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La Dernière Bagnarde

La Dernière Bagnarde

Titel: La Dernière Bagnarde
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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'heure,
oubliant le rite de la prière
collective. Enfo n cées
dans leurs misère, recroquevillées sous leur drap,
gr e lottantes
de ce
froid qui montait de la forêt humide et pénétrait
jusqu'à leurs os chaque nuit,
elles gardaient
les yeux grands ouverts et repensaient, dans leurs terribles
solitudes, à chacun des mots qu'elles avaient e n tendus.

38

    Le
lendemain matin, aux aurores, on cogna au carbet. C'était la
femme du directeur.
    — Ma
mère, fit celle-ci d'une traite. Mon mari était affolé
de ne pas me trouver hier en rentrant, je ne sais pas ce qu'il
craignait mais en tout cas il a été si rassuré
de me voir revenir v i vante
que j'en ai profité pour lui parler. Il m'a écoutée
et il est prêt à faire quelque chose, se u lement
il ne faut pas tarder. Il est rarement compréhensif, alors je
l'ai convaincu de vous renco n trer
et il accepte. Vite, venez, il est encore à la Villa.
    — Mais
comment ça, maintenant ?
    — Oui,
oui, il faut faire vite, je vous dis.
    Et
sans laisser à la mère supérieure le temps de
réfléchir d a vantage,
elle l'entraîna à l'extérieur. Prise de court par
cette a r rivée
intempestive la mère supérieure ne résista pas.
Elles pa r tirent
sans attendre. Tout en marchant à pas rapides, la mère
s u périeure
réfléchissait à ce
qu'elle devait dire. Les idées se bousculaient dans sa tête
et, plus elles appr o chaient
de la Vi l la,
plus elle s'inquiétait du manque de préparation de
cette entr e vue.
    — Dites
la vérité, c'est tout.
    — Bien
sûr, mais ce n'est pas si simple. Ici les vérités
sont multiples et il va me falloir désigner
des co u pables.
Ce n'est pas la mission que Dieu m'a confiée.
    — Et
alors ! Ces
hommes sont dangereux,
il faut les empêcher de recommencer. Vous devez dire ce qui
s'est passé à mon mari, il écout e ra.
    — Oui,
mais... je vais devoir citer des noms. Or je ne peux pas d é noncer.
C'est un terrible péché. II vaut mieux que je r e tourne
au carbet et que je revienne après avoir réfléchi à ce
qu'il convient de dire.
    — Ah
non alors ! s'impatienta la femme du directeur en la retenant par la
manche. C'est maintenant, je vous dis, après il sera trop
tard. C'est déjà un miracle qu'il accepte. Faisons
vite.
    Convaincue
que cette précipitation et que cette impréparation
s e raient
néfaste, la mère supérieure s'apprêtait à
tenir bon quand, imp a tient
d'attendre le r e tour
de sa femme, le directeur de la pénitentiaire sortit de la
Villa pour rejoindre la mairie comme il le faisait tous les matins.
Méthodique et froid, il ne supportait pas le moindre
chang e ment
dans l'organisation de ses journées, pas plus que dans sa vie
pe r sonnelle.
Il avait eu un moment de faiblesse en écoutant sa femme tant
il avait été décontenancé de ne pas la
voir la veille au soir en rentrant, mais maintenant il était
remis. Aussi fut-il des plus surpris en la tro u vant
devant chez lui en compagnie de la mère supérieure.
Contr a rié
mais se rappelant sa promesse, il s'avança, décidé
à se déba r rasser
du problème.
    — Alors,
ma mère, fit-il. Vous avez eu des soucis je crois. Dites-m'en
vite un mot. car j'ai à faire.
De quoi s'agit-il ?

    Elle
s'attendait à tout sauf à se retrouver à parler
de choses aussi graves au beau milieu de la rue avec un homme pressé
d'en finir. Elle aurait pu refuser, demander à s'entretenir
avec lui dans son bureau pour prendre le temps d'expliquer. En toute
autre circonstance c'est ce qu'elle aurait fait, en temp ê tant
qui plus est. Pourtant, elle n'en fit rien. Épuisée des
journées d'hôpital, anéantie d'une nuit sans
sommeil à re s sasser
les révélations de Marie, doutant d'elle-même,
profondément secouée d'avoir envoyé Marie, Anne
et Rose au « massacre » du m a riage,
elle fit tout le contraire. Elle raconta ce qu'elle savait, pr e nant
les choses dans le désordre, incohérente, précipitée.
Le directeur l'i n terrompit
en regardant sa montre, lui dit qu'il l'avait bien comprise et
l'assura que les responsables seraient sanctionnés, que cela
ne se r e nouvellerait
plus.
    — Mais, ajouta-t -il,
accusateur, il faudra aussi que vous surveilliez mieux vos détenues.
Elles ne sont pas si inn o centes
que cela.
    Elle
le regarda s'éloigner, anéantie. À cette
dernière recommand a tion,
elle réalisait son erreur. Elle avait fait ce qu'il ne fallait
surtout pas faire. Dire en vrac toutes les vérités sans
réfléchir aux cons é quences.
Son
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