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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges
Autoren: Bernard Cornwell
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Il déclara
qu’il resterait tout ce jour sur le champ de bataille pour célébrer sa
victoire, puis qu’il poursuivrait sa marche. L’armée était fatiguée, mais elle
avait désormais des bottes et il était possible de la nourrir. Le bétail beugla
quand les archers égorgèrent les bêtes. D’autres archers apportèrent de la
colline opposée les vivres abandonnés par les Français. D’autres hommes
ramassaient les flèches et les assemblaient en gerbes tandis que leurs femmes
détroussaient les morts.
    Le comte revint sur la colline de Crécy avec un sourire
carnassier.
    — C’était comme tuer des moutons ! dit-il en
exultant.
    Ensuite, il parcourut de long en large toute la ligne de
bataille afin de revivre les émotions des deux derniers jours. Il s’arrêta près
de Thomas et adressa un sourire aux archers et à leurs femmes.
    — Vous avez changé, jeune Thomas ! dit-il
joyeusement.
    Mais il abaissa son regard et vit Skeat assis comme un
enfant, la tête enveloppée d’un foulard bleu.
    — Will ? dit le comte étonné. Sir William ?
    Skeat ne bougea pas.
    — Il a eu le crâne fendu, monseigneur, dit Thomas.
    L’assurance du comte se dégonfla comme une vessie percée. Il
s’affaissa sur sa selle en remuant la tête.
    — Non, protesta-t-il, pas Will !
    Comme il avait encore son épée couverte de sang à la main,
il l’essuya à la crinière de son cheval et la remit au fourreau.
    — Je m’apprêtais à l’envoyer en Angleterre, dit-il.
Va-t-il survivre ?
    Personne ne répondit.
    — Will ? appela le comte.
    Il descendit maladroitement de sa selle et s’accroupit
auprès de l’homme du Yorkshire.
    — Will ? Dis-moi quelque chose, Will !
    — Il faut qu’il retourne en Angleterre, monseigneur,
dit le père Hobbe.
    — Bien entendu, dit le comte.
    — Non, dit Thomas.
    Le comte fronça les sourcils.
    — Non ?
    — Il existe un médecin à Caen, monseigneur, dit Thomas
en français, et je voudrais l’y emmener. Ce médecin fait des miracles,
monseigneur.
    Le comte eut un sourire triste.
    — Caen est à nouveau entre les mains des Français,
Thomas. Je doute qu’ils te fassent bon accueil.
    — Il sera bien accueilli, dit messire Guillaume.
    Pour la première fois, le comte remarqua le Français et sa
livrée inconnue de lui.
    — C’est un prisonnier, monseigneur, expliqua Thomas,
mais aussi un ami. Nous sommes à votre service, sa rançon est pour vous, mais
lui seul peut emmener Will à Caen.
    — Est-ce une grosse rançon ? demanda le comte.
    — Très grosse, répondit Thomas.
    — Dans ce cas, votre rançon, dit le comte à messire Guillaume,
c’est la vie de Skeat.
    Il se releva et prit les rênes de son cheval qu’il avait
confiées à un archer, puis se retourna vers Thomas. Ce garçon avait changé,
pensa-t-il, il avait l’air d’un homme. Il s’était coupé les cheveux. Il les
avait taillés, plutôt. Et il ressemblait à un soldat, à un homme capable de
conduire les archers à la bataille.
    — Je veux que tu sois revenu au printemps, Thomas,
dit-il. Il faut quelqu’un pour commander les archers, et si Will ne peut pas le
faire, ce sera toi. Occupe-toi de lui, maintenant, mais au printemps tu te
remettras à mon service, tu m’entends ?
    — Oui, monseigneur.
    — J’espère que ton médecin peut faire des miracles, dit
le comte avant de s’en aller.
    Messire Guillaume avait compris ce qui s’était dit en
français mais pas le reste. Il regarda Thomas.
    — Allons-nous à Caen ? demanda-t-il.
    — Nous allons amener Will au docteur Mordecaï.
    — Et après ?
    — Je retournerai auprès du comte, dit sèchement Thomas.
    Messire Guillaume tressaillit.
    — Et Vexille ? Qu’adviendra-t-il de lui ?
    — Qu’adviendra-t-il de lui ? Il a perdu sa lance.
    Il regarda le père Hobbe et lui demanda en anglais :
    — Ai-je effectué ma pénitence, mon père ?
    Le père Hobbe acquiesça. Il avait reçu la lance brisée des
mains de Thomas et l’avait confiée au confesseur du roi qui avait promis que
cette relique serait déposée à Westminster.
    — Oui, tu as fait pénitence, dit le prêtre.
    Messire Guillaume ne parlait pas anglais mais il avait dû
comprendre au ton du prêtre ce que celui-ci avait dit car il lui jeta un regard
froissé.
    — Vexille vit toujours, dit-il à Thomas avec des larmes
dans son œil unique. Il a tué ton père et ma famille. Même Dieu veut sa
mort ! Veux-tu me laisser aussi brisé
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