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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres
Autoren: Mireille Calmel
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avec Mary, il avait entendu Tom remonter avec une des filles de salle. Elle était sa préférée et ils se retrouvaient à chaque escale. Le pas de celui-ci était lourd dans le corridor, il riait grassement. Mary s’était de nouveau tendue à son approche, sa main était instinctivement venue caresser son pistolet, son œil s’était fait noir. Elle n’avait rien dit pourtant. Corneille n’avait pas bougé. Il aurait pu appeler Tom et les confronter. Mais ce n’était ni l’endroit ni le moment.
    A présent que ses sentiments et ses pensées avaient repris leur lucide sérénité, il pouvait s’y consacrer.
    Il sortit sans bruit de sa chambre, descendit l’escalier, franchit le seuil de l’auberge et se dirigea vers l’adresse que lui avait donnée Mary.
     
    Junior dormait, un sourire apaisé aux lèvres. Sitôt sa mère revenue, il s’était effondré, vaincu par la garde qu’il avait menée, posté en sentinelle sur le lit, tout habillé, son poignard à la main.
    Mary avait dû s’annoncer pour qu’il ouvre la porte. A peine entrée, elle avait été submergée de ses baisers. Elle lui avait tout raconté.
    — Un véritable ami ne trahit jamais ! avait énoncé Junior, reprenant le discours favori de son père, entendu maintes et maintes fois, avant de bâiller et de se pelotonner contre elle.
    Niklaus ne s’était que très rarement trompé sur les gens. Elle ne pouvait en dire autant. Il lui suffisait de songer à Emma pour s’en convaincre !
    Étendue à côté de son fils, sur le lit, Mary attendait Corneille, son arme à proximité. Leurs retrouvailles avaient été éprouvantes. Pour elle autant que pour lui.
    Il l’aimait encore. Du moins le prétendait-il. Pour la tromper ? Elle avait peine à concevoir qu’on puisse se languir ainsi. Aussi longtemps. Elle avait feint de le croire. Corneille avait compté pour elle. Plus sans doute qu’Emma ou Forbin. Mais le manque, l’insupportable douleur de la perte de Niklaus lui disait qu’elle ne l’avait pas aimé. Si Corneille avait éprouvé pour elle ce qu’elle ressentait encore pour son défunt mari, alors elle n’avait pas le droit de refuser la confiance qu’il lui réclamait.
    Elle avait guetté sur son visage, dans ses yeux, le moindre sursaut, la moindre expression pour en douter. Elle n’avait pu le prendre en défaut. Même dans sa manière de défendre son ami Tom. Même dans les réserves qu’il avait exprimées.
    Au fond, il avait peut-être raison. Était-elle certaine que Tom était un des hommes de main de Tobias Read ? Elle n’aurait pu en jurer. Elle l’avait fait pourtant. Elle souffrait trop aujourd’hui d’avoir sous-estimé ses adversaires.
     
    On gratta à la porte. Deux fois. C’était le signal. Elle s’en fut lui ouvrir, plaquant un doigt sur ses lèvres pour lui intimer l’ordre de baisser la voix. Corneille s’avança.
    — Il dort, dit-elle en désignant le garçonnet toujours habillé, recroquevillé en boule sur la courtepointe.
    — Il me paraît grand pour son âge, remarqua bêtement Corneille, pour ne pas avouer combien la présence de cet enfant porté par Mary le troublait.
    — Il l’est, répondit Mary en lui souriant, reconnaissante de cette diversion. Qu’as-tu décidé ?
    — De te conduire à Saint-Marcel, chez Forbin, cette nuit même. Il y est retourné pour préparer ses affaires. Il doit se rendre auprès de son ministre pour y prendre de nouveaux ordres. Je ne peux décider à sa place en ce qui concerne la présence de Junior sur le navire.
    — Et pour Tom ?
    — Nous en parlerons avec le capitaine. Sois patiente, Mary. Tom demeure mon ami tant que je ne suis pas convaincu de ses méfaits. Je me fais fort de lui arracher ses secrets pour le confondre. J’accepterais de le perdre pour te sauver. Mais tu devras en retour admettre la vérité si tu t’es trompée.
    Mary hocha la tête.
    — Il faut partir dès maintenant, sans quoi nous raterons Forbin, reprit Corneille. Réveille ton fils et rejoignez-moi à l’écurie.
     
    Quelques minutes plus tard, Junior entre ses jambes comme à l’accoutumée, Mary chevauchait aux côtés de Corneille. Leurs montures filaient à bride abattue sur les chemins poussiéreux de Provence, en direction de Saint-Marcel, près du petit village d’Aubagne.
     
    Forbin se leva d’une humeur massacrante.
    Il détestait être réveillé en pleine nuit, estimant qu’à terre il n’existait aucune urgence susceptible de
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