Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La force du bien

La force du bien

Titel: La force du bien
Autoren: Marek Halter
Vom Netzwerk:
son véritable contenu ? D ’où l’idée, que j’ai déjà évoquée, d’une Histoire de l’Espoir .
     
    La boucle est bouclée. Qu’ajouter de plus ? Je n’ai jamais cru pouvoir trouver une solution définitive aux problèmes qui assaillent les hommes depuis la nuit des temps. J’ai tenté de reprendre quelques-unes de ces questions, les plus urgentes, à la lumière de l’histoire récente. D’autres peut-être, du côté des penseurs professionnels , formuleront des réponses. Pour ma part, je ne peux que répéter ce que disait saint Augustin [7] pour ses amis les rabbins, au IV e siècle, là-bas, dans sa lointaine Hippone : «  Je me souviens que j’ai une mémoire, une volonté. Je comprends que je veux, que je me souviens. Je veux vouloir me souvenir, je veux vouloir comprendre . »
     
    Comme lui, je veux vouloir me souvenir et comprendre.
    C’était la raison de ce long périple à travers quatorze pays, à travers les lieux de mon enfance et le souvenir de la Shoah.
    Il me fallait retrouver les épargnés , ceux-là même qui ont pu échapper à l’enfer et qui ont survécu parce qu’ils ont trouvé des mains secourables.
    Une telle démarche ne pouvait qu’être accompagnée du désir de comprendre leurs sauveteurs : les Justes. Ces Justes qu’Abraham, le patriarche, recherchait avec tant de passion et de désespoir :
    «  Vas-Tu vraiment supprimer le Juste avec le méchant ? Peut-être y a-t-il cinquante Justes au milieu de la ville : vas-Tu les faire périr aussi, et ne pardonneras-Tu pas à la cité pour les cinquante Justes qui sont au milieu d’elle ? Loin de Toi de faire cette chose-là ! De faire mourir le Juste avec le méchant, en sorte que le Juste soit traité comme le méchant ! Est-ce que Celui qui juge toute la terre ne rendra pas justice ? » (Genèse, XVIII , 22.)
    Combien d’hommes, à chaque génération, ont-ils ainsi questionné l’Éternel ?
    Or, ces Justes ont existé – comme l’air, comme l’eau et tous les éléments indispensables à la vie, à la protection de la vie. S’ils n’avaient pas été là, nous poserions-nous encore des questions ? Serions-nous de ce monde ?
    Je ne me serais peut-être pas aventuré dans de tels commentaires si Hannah Arendt ne m’y avait encouragé, avec son apologie des «  penseurs non professionnels , [qui], à la différence des philosophes de profession , ressentent le besoin de s’assurer auprès des autres qu’ils partagent leurs incertitudes  ».
     
    Ma chance réside peut-être dans ma « naïveté », dans mon « non-professionnalisme », qui ne m’ont pas conduit à interroger Dieu sur le sens du Bien et sur l’existence des Justes, mais à partir à leur recherche.
    Je peux aujourd’hui affirmer non seulement qu’ils ont existé, mais qu’ils existent. Qu’ils sont plus nombreux que cinquante, plus nombreux que cent. Qu’ils sont des milliers en vérité : hommes et femmes simples, banalement simples et simplement bons. Ils se nomment Iréna Sendler, Kaethe Schwartz, Zaneiba Hardaga, Annie Lombardi, Selahattin Ulkumen, René Raoul… Pour ce livre, j’en ai retenu trente-six.
    Mais pourquoi trente-six  ? Pourquoi ce nombre dont le Talmud dit qu’il est indispensable à la survie du monde ?
    Faute de signes spécifiques pour les chiffres, les anciens Hébreux utilisaient les vingt-deux lettres de leur alphabet. À chacune de celles-ci correspondait une valeur numérique, tandis que leur combinaison pour former un nombre assemblait également un nom, un mot. Cette méthode, la guématrie, a été utilisée dans la Kabbale à des fins d’analyse et de divination métaphysiques.
    Ainsi les dates favorables aux cérémonies juives sont-elles, et de toujours, le 17 et le 18 : le 17, Tov , signifie « Bien », et le 18, Haï , « Vie ».
    Trente-six, c’est deux fois dix-huit, c’est-à-dire deux fois la vie – ou encore la vie de la vie –, celle du sauveteur garantissant celle du sauvé.
    Ne serait-ce pas là ce que le Talmud entendait secrètement signifier en désignant ce nombre de trente-six Justes : que, grâce aux Justes, la vie protégeait la vie ?
     
    Les choses deviennent ainsi plus claires : le Bien, c’est la Vie. La Vie – et tout ce qui contribue à la protéger, à la perpétuer, à l’anoblir. En opposition à ce qui a pour objet de la heurter, de l’avilir, de l’ôter.
    La guerre, par exemple, est le Mal. Comme l’oppression. Comme le
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher