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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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russe, était à considérer. La reddition ou la mort. Chaque soldat de la Sixième Armée se savait condamné à l’une ou à l’autre. Le message répété sur le champ de bataille ou à la radio s’ajoutait aux poux, à la faim et à la peur pour harceler des hommes aux nerfs déjà à vif.
    — Parle-moi de Manstein, réclama Nikki.
    Pour tous les soldats du Chaudron, ce nom symbolisait l ‘espoir. Le maréchal Erich von Manstein enfoncerait les lignes des assiégeants et libérerait le Chaudron. La Sixième Armée était trop faible pour rompre elle-même l’encerclement russe, la percée devait venir de l’extérieur. Cette mission avait été confiée au brillant Manstein, héros du siège de Sébastopol, en juillet. Depuis que le cercle russe s’était refermé autour des soldats allemands, les rumeurs circulaient parmi eux. « Hitler ne nous a pas oubliés, disaient-ils en se tenant mutuellement par les épaules, en s’accrochant l’un à l’autre comme pour s’empêcher de quitter ce monde. Il a envoyé Manstein nous tirer de là. »
    Le 12 décembre, douze jours plus tôt, ces espoirs devinrent réalité quand le maréchal attaqua. Parti de Kotelnikovo, Manstein lança treize divisions contre les Russes sur une bande étroite. Après dix jours de charge furieuse, d’attaques éclair semblables à des coups de hache contre un arbre, la 4 e Panzerdivision commandée par le général Hermann Hoth, dit
« Papa », parvint à moins de quarante kilomètres de la Sixième Armée.
    — Je les ai vus venir, se rappela le soldat. Chaque nuit, on regardait vers le sud, on voyait les lueurs devenir plus brillantes, on entendait le bruit du combat quand le vent soufflait dans le bon sens. On sautait de joie en criant : « Vas-y, Papa ! Fous-leur une raclée et sors-nous de là ! » On savait qu’ils arrivaient. On le savait… (Le sapeur se tourna complètement vers Mond pour être sûr de lui faire saisir toute son histoire, et la souffrance qui se cachait derrière.) Le dernier soir, les lueurs ont commencé à faiblir. On était là dans le noir, les mains tendues, comme des gosses. Et puis les lueurs ont disparu. Manstein avait fait
demi-tour. Nous, on a reçu l’ordre de nous replier. Les Russes nous attaquaient. C’est là que notre bahut a sauté.
    Il caressa de nouveau le tour et conclut :
    — Maintenant, je suis là. C’est fini, je crois.
    Nikki regarda la main de l’homme glisser sur la machine comme si c’était sa pierre tombale. Sans lever les yeux, le sapeur murmura :
    — Je crois que j’aimerais mieux rester seul, caporal.
    Nikki hocha la tête, tendit le bras vers l’épaule du soldat, mais ne la toucha pas. Il s’éloigna.
    La détonation le rattrapa alors qu’il s’apprêtait à franchir la porte. Il n’eut pas envie de se retourner, mais ne put s’empêcher de penser que son destin à lui était de graver dans sa mémoire les derniers jours de la Sixième Armée à Stalingrad. D’autres voudraient un jour connaître les souffrances de ces hommes. Nikki les relaterait.
    Il parlerait du fraiseur gisant près du tour de Boblingen dans un atelier vide, le visage dans une fleur écarlate de désespoir. Il parlerait des hommes décharnés au ventre plein de viande de chien. Ils ne s’étaient pas levés pour voir ce qui était arrivé au sapeur qui avait partagé leur réveillon, n’avaient pas même posé de questions quand le caporal était revenu s’asseoir parmi eux.
    Nikki passa la nuit aux Barricades sans retourner dans l’atelier où le sapeur s’était tué. Que cette pièce soit son tombeau, se dit-il. Qu’il repose en paix près du tour. Il y sera mieux que dans n’importe quel endroit où je pourrais le traîner.
    Autour de la lanterne, les hommes évoquèrent leur maison, leur travail dans le civil, leur femme et leurs enfants. D’une voix si basse qu’on l’entendait à peine, un soldat parla de lui comme s’il était déjà mort, s’interrogea sur le sort de sa famille. Sa femme et ses trois enfants iraient vivre chez sa mère, qui veillerait à ce que les garçons apprennent les bonnes manières et lisent quelques livres. Sa femme était une bonne ménagère, dure au travail, mais mal dégrossie, une fille de la campagne. Ces propos plongèrent chaque homme dans une rêverie sur ce que deviendraient les siens après sa mort à Stalingrad.
    Dans le couloir, deux sentinelles attendaient que leur tour de garde se termine. Mond expliqua qu’il n’avait
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