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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges
Autoren: Bernard Cornwell
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regarda mais ne parut pas le voir. Il avait un
demi-sourire et des yeux vides.
    — Will !
    — Il va mourir, Thomas, murmura le père Hobbe.
    — Il ne va pas mourir, sacré nom, il ne va pas
mourir ! Vous m’entendez ? Il va vivre. Vous allez prier pour
lui !
    — Je vais prier. Dieu sait si je vais prier, dit le
père Hobbe pour apaiser Thomas, mais nous devons d’abord le soigner.
    Eléonore vint apporter son aide. Elle lava le crâne de
Skeat, puis, avec le père Hobbe, elle remit en place les morceaux de crâne
comme ceux d’une tuile cassée. Après quoi, Eléonore déchira une bande de tissu
dans sa robe bleue et pansa la tête de Skeat en faisant passer la bande sous
son menton. Quand ce fut fini, il ressemblait à une vieille femme en foulard.
Durant toute l’opération, il n’avait rien dit. Et s’il ressentit de la douleur,
cela ne parut pas sur son visage.
    — Bois, Will, dit Thomas en lui tendant une gourde
d’eau prise à un Français mort.
    Mais Skeat ne réagit pas. Eléonore prit la gourde et la
porta aux lèvres de Skeat, mais l’eau ne fit que couler sur son menton. Il
faisait nuit. Sam et Jake avaient fait un feu en se servant des haches d’arme
pour transformer les lances en petit bois. Will Skeat restait près du feu. Il
respirait mais c’était tout.
    — J’ai déjà vu un cas semblable, dit messire Guillaume
à Thomas.
    Depuis la fin de la bataille, il avait à peine prononcé un
mot, mais à présent il était assis près de Thomas. Il avait regardé sa fille
soigner Skeat et accepté qu’elle lui apporte de la nourriture et de l’eau, mais
il avait évité de parler avec elle.
    — Va-t-il guérir ? demanda Thomas.
    — J’ai vu un homme avec le crâne ouvert. Il a vécu
encore quatre ans, mais seulement parce que les sœurs d’une abbaye se sont
occupées de lui.
    — Il va vivre ! dit Thomas.
    Messire Guillaume leva l’une des mains de Skeat, la tint un
court instant et la laissa retomber.
    — Peut-être, dit-il d’un ton dubitatif. Tu l’aimais
beaucoup ?
    — Il est comme un père pour moi.
    — Les pères meurent, dit messire Guillaume d’un air
sombre.
    Il paraissait épuisé, comme un homme qui a tourné son épée
contre son propre roi et a échoué dans sa mission.
    — Il va vivre, répéta Thomas avec entêtement.
    — Va dormir, lui dit messire Guillaume, je m’occuperai
de lui.
    Thomas s’endormit parmi les morts, sur la ligne de bataille
où gémissaient les blessés et où le vent de la nuit agitait les plumes blanches
qui parsemaient la vallée. Au matin, Skeat était toujours dans le même état. Il
restait assis, les yeux vides, ne regardant rien et dégageant une mauvaise
odeur parce qu’il s’était souillé.
    — Je vais trouver le comte, dit le père Hobbe, et lui
demander que Will retourne en Angleterre.
    L’armée s’anima paresseusement. Quarante hommes d’armes
anglais et autant d’archers furent enterrés dans le cimetière de Crécy mais, à
l’exception des grands princes et des plus nobles seigneurs, les centaines de
cadavres français furent laissés sur la colline. Les habitants de Crécy
pourraient toujours les enterrer s’ils le souhaitaient, Edouard d’Angleterre
s’en désintéressait.
    Le père Hobbe chercha le comte de Northampton. Mais deux
mille hommes d’infanterie étaient arrivés juste après l’aube pour renforcer
l’armée du roi de France qui était déjà brisée. Dans la lumière brumeuse, ils
avaient cru que les hommes à cheval qui les saluaient étaient des amis.
Cependant les cavaliers avaient baissé leurs visières, pointé leurs lances et
éperonné leurs destriers. Le comte était à leur tête.
    La veille, les chevaliers anglais n’avaient pu combattre à
cheval. À présent, en ce dimanche matin, le moment tant attendu était venu. Ils
taillèrent de sanglantes allées dans les rangs des fantassins puis tournèrent
pour mettre en pièces les survivants terrorisés. Les Français s’enfuirent,
poursuivis par les cavaliers implacables qui cognèrent jusqu’à ce que leurs
bras fussent las de tuer.
    Sur la colline entre Crécy et Wadicourt, on fit une pile des
bannières ennemies. Les drapeaux étaient déchirés et certains encore humides de
sang. L’oriflamme fut apportée à Edouard qui la plia et ordonna aux prêtres de
dire des actions de grâce. Son fils était vivant, la bataille était gagnée et
toute la chrétienté saurait que Dieu favorisait la cause anglaise.
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