille, les yeux fous, Richard Curry semble décidé. Il n’est pas venu les mains vides.
    — Laissez-nous seuls, ordonne-t-il d’une voix rauque. Il faut que je parle à Paul.
    Paul aperçoit ce que Gil et moi avons vu : une tache de sang macule le col de la chemise de Curry.
    — Sortez d’ici ! aboie Gil.
    — Pourquoi, Richard ? lâche Paul.
    Curry le dévisage, puis lève le bras et brandit son paquet. Gil s’avance vers le couloir.
    — Décampez ! répète-t-il.
    Curry ne réagit pas.
    — Je l’ai, Paul. J’ai le plan. Il est à toi.
    — Je vous défends de vous approcher de lui, s’écrie Gil, alarmé. J’appelle la police.
    Mon regard se pose sur la liasse de papiers que tient ! Curry. Je m’avance dans le couloir pour faire barrage avec Gil. Quand ce dernier sort son portable, Curry profite de ce moment d’inattention et, avec une agilité remarquable, nous contourne, s’introduit dans la pièce en entraînant Paul à sa suite et claque la porte violemment. Impossible de réagir : nous l’entendons déjà enclencher le verrou.
    Gil tambourine sur la porte.
    — Ouvrez ! hurle-t-il avant de m’écarter et de forcer l’entrée avec un coup d’épaule.
    L’épais panneau de bois ne s’ébranle pas. Je m’y mets à mon tour et, après deux tentatives communes, le verrou commence à céder.
    — Encore un, s’époumone Gil.
    Au troisième coup, le métal s’expulse de ses joints et la porte s’ouvre dans un claquement, sec comme un coup de feu.
    Nous bondissons dans la pièce où les deux hommes se mesurent de part et d’autre de la cheminée. La main de Curry est toujours tendue. Gil se jette de tout son poids sur Curry, qui s’écroule devant le foyer. La tête de Richard heurte la grille métallique, qui, en se déplaçant, ranime les braises et fait jaillir des étincelles.
    —  Richard, crie Paul en se précipitant sur lui. Il le traîne loin de Pâtre et l’adosse contre le bar.
    Curry a une profonde entaille sur la tête et le sang qui coule abondamment l’aveugle tandis qu’il lutte pour se redresser. C’est alors que je remarque le plan dans la main de Paul.
    — Richard, est-ce que ça va ? demande Paul en lui secouant l’épaule. Appelez une ambulance !
    — La police s’en chargera, rétorque Gil.
    Je perçois une chaleur intense. La veste de Curry a pris feu. Et soudain, c’est le bar qui s’embrase.
    — Reculez ! ordonne Gil.
    Je suis pétrifié. Les flammes lèchent le plafond, courent le long des rideaux tendus au mur. Stimulé par l’alcool, l’incendie gagne du terrain, dévore tout sur son passage.
    — Tom ! aboie Gil. Il faut dégager ! Je vais chercher l’extincteur.
    Avec l’aide de Paul, Curry réussit à se relever. Il repousse Paul, s’avance en titubant vers le couloir tout en essayant de retirer sa veste.
    —  Richard, supplie Paul en lui emboîtant le pas.
    Revenu dans la salle avec l’extincteur, Gil arrose les rideaux. Mais le feu progresse trop vite pour qu’on puisse l’éteindre. La fumée s’échappe par la porte et roule le long du plafond.
    Nous battons en retraite, chassés par la chaleur et la fumée. Mes poumons se compriment. Je me couvre la bouche. Près de l’escalier, Paul et Curry titubent dans un épais nuage noir.
    J’appelle Paul, mais les bouteilles dans le bar commencent à exploser, avalant mes paroles. Une première vague de tessons frappe Gil. Je l’arrache de la pièce, espérant toujours une réponse de Paul. Puis, à travers la fumée, je l’entends qui crie :
    — Sauve-toi, Tom ! Sauve-toi !
    Les murs sont mouchetés de paillettes de feu. Un goulot vole dans les airs, reste suspendu un moment au-dessus de nos têtes, crachant des flammes, avant d’aller s’écraser
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