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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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mais son contact ne brûlait plus et Catherine plus doucement encore la porta à ses lèvres...
    Non, elle n'expliquerait rien, elle ne présenterait ni défense ni plaidoirie car il lui faudrait encore mentir, dissimuler ce qui s'était passé la nuit des Rois au palais de Lille. Après tout, il avait raison : elle était une épouse adultère... même s'il avait moins que tout autre le droit de le lui reprocher !
    « Lorsqu'il reprendra conscience, pensa Catherine, lorsqu'il pourra me reconnaître, je verrai bien ce que sera son premier regard. S'il est ce que je crains, je m'en irai sans rien dire, je m'en irai pour toujours !
    Je ne veux pas entre nous d'un lien qui ne serait que reconnaissance et pitié après tant d'amour et de passion ! »
    La pluie tomba toute la nuit et toute la journée du lendemain cependant qu'une vie régulière s'organisait pour les enfermés volontaires. Depuis que la sanie avait quitté son corps Arnaud gisait inerte, épuisé, incapable de faire seul le moindre mouvement. Délire et violence avaient disparu. Demeurait une curieuse prostration qui n'était plus le coma mais qui n'était pas encore la conscience, du moins pour autant que l'on en pouvait juger. Le malade avalait docilement tout ce qu'on lui ingurgitait mais n'ouvrait jamais les yeux si bien qu'il était impossible de distinguer les périodes de véritable sommeil ou de simple somnolence.
    Tous les matins, Catherine lui faisait une toilette soigneuse, changeait son linge que Fatima lavait dans la cour. Elle le rasait même, en prenant bien soin d'appliquer un baume sur la balafre que le mal avait mise à vif. Elle trouvait à ces soins un plaisir douloureux qui faisait hausser furieusement les épaules de Sara derrière son dos mais qui, parfois aussi, lui tiraient des larmes qu'elle essuyait avec rage au coin de son tablier.
    Du dehors, on ne savait rien. Chaque matin, Josse grimpait au châtelet pour demander aux moines ce dont ils avaient besoin en fait de nourriture fraîche, qu'on lui apportait d'ailleurs avec un grand luxe de précautions. Visiblement, les moines dont on pouvait suivre les phases de l'existence grâce aux tintements des cloches qui les rythmaient n'avaient aucune envie de prendre le moindre risque bien que le château, après une semaine de travail forcené, eût été presque assaini. Les corps de ceux qui avaient composé la triste garnison ramenée par Arnaud et ceux des malheureuses dont ils avaient fait leurs compagnes de débauche par force avaient été brûlés et ce qui n'avait pas été consumé à cause de la pluie avait été enterré. La salle des gardes avait été passée à la chaux et lavée à grande eau quand quatre ou cinq jours de pluie incessante eurent ramené l'abondance de ce côté. Manquant de chaux à la fin, Josse avait dû se contenter de fermer autant que possible les pièces et l'escalier pollués. On verrait plus tard.
    Pour Catherine les jours se firent plus calmes, plus monotones aussi.
    Avec Sara et Fatima, elle donnait des soins aux bêtes, poules, lapins, chevaux, qui occupaient les dépendances de la basse-cour, s'occupait de laver ou de repasser le linge, épluchait les légumes et surtout soignait Arnaud. Quand elle n'était pas occupée elle s'asseyait auprès de Sara sur un banc et à mi-voix toutes deux causaient. Sara ne cessait d'interroger la jeune femme sur tous ces mois qu'elle avait vécus loin de Montsalvy et Catherine s'efforçait de satisfaire cette subite et si étonnante curiosité sans toutefois tout révéler. Arnaud avait beau être inconscient il n'était pas possible à Catherine d'évoquer devant lui sa nuit d'amour avec Philippe de Bourgogne, cette nuit qui lui avait été si délicieuse et qu'à présent elle se reprochait comme un crime. Il fallait que cela demeurât un secret entre Dieu et elle. Même Sara ne devait pas savoir. Par contre, elle libéra son cœur de l'horrible souvenir du Moulin-Brûlé et y trouva un immense réconfort.
    Sara, d'ailleurs, n'en parut même pas offusquée et s'étonna des remords qui avaient si longtemps tenaillé la jeune femme.
    — Tu t'es considérée comme déchue, comme avilie et définitivement perdue de réputation parce que tu as été violée par une bande de soudards ? Ma pauvre enfant, si tu savais combien de femmes, de par le monde, ont subi une épreuve semblable, tu en serais surprise. J'en connais moi, et qui sont aussi grandes dames que toi...
    Pour certaines même ce n'est pas un si
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