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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés
Autoren: Sven Hassel
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aller raconter au monde ce que celui-là signifie.
    Rectification, tu ne peux aller nulle part.
    J'étais si médusé, retranché de toutes choses réelles, que j'entendis, sans les comprendre tout d'abord, les commentaires du président.
    Il disait qu'en me laissant la vie sauve, ils avaient permis à la miséricorde de tempérer la justice. Il disait que j'étais un Auslandsdeutscher ; que j'avais été rappelé au Danemark et que des femmes irresponsables, des femmes qui ne méritaient pas l'honneur d'être allemandes m'avaient persuadé de déserter et que pour toutes ces raisons, le conseil — dans sa mansuétude infinie — n'avait pas jugé utile de me condamner à mort.
    Fers aux chevilles, menottes aux poignets, nous étions enchaînés deux par deux, et une longue chaîne courait en outre autour du détachement tout entier. On nous conduisit à la gare des marchandises, sous une lourde escorte de police militaire armée jusqu'aux dents.
    Nous restâmes entassés dans nos wagons durant trois jours et trois nuits...
     

Ils mourraient le Jour, Ils mourraient la nuit

    Avant de vous souhaiter la bienvenue dans notre délicieuse petite pension de famille, laissez-moi vous dire qui vous êtes et ce que vous êtes !
    « Vous n'êtes qu'un ramassis de putains pouilleuses et d'infects salopards ; un troupeau de porcs et de truies ; la lie de l'humanité. C'est ce que vous avez toujours été, et ce que vous resterez jusqu'à la fin de vos jours. Et pour que vous puissiez bien vous vautrer dans votre propre ordure, nous allons nous charger de vous faire crever lentement, très lentement, afin que vous ayez le temps de tout apprécier à sa juste valeur. Je vous donne mon assurance personnelle que nul ne sera frustré de quoi que ce soit. Tout le monde ici va s'occuper assidûment de votre guérison. Je serais affreusement désolé qu'un seul d'entre vous manquât la moindre chose.
    » Ceci dit, je puis vous souhaiter la bienvenue au Camp Disciplinaire SS et Wehrmacht de Lengries.
    » Bienvenue, Mesdames et Messieurs, au camp d'extermination de Lengries ! »
    Il frappa sa botte luisante du bout de sa cravache et laissa le monocle tomber de son œil. Pourquoi les individus de ce type portent-ils toujours un monocle ? Il doit y avoir une explication psychologique.
    Un Hauptscharführer de SS lut à haute voix le règlement qui se résumait à ceci : tout était interdit et la moindre transgression serait punie de jeûne, de bastonnade, de mort.
    La prison : cinq étages de cages superposées, sans cloisons intermédiaires, rien que des barreaux. Nous passâmes à la fouille et au bain, puis on nous rasa la moitié du crâne et l'on enduisit toutes nos zones pileuses d'un produit chimique puant, corrosif, qui rongeait et brûlait comme du feu. 
    Ensuite, on nous fourra dans des cellules où nous restâmes complètement nus pendant quatre heures, tandis que des SS nous soumettaient à une nouvelle « fouille » : seringue dans les oreilles, doigts dans la bouche, sans oublier aisselles et narines. Enfin, on nous administra un lavement de cheval qui nous catapulta jusqu'aux w.-c. alignés le long d'un mur. Et ce fut pis encore pour les deux jeunes femmes qui durent supporter par surcroît les plaisanteries obscènes des gardiens et subir un « examen spécial ».
    Les vêtements qu'on nous remit — vareuse et pantalon rayés — étaient faits d'un tissu horriblement rugueux, genre toile de sac, qui vous donnait l'impression d'être perpétuellement infesté de vermine ou de fourmis venimeuses.
    Un Oberscharführer nous fit ressortir et mettre en rang devant un Untersturmführer qui, désignant aussitôt le prisonnier debout à l'extrême droite, vociféra :
    — Toi, viens ici !
    Un SS poussa l'homme par-derrière, l'envoyant comme un pantin désarticulé à portée du petit officier vaniteux, devant qui il reprit automatiquement le garde-à-vous.
    — Nom ! Age ! Motif de la condamnation ! Vite !
    — Johann Schreiber. Vingt-quatre ans. Condamné à vingt ans de travaux forcés pour haute trahison.
    — Dis-moi un peu... Tu n'as jamais été soldat ?
    — J'étais Feldwebel au 123 e Régiment d'Infanterie.
    — Autrement dit, c'est par insubordination pure et simple que tu ne te donnes pas la peine de te présenter correctement au rapport. A quoi tu joins l'impertinence de ne pas t'adresser à moi comme on t'a appris à le faire. Rectifie la tenue, ordure ! Nous allons essayer, maintenant, de te purger de ces
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