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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres
Autoren: Mireille Calmel
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Corneille s’assurera de sa sécurité. Dès mon retour. Dès que cette affaire avec Tom sera réglée.
    Corneille se renfrogna. Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait prévu. Il aurait préféré veiller la mère à Paris, que le fils sur un navire. Un simple coup d’œil vers elle, visiblement tranquillisée par cette perspective, le fit s’incliner pourtant et se taire. Mais il était certain que Forbin l’avait immobilisé à cette tâche pour se venger de son ancienne trahison.
    Leur rivalité venait de se réveiller.
    La pendule sonna quatre heures. Forbin bâilla et se leva. Corneille et Mary l’imitèrent.
    — Retourne à Toulon, Corneille, et fais ce que tu dois. Toi, Mary, récupère tes affaires à l’auberge où tu les as laissées et reviens t’installer ici. Je vais charger Jacques de s’occuper de Junior en ton absence. Moi, je vais aller terminer ma nuit.
    — Te verrai-je avant ton départ ? demanda-t-elle.
    — J’en doute. Je pars au petit jour. C’est sans importance, Mary, assura-t-il en lui empoignant les épaules avec tendresse.
    Leurs regards se fondirent.
    — Je suis heureux de te revoir. Plus que tu ne peux l’imaginer, mais je ne peux me réjouir de ta présence sachant ce qu’elle t’a coûté. Retrouve ta fille. Cela seul compte. Le reste, Mary Read, tout le reste, insista-t-il en glissant une œillade vers Corneille, tu ne dois pas y penser.
    — Merci, mon capitaine.
    — Merci à toi, Mary Read. Notre rencontre fut une des plus belles choses qui me soient jamais arrivées, acheva Forbin en l’enlaçant pour la serrer contre son cœur, ravi de la jalousie qu’il provoquait chez son rival.
    Elle s’écarta de lui, touchée par son geste, puis réveilla Junior. En quelques mots, tandis qu’il frottait ses yeux, elle lui expliqua ce qu’ils avaient décidé. Sonné par son maître, Jacques parut et Junior accepta en bâillant la main qu’il lui tendit pour l’emmener.
     
    *
     
    Lorsque l’Homme en noir s’éveilla, la bouche pâteuse de s’être enivré la veille, il avait encore une jambe repliée sur le ventre de la catin avec laquelle il était monté.
    Au moment où il lui intima l’ordre de le laisser, Mary s’attablait pour manger avec Junior à Aubagne, Forbin progressait sur la route de Paris dans sa voiture et Corneille ruminait ses doutes en tirant sur sa pipe, devant un verre d’anisette, dans la vaste salle à manger de l’auberge qu’il avait regagnée, trois heures plus tôt.
     

4
     
     
    —  M auvais réveil ? demanda Corneille à Tom, à peine ce dernier se laissa-t-il choir sur un tabouret en face de lui, dans la salle du rez-de-chaussée de l’auberge.
    Depuis quelques minutes, las de l’attendre et affamé, Corneille avait attaqué une cuisse de poulet.
    — Sers-moi la même chose ! réclama Tom à l’aubergiste. Palsambleu ! lâcha-t-il en se pressant les tempes et en se retournant vers Corneille. J’ai une canonnade dans la tête ce matin. Si tu avais été là hier soir, je n’aurais pas bu autant. Cette pute m’a délesté de la moitié de ma solde, comme d’habitude.
    Corneille se moqua, décidé à ne rien laisser paraître :
    — Comme si tu avais besoin de moi pour boire comme deux et te faire rouler par Clarisse !
    L’aubergiste posa devant Tom l’assiette qu’il avait commandée et celui-ci entreprit de déchirer la cuisse de poulet à pleines dents, pour se guérir de sa nausée. Le cheveu noir en bataille révélant plus que d’ordinaire sa vilaine cicatrice, pas rasé, Tom avait une mine détestable. Corneille le détailla comme il ne l’avait jamais fait.
    — Qu’est-ce que j’ai ? demanda Tom sans lever les yeux, conscient pourtant de cet examen inhabituel.
    — Rien. Ou plutôt si, se reprit Corneille aussitôt. Je pense à ta migraine et je vois ta cicatrice.
    Tom haussa les épaules.
    — Et alors ? lança-t-il après avoir fait couler sa mangeaille d’une goulée de vin.
    Son appétit et sa soif revenaient.
    — Rien, répéta Corneille. Je me dis juste que ça ne doit pas être agréable.
    — On s’y fait. Depuis le temps, tu sais ! En tout cas, toi, tu as l’air d’aller mieux ce matin, déclara-t-il pour changer de sujet.
    — J’ai beaucoup réfléchi, cette nuit, et j’en suis arrivé à me dire que tu avais raison à propos de Mary. Je ne peux pas continuer à vivre avec son fantôme.
    L’Homme en noir leva son verre.
    — Ça, c’est une grande nouvelle,
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