Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne
Autoren: Donna Cross
Vom Netzwerk:
déjà croisé une autre de ces créatures chimériques,
sœur secrète et inconnue, dans la pénombre d’une cathédrale ou d’un cloître.
    Cette pensée fit
naître un sourire sur ses lèvres. Ayant plongé une main dans les replis de sa
robe d’archevêque, elle serra entre ses doigts le médaillon de bois de sainte
Catherine accroché autour de son cou. Il ne l’avait jamais quittée depuis le
jour où Jeanne le lui avait offert, un demi-siècle plus tôt.
    Dès le lendemain,
elle ferait relier le manuscrit de cuir et d’or. Quand il serait prêt, elle le
déposerait aux archives de la bibliothèque épiscopale. Ainsi resterait-il
quelque part une trace de la papesse Jeanne, qui, bien que femme, n’en avait
pas moins été un bon et fidèle vicaire de Jésus-Christ. Un jour, sans doute,
quelqu’un lirait son histoire et la conterait à son tour.
    Ma dette est payée, se dit-elle. Requiesce in pace,
Johanna Papissa.

NOTE DE L’AUTEUR
    La papesse Jeanne a-t-elle existé ?
     
    « Partout où vous voyez une légende, vous pouvez être sûr, en
allant au fond des choses, que vous trouverez l’Histoire. »
    Vallet de Viriville.
     
    La papesse Jeanne
figure au nombre des personnages les plus fascinants, les plus extraordinaires
et les plus méconnus de l’Histoire occidentale. La plupart des gens n’ont
jamais entendu parler d’elle, et ceux qui connaissent son nom s’imaginent qu’il
renvoie à une légende.
    Toutefois, durant
plusieurs centaines d’années, le règne de Jeanne a été universellement reconnu
et admis comme une réalité. Au milieu du dix-septième siècle, l’Église
catholique, sous la pression croissante d’un protestantisme en plein essor,
entreprit un effort concerté pour détruire toutes les archives historiques
concernant Jeanne. Des dizaines de manuscrits et de livres furent saisis par le
Vatican. L’éradication de Jeanne de nos consciences modernes atteste l’efficacité
de cette politique.
    Aujourd’hui, l’Église
avance deux arguments principaux pour nier le pontificat de Jeanne : l’absence
de toute référence à son règne dans les documents contemporains et l’absence d’un
laps de temps suffisant entre le règne de son prédécesseur, Léon IV et celui de
son successeur Benoît III.
    Or, ces arguments
ne sont pas concluants. Tout d’abord, il n’est guère surprenant que Jeanne ne
soit mentionnée dans aucun document contemporain, étant donné le temps et l’énergie
consacrés par l’Église, de son propre aveu, pour l’en expurger. Le fait qu’elle
ait vécu au neuvième siècle, au plus profond de ce qu’on appelle l’Âge des
Ténèbres, a certainement facilité la tâche de ceux qui furent chargés d’oblitérer
son pontificat. Le neuvième siècle se caractérisa par un illettrisme largement
répandu, et ce faisant par une extraordinaire pénurie d’archives écrites.
Aujourd’hui encore, les recherches universitaires portant sur cette période se
fondent sur des documents épars, incomplets, contradictoires et souvent douteux.
On ne retrouve ni minutes de procès, ni cadastre, ni archives comptables, ni
chroniques de la vie de tous les jours. À l’exception d’un ouvrage historique
plus que contestable, le Liber pontificalis  – le Livre des
papes, qualifié de « document de propagande » par un expert
 –, nous ne disposons d’aucune chronologie précise des papes du neuvième
siècle. Qui étaient-ils ? Quand ont-ils régné ? Qu’ont-ils fait ?
Hors du Liber pontificalis, on ne trouve qu’une seule mention du successeur
de Jeanne, le pape Benoît III  – qui pourtant, lui, ne fut l’objet d’aucune
censure.
    Un exemplaire
très ancien du Liber pontificalis mentionnant le pontificat de Jeanne
est parvenu jusqu’à nous. Le paragraphe concernant notre héroïne est de toute
évidence une interpolation postérieure, grossièrement insérée dans le corps
originel du texte. Ce simple fait ne suffit pas nécessairement à infirmer sa
véracité ; il se peut qu’un historiographe ultérieur, convaincu par les
nombreux témoignages de chroniqueurs politiquement moins suspects, se soit
senti moralement obligé de rectifier la chronologie officielle. Blondel, l’historien
protestant qui étudia ce texte en 1647, conclut que le passage sur Jeanne avait
été ajouté au quatorzième siècle. Son opinion se fondait sur des variations
stylistiques et graphologiques  – critères à tout le moins subjectifs. En
ce qui
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher