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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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e manda
pas plus. Puisque cette femme disait qu'il avait besoin d'aide, il
fallait y aller. Refe r mant
son ombrelle, elle saisit la main de Marie et l'entraîna en
courant vers l'h ô pital.
Il fallait à tout prix sauver ce jeune homme.
    Marie
se retrouva dans la me principale de Saint-Laurent sans avoir eu le
temps de comprendre. Elle serrait la main de la femme et courait sans
rien voir ni rien regarder. Elle passa tout près de Charlie
qui tra î nait
avec deux autres libérés. Ce dernier la reconnut
aussitôt. Paralysé de stupeur, il ne put que la regarder
passer en direction de l'hôpital sans pouvoir inte r venir.
Elle était intouchable. Elle était avec la femme du
dire c teur.
    Les
deux femmes arrivèrent à l'hôpital essoufflées,
et la femme du directeur poussa toutes les portes sans s'encombrer de
rien. Ni de questions pour savoir où était le
médecin-chef ni d'autorisation pour le che r cher,
ce qui leur évita une perte de temps considérable.
Grâce à son
intervention énergique, elles le trouvèrent rapidement
et il partit sur-le-champ avec deux i n firmiers
et un brancard. Quand ils arrivèrent près de Romain
après deux heures de marche, il était toujours sans
connaissance mais vivant. Il ne se réveilla que très
peu. Juste le temps de reconnaître son médecin-chef et
de lui dire ces mots éni g matiques
:
    — Maman
avait raison... vous lui direz, pour
F ragonard...
la l u mière...
l'allée. C'était comme la
France... parfumé... si doux...
    Puis
il perdit connaissance. Avec mille précautions sur un chemin
difficile, le médecin-chef réussit le tout de force de
le ramener à l'h ô pital
encore en vie. Mais la fracture des cerv i cales
était sérieuse, et le matériel sur place pas assez perfo r mant. Il fit
tout ce qu'il put, mais
ne parvint pas à le
sauver, et Romain, le
jeune médecin qui avait tout e n semble rêvé
d'engagement, d'aventures
et de terres loi n taines, mourut la
nuit suivante
sans avoir repris connai s sance.
    Le
médecin-chef ne se souvenait
pas d'avoir jamais ressenti
une peine aussi profonde. Il se
répéta les derniers
mots de Romain et se demanda
ce qu 'ils
pou vaient
bien signifier. «La France, le
parfum, Fragonard...
?» il ne connaissait que très
vaguement le nom de
ce peintre et n'aurait pas pu citer
une de ses œuvres encore
moins décry p ter
le sens de cette
ultime et mys térieuse
confidence. Il eut mal et
se sentit coupable. Il pensait
qu'il n'avait pas su trouver les
mots justes pour calmer
les incertitudes de ce jeune homme dont
il regrettait déjà douloureusement l 'amicale
et légère co m pagnie.

37

    Marie
fut ramenée au carbet par la femme du directeur qui s'opposa
énergiquement à ce qu'un surveillant le fasse à
sa place.
    — C'est
moi qui ai trouvé cette femme, je m'en occupe. Il n'est pas
question qu'il en soit autrement Le surveillant en chef crut pouvoir
i n sister.
La femme du directeur était connue pour être fantasque,
on d i sait
même à mots couverts que depuis qu'elle était à
Saint-Laurent elle « déraillait carrément ».
Mais quand il essaya de la dissuader, elle le menaça sans
aucune r e tenue.
    — Qui
êtes-vous pour me dire ce que je dois faire ? lui la n ça-t-elle
d'un ton autoritaire. Vous n'avez aucun ordre à me donner, je
fais ce que je veux.
    Il
faillit la rabrouer mais se retint. Elle était la femme du
directeur et ce dernier n'apprécierait pas qu'on la remette à
sa place. Le survei l lant
en chef comme d'autres avait déjà eu affaire à
l'ego mon s trueux
de son supérieur.
    Marie
assistait à la scène avec stupéfaction. Elle
regardait cette p e tite
femme tenir tête à cet homme deux fois plus grand qu'elle et dont on devinait à son bureau
lustré et son habit blanc à boutons dorés le
rôle important, et elle n'en revenait pas qu'une femme puisse
le faire plier. Surtout que ce dernier, avec un sourire, crispé
certes, mais c e pendant
courtois, en rajouta. Il se
leva, la salua respe c tueusement
et s'exécuta.
    Que
cette femme frêle aux airs un peu égarés ait un
tel pouvoir et en use avec une telle autorité laissa Marie
abasou r die.
Jamais de sa vie elle n'avait vu une femme oser se dresser face à un
homme qui repr é sentait
l'ordre et la loi et obtenir aussi rap i dement
ce qu'elle voulait sans avoir à se
battre. Au contraire, même, en étant cérémonieusement remerciée
et reconduite. Tout en marchant vers le carbet, Marie obse r vait
le profil de cette petite femme
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