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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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mauvais souvenir d'ailleurs.
    — Libre à elles. Pour moi cela restera le plus abominable moment de toute ma vie... Je ne sais pas si, un jour, je pourrai en venir à oublier...
    Quand le neuvième jour de claustration se leva sur un grand ciel bleu et pur qui laissait présager une belle journée, Josse qui s'apprêtait, dans la fraîcheur du petit matin, à grimper comme d'habitude au châtelet pour appeler l'abbaye, eut la surprise en traversant la cour d'entendre un véritable vacarme dans la rue. C'étaient des coups retentissants assez semblables à ceux que fait un bélier en frappant la porte d'une ville. On entendait aussi des exclamations, des bruits de voix, des grincements d'essieux. C'était comme si une foule entière se pressait au-dehors...
    Emporté par un espoir soudain, il escalada quatre à quatre les hautes marches de pierre, atteignit son archère habituelle, se pencha au-dehors... C'était ça ! C'était bien ça ! La rue était pleine de monde, pleine de gens qu'il reconnaissait, des hommes, des enfants, tout Montsalvy revenu et là, étendu sur un chariot, un moine en robe blanche qui semblait donner des ordres à une troupe d'hommes. Un à un, ils faisaient tomber puis emportaient les madriers qui barraient la porte... Josse le reconnut, ce moine, avec un transport de joie.
    — L'abbé ! L'abbé Bernard !... Vive Dieu qui nous ramène Votre Révérence ! Alléluia !... Quel bonheur ! Quel merveilleux bonheur !...
    — On l'a ramené ! cria la voix perçante de Gauthier surgissant de derrière le chariot dans le premier rayon du soleil qui se levait à l'horizon des hauts plateaux de l'Aubrac. Ça n'a pas été sans mal car il est encore bien faible ! Mais il a voulu venir avec nous, tout de suite...
    Comment ça va, là-dedans ?

    — Dame Catherine, Sara et moi sommes sains et saufs, ainsi qu'une des petites esclaves. Quant à messire Arnaud, il vit toujours mais il n'a pas encore repris connaissance... Dépêchez-vous ! Je vais prévenir dame Catherine et Sara ! Elles vont être si heureuses.
    — Nous aussi ! hurla Gauberte qui, déjà en nage, aidait les hommes à libérer la porte. On a fini par avoir honte de les avoir laissés partir pour cet enfer tandis qu'on se cachait à Roquemaurel.
    Alors on est revenus ! Et tant pis pour ce qui peut nous arriver !
    Un enthousiasme égal à la panique de naguère soulevait tous ces braves gens qui refusaient à présent de considérer le danger toujours possible. Ils ne savaient qu'une chose : leur châtelaine avait plongé, sans peur, au cœur du mal, elle avait bravé le terrible fléau et depuis neuf jours elle vivait à l'endroit même où la peste avait éclaté. Et puis aucun autre cas ne s'était déclaré, ni à l'abbaye, ni autour de Montsalvy où étaient demeurés ceux dont les maisons étaient en pleins champs comme le bailli Saturnin Garrouste qui, maintenant encourageait en riant ceux qui voulaient libérer le château. Tous, à présent, brûlaient de se racheter à leurs propres yeux et à ceux de leur châtelaine...
    Un instant plus tard Catherine et Sara accouraient pour voir se rouvrir, par la volonté d'un peuple fidèle et chaleureux, les portes condamnées par les moines. Serrées l'une contre l'autre, elles écoutaient le fracas des madriers qui tombaient un à un et les ahans rauques des hommes qui s'y attelaient pour les traîner le long de la rue et les ramener au monastère. Celui-ci d'ailleurs, peut-être pour se faire pardonner, lâchait la volée à toutes ses cloches dont le carillon joyeux emplissait l'air bleu.
    Réunis dans la cour, les trois prisonniers volontaires attendaient les larmes aux yeux et la joie au cœur l'instant où le dernier madrier emporté, le lourd portail armé de fer allait s'ouvrir livrant passage à ceux qui revenaient de si touchante façon reformer, au mépris du danger, le cœur chaleureux de Montsalvy.
    Enfin, les dernières planches clouées au-dehors cédèrent. L'huis s'ouvrit sous la poussée. Déjà, entraînée par Gauberte et Antoine Couderc, la première vague s'élançait, traînant après elle le chariot où reposait l'abbé quand, du fond de la cour, une voix autoritaire les cloua sur place.
    — N'entrez pas ! Je vous interdis de franchir ce seuil !...
    Au cri de stupeur de Catherine, de Sara et de Josse la foule fit écho puis se tut, comme devant un miracle et, en fait c'en était un à leurs yeux : appuyé d'un côté à la porte de la cuisine, de l'autre à l'épaule
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