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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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l’épaule de son voisin le plus proche.
    — Merci. Joyeux Noël, lui souhaita-t-il.
    L’homme leva vers lui des yeux embués, implorants.
    Tout son visage semblait crier : « Tu es debout, tu vas quelque part. Emmène-moi ! »
    Otant sa main de l’épaule du soldat, le caporal Mond déclara :
    — Je rentre chez moi.
    Si l’homme s’était levé, Nikki aurait volontiers accepté sa compagnie.
    Il fixa un moment Nikki. Son visage, qu’il avait détourné du feu, était partagé par l’ombre. Il finit par secouer la tête sous la couronne pesante de son chagrin.
    Mond se dirigea vers la porte. Derrière lui, le chant de Noël de la « Forteresse Stalingrad » craquetait comme un bloc de glace dans la Volga.
    Il trouva son rouleau de couchage dans le noir. Exténué, transi, il posa la tête sur son sac. Il sentait dans les extrémités de ses doigts et de ses orteils une sorte de douleur blanche, comme s’ils étaient recouverts d’une croûte de glace ; il se força à les remuer en se couchant en chien de fusil sur le sol. Le sommeil le gagna rapidement et le retint jusqu’au matin dans des rêves où il marchait dans une brume tourbillonnante.
    Juste après l’aube, une moto passa en rugissant sous sa fenêtre et pénétra dans le grand magasin dévasté d’en face où Ostarhild avait eu ses bureaux et où le remplaçait à présent un capitaine hagard. Nikki se leva pour voir le motocycliste couvert de neige monter les marches d’un pas vif. Encore des renseignements, pensa-t-il. Encore des informations sur ce qui se passe ici et dans la steppe. Dis la vérité à tout le monde, messager. Remonte sur ta moto et répands la nouvelle.
    Nikki n’avait rien à manger. Il aurait pu trouver une popote où on lui aurait donné ses rations quotidiennes de soixante grammes de pain, trente grammes de bouillie de viande, dix grammes de beurre et de café, mais il n’avait pas envie de faire la queue aujourd’hui. La faim l’aiderait à rester vigilant.
    Il regarda son fusil, appuyé depuis un mois sur la grille de boulanger. Il parcourut des yeux les murs de son sous-sol, s’arrêta sur son sac à dos, son rouleau de couchage, la lampe sans pétrole. C’était tout ce que l’armée allemande lui offrait en guise de protection. C’était insuffisant.
    Avec son couteau, il découpa son sac en bandes dont il emmaillota ses bottes. Il partagea son rouleau de couchage en trois grands morceaux : l’un pour entourer sa poitrine, sous son manteau, l’autre pour ses épaules. Le dernier, à nouveau coupé, servit à couvrir son cou, ses oreilles, son nez et ses mains.
    Il monta les marches menant à la rue, où la neige tournoyait dans le vent, mais les bandes dont il s’était enveloppé émoussaient le mordant du froid. Le ciel était obstrué de nuages.
    Les bras serrés contre la poitrine, il marcha jusqu’à la gare principale, choisit une voie ferrée. Quoique tordu et brisé par endroits, le ruban de fer filait plein sud. Il le suivit.
    Nikki traversa la ville, croisa des hommes emmitouflés dont aucun ne lui demanda où il allait. Chacun se renfermait en lui-même. Les soldats se penchaient en avant et rentraient la tête dans les épaules pour offrir moins de prise au froid. Ils essaient juste de rester envie, pensa-t-il. Chacun le fait à sa manière. Quel que soit le nombre de gens autour de vous, la vie est une corvée dont on s’acquitte seul.
    Pendant quatre heures, il suivit les rails qui disparaissaient souvent sous la neige, ou se soulevaient parfois, tels des doigts de métal l’invitant à aller de l’avant.
    Il passa devant des lieux célèbres pour la fureur des combats qui s’y étaient déroulés en septembre et octobre. Il reconnut la gorge de la Tsaritsa, la gare annexe et le silo à céréales. Proche de la Volga, le silo avait été tenu pendant dix jours par cinquante défenseurs russes face à trois divisions allemandes. Il était maintenant noirci par le feu, hanté par les morts qu’il avait fallu y entasser pour faire gagner à l’Allemagne ce point minuscule sur une carte.
    Après le silo, Mond quitta le centre de la ville pour les faubourgs, où les maisons d’ouvriers et les cabanes en bois avaient été rasées par les blindés et l’artillerie. Rien n’était resté debout, pas même un arbre. La neige recouvrait le paysage, formant des ondulations blanches et lisses, interrompues çà et là par une planche ou un tuyau dépassant d’un tas. Les quartiers
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