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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre
Autoren: Ian Caldwell
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diplôme, le conseil de discipline se réunira la semaine prochaine pour étudier votre cas et rendre sa décision. Veuillez prendre contact avec mon bureau pour convenir d’une rencontre préliminaire et confirmer bonne réception de ce courrier.
    Bien à vous,
    Meadows
     
    — Il savait ce qu’il faisait, lâche Paul.
    — Qui ?
    — Vincent. Ce matin.
    — En te menaçant ?
    — Il n’avait rien de tangible contre moi. Je n’allais pas sortir de mes gonds. C’est pour ça qu’il t’a parlé de ton père.
    J’entends dans sa voix l’accusation à peine voilée. Tout ce qui est arrivé est ma faute, parce que je me suis jeté sur Taft.
    — C’est toi qui as couru, murmuré-je à part moi. La boue gicle sous la voiture quand la suspension rebondit sur un nid-de-poule.
    — C’est moi qui ai prévenu la police, dit-il.
    — Quoi ? m’écrié-je.
    — C’est pour ça qu’ils ont emmené Vincent au poste. Je leur ai dit que je l’avais vu rôder près de la Dickinson avant qu’on tire sur Bill.
    — Tu as menti !
    J’attends la réaction de Gil, mais il garde les yeux rivés sur la chaussée. En regardant la tête de Paul, j’ai la curieuse impression de me voir, de dos, assis à côté de mon père dans la voiture le jour de l’accident.
    — C’est là ? demande Gil.
    Nous sommes devant une rangée de maisons de bardeaux blancs. Tout est noir chez Taft. Derrière les jardins s’étend le bois qui borde l’institut. La neige a déposé un voile scintillant sur la cime des arbres.
    — Il est encore au commissariat, marmonne Paul comme pour lui-même. Les lumières sont éteintes.
    — Bon sang, Paul ! Comment peux-tu être certain que le plan est ici ?
    — C’est le seul endroit où il a pu le cacher.
    Gil ne nous écoute même pas. Il s’est crispé en voyant la maison de Taft. Il lâche le frein et passe au point mort, prêt à faire marche arrière. Mais au moment où il va embrayer, Paul ouvre la portière et tombe dans la neige.
    — Merde ! s’exclame Gil en immobilisant la voiture pour voler à son secours.
    Le vent s’engouffre dans l’habitacle et étouffe ses paroles. Paul avance péniblement dans la neige.
    — Paul…, dis-je à mi-voix pour ne pas éveiller l’attention des voisins.
    Une lampe s’allume dans le pavillon mitoyen, mais Paul ne s’en soucie pas. Il est déjà sur la véranda, l’oreille contre la porte, et il cogne doucement.
    Le vent s’enroule autour des colonnes, lèche la neige de l’avant-toit. La lumière s’éteint chez le voisin. Paul tourne la poignée. La porte est verrouillée.
    — Que fait-on maintenant ? demande Gil, qui l’a rejoint.
    Paul frappe encore, puis sort un trousseau de clefs et en glisse une dans la serrure. D’un coup d’épaule, il pousse la porte, qui grince sur ses gonds.
    — On ne peut pas faire ça, dis-je en essayant l’autorité.
    Mais Paul, déjà à l’intérieur, scrute le rez-de-chaussée. Sans un mot, il avance à tâtons vers le fond de la maison.
    — Vincent, l’entend-on crier dans le noir. Vincent, vous êtes là ?
    Sa voix semble s’éloigner. J’entends des pas dans l’escalier. Puis plus rien.
    — Où est-il passé ? demande Gil.
    Une odeur bizarre plane dans la pièce. Forte et lointaine à la fois. Le vent souffle dans notre dos, soulève nos vestes, agite les mèches de Gil sur sa tête. Son portable sonne. Je ferme la porte.
    J’appuie sur un interrupteur, mais le hall reste noir. Mes yeux s’accoutument à l’obscurité. Je suis devant la salle à manger, mobilier baroque, murs sombres et chaises aux pieds fourchus.
    Le portable de Gil sonne de nouveau. Il est derrière moi et appelle Paul. L’odeur est plus forte. Trois objets ont été jetés sur la desserte. Un vieux portefeuille, un trousseau de clefs et une paire de lunettes. Soudain, tout converge.
    — Réponds ! dis-je, avant de m’élancer dans l’escalier.
    — Katie… ? hasarde Gil.
    Les ombres se superposent. L’escalier se disloque comme l’obscurité à travers un prisme. La voix de Gil s’amplifie.
    — Quoi ? Nom de Dieu…
    Puis il monte l’escalier quatre à quatre, me repousse, me crie de me dépêcher, m’annonce ce que je sais déjà.
    — Taft n’est plus chez les flics. Ils l’ont relâché il y a plus d’une heure.
    Nous arrivons sur le palier à temps pour entendre Paul hurler.
    Gil me bouscule, m’oblige à avancer vers ce cri. Comme l’ombre d’une vague dans
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