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La force du bien

La force du bien

Titel: La force du bien
Autoren: Marek Halter
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Perlasca, se placer sous la protection de l’Espagne. Mais, à ce moment, il n’y avait plus personne à la légation, à Budapest. Le gouvernement espagnol, ayant refusé de reconnaître le nouveau régime issu du coup d’État, avait rappelé tous ses représentants. Alors, sans rien demander à personne, je me suis installé, et je me suis mis à leur délivrer, à tous ces Juifs hongrois, des cartes de réfugié, des documents officiels du gouvernement espagnol. Avec ça, les nazis ne pouvaient pas les arrêter… »
     
    La course contre la montre d’Eichmann en provoque donc une autre : celle qui concerne la communauté juive de Hongrie, et qui va consister à essayer de sauver la vie du plus grand nombre possible de ces gens menacés d’extermination jusque dans les ultimes instants de l’hitlérisme.
    D’un côté, donc : Eichmann, dont la raison d’être paraît se confondre avec cette obsession d’anéantir les Juifs et qui s’évertue à organiser, en dépit de l’imminence de l’arrivée de l’Armée rouge, la déportation d’un maximum de malheureux qu’il fait envoyer dans les chambres à gaz.
    De l’autre : le groupe dit « des Cinq ». Ce groupe des Cinq représente, à Budapest, des pays neutres (la Suède, la Suisse, l’Espagne, le Portugal et le Vatican) qui tentent d’arracher le plus possible de victimes des mains des commandos nazis et de leur chef, ce lugubre greffier de la mort qu’est Eichmann. En juillet 1944, pour renforcer la capacité d’action du groupe des Cinq, le roi Gustave V de Suède dépêche à Budapest un envoyé spécial : Raoul Wallenberg.
    « Connaissiez-vous Raoul Wallenberg ?
    — Oui. Il travaillait à sauver le Ghetto. Je l’ai rencontré à la gare de marchandises de Budapest, où j’avais moi-même rendez-vous avec un très important colonel SS que je ne connaissais pas. De loin, j’ai aperçu l’officier allemand, et j’ai alors demandé à Wallenberg, qui se trouvait là avec moi : “ Qui est cet officier ? ” Et Wallenberg m’a répondu : “ C’est Eichmann… ”
    — Et cela se passait à la gare ?
    — Oui, à la gare où l’on chargeait le bétail… et les Juifs. Tous les jours, les représentants du groupe des Cinq s’y retrouvaient pour essayer d’arracher au fanatisme d’Eichmann quelques enfants juifs. J’y allais aussi. Mais mon travail principal se situait à la légation d’Espagne. Le peu de personnel qui s’y trouvait encore n’avait qu’un seul désir : rentrer au plus vite au pays. En l’absence de tout responsable, et sur ma notoriété d’homme d’affaires influent, on m’a laissé faire tout ce que je voulais. Alors, chaque jour, j’ai délivré des cartes de réfugié, et j’ai cherché des abris pour cacher un maximum de Juifs dans les différents immeubles de Budapest qui appartenaient à l’Espagne. J’ai même loué des maisons sur lesquelles je hissais le drapeau espagnol pour en faire des “ bâtiments diplomatiques ”, en principe inviolables par les Allemands comme par leurs alliés nazis hongrois. »
     
    En réponse aux activités du groupe des Cinq et de tous ceux qui tentent de protéger les Juifs, Eichmann fait rafler quatre-vingt mille Juifs de plus. Aussitôt, Giorgio Perlasca, accompagné de Raoul Wallenberg, le Suédois, et de Fürker, le Suisse, demande audience au Premier ministre.
    « À bout d’arguments, raconte Giorgio Perlasca, je lui ai dit que si, dans quarante-huit heures, le gouvernement espagnol ne recevait pas de nouvelles rassurantes au sujet des Juifs, il procéderait à l’arrestation immédiate des treize mille Hongrois résidant en Espagne ! C’était un bluff total, puisque je ne savais rien des intentions du gouvernement espagnol et que, par ailleurs, il ne devait pas y avoir plus de cent Hongrois en Espagne, y compris en comptant leurs diplomates ! Sauf que ce nazi hongrois, devenu Premier ministre par l’entremise d’Eichmann, était inculte : il ignorait le nombre réel de ses compatriotes habitant l’Espagne…
    — Et que s’est-il passé ?
    — Il a réfléchi, puis il m’a adressé un émissaire pour négocier. Celui-ci m’a proposé de libérer tous les Juifs espagnols – tous ceux qui avaient des certificats espagnols. Je lui ai répondu : “ Non, monsieur ! Pas les Juifs espagnols, tous les Juifs ! ” »
     
    Bien des Juifs devront la vie à ce coup de bluff qui, dans un premier temps, va réussir. Mais les
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