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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés
Autoren: Sven Hassel
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saisir: la chance d'être gracié !
    Le commandant du camp nous informa que les volontaires seuls avaient droit à cette chance. A raison de quinze par année de peine restant à courir. Ce qui, pour moi, représentait un total de deux cent vingt-cinq.
    Mais je m'aperçois que je n'ai rien expliqué. Pour avoir une chance d'être gracié, il fallait désamorcer quinze bombes non explosées par année de peine à purger. Quinze bombes multipliées par quinze ans — ma première année était bien loin d'être révolue — égale deux cent vingt-cinq...
    Il ne s'agissait pas, naturellement, de bombes ordinaires, mais de celles que ni les artificiers de la défense passive, ni les unités militaires n'osaient attaquer. Certains prisonniers avaient réussi à en désamorcer une cinquantaine avant de se faire pulvériser, mais il fallait bien que, tôt ou tard, quelqu'un allât beaucoup plus loin — disons : jusqu'à deux cent vingt-cinq — et je n'hésitai pas à me porter volontaire.
    Ce fut peut-être ce raisonnement qui détermina ma décision. Ou bien le fait que chaque matin, avant de partir, on nous donnait le quart d'un pain de seigle, un petit bout de saucisse et trois cigarettes en guise de rations supplémentaires...
    Après une période d'instruction toujours extrêmement brève — comme le sont, en temps de guerre, toutes les « périodes d'instruction » — les SS nous conduisaient, chaque jour, aux divers endroits où nous attendaient les bombes non explosées. Nos gardiens se tenaient à distance respectueuse, tandis que nous creusions la terre autour de la bombe, c'est-à-dire, parfois, jusqu'à cinq ou six mètres de profondeur. Quand la bombe était dégagée, il fallait la libérer de sa gangue en la ceinturant d'un premier câble, puis en la halant centimètre par centimètre, jusqu'à la redresser complètement. Dès qu'un de ces engins pendait de tout son poids aux mâts de charge installés dans le trou, tout le monde s'escamotait. Prudemment, pour ne pas éveiller le monstre, mais rapidement, pour aller se mettre à couvert. Un seul homme restait sur place : le prisonnier chargé de dévisser l'amorce. S'il faisait un faux mouvement.
    Nous avions toujours deux ou trois boîtes en bois, dans le camion-atelier, à l'intention de ce genre de maladroits, mais elles ne servaient pas tous les jours. Non que les faux mouvements fussent exceptionnels, mais il était souvent assez difficile de retrouver quelque chose à mettre dans la boîte.
    Beaucoup s'asseyaient sur la bombe, pour en dévisser l'amorce. Il est plus facile, ainsi, de maintenir le détonateur dans une position fixe. Mais je découvris qu'il valait encore mieux se coucher sur la bombe, dans le fond du trou, après redressement de l'engin. Il suffisait, alors, de laisser le tube glisser bien doucement dans la main gantée d'amiante...
    Ma soixante-huitième bombe était une torpille aérienne et il nous fallut quinze heures pour la dégager. On ne parle guère, quand on fait ce genre de boulot. On est perpétuellement sur le qui-vive. On creuse prudemment, en réfléchissant avant d'appuyer sur la bêche, avant de se servir de ses mains ou de ses pieds. Il importe de respirer calmement, régulièrement, de ne faire aucun geste irraisonné, et jamais plus d'un à la fois. Parvenu à un certain stade, les mains sont les meilleurs outils, si l'on veut éviter tout glissement de terre. Qu'une torpille se déplace d'un demi-centimètre et cela peut signifier l'explosion, la mort. Dans une position présente, elle est silencieuse et bien sage. Mais quelle idée lui passera par la tête si l'on avise de modifier cette position ? Position qui précisément doit être modifiée... Car il faut hisser la bombe sur le derrick qui l'emportera. Il faut dévisser l'amorce de la bombe. Jusque-là, mieux vaudrait ne pas respirer, alors dépêchons-nous de... Non, non, pas de hâte intempestive. Doucement, mais sûrement. Petit train va loin. Chaque mouvement bien calme et délibéré...
    Une torpille aérienne est un adversaire impassible ; elle ne fait rien voir, elle ne trahit pas ses secrets. On ne peut pas bluffer une torpille aérienne.
    On nous interdit, cette fois, de désamorcer la bombe sur place. Il fallait, auparavant, la transporter en dehors de la ville. Cela pouvait signifier, soit qu'il s'agissait d'un nouveau type de bombe que personne ne connaissait encore, soit qu'elle gisait dans une position telle que l'explosion se produirait si
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