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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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s'abattait sur l'appentis d'une petite remise qui en un instant fut en flammes. Josse ressortit avec un seau d'eau mais à cet instant le ciel creva et de véritables trombes se déversèrent, si brutales et si violentes que les flammes du bûcher s'éteignirent, crachant une épaisse fumée noire.
    Un élan jeta Catherine vers Josse.
    — La pluie ! La pluie ! Enfin la pluie !... Doux Jésus ! Nous n'allons donc pas mourir étouffés ?...
    En un rien de temps, ils furent tous deux trempés jusqu'aux os mais cette violente averse leur semblait si bonne qu'ils demeurèrent dessous avec ivresse, tendant les bras et criant de joie, tant et si bien qu'à leur tour Sara et Fatima vinrent les rejoindre.
    — Nous ne sommes donc pas complètement maudits ? s'écria Sara en saisissant Catherine dans ses bras pour l'embrasser... Et si nous pouvons arrêter la peste... sauver ton époux, même s'il ne le mérite pas...
    Un hurlement atroce lui coupa la parole et les précipita tous affolés et ruisselants dans la cuisine où un spectacle effrayant les attendait : Arnaud avait réussi à se lever. Dans un paroxysme de souffrance il avait arraché sa chemise, ses pansements et debout devant la cheminée, il titubait en poussant des râles d'agonie...
    — Il va tomber dans le feu, hurla Catherine et elle se rua vers lui mais Sara l'empoigna au passage et la rejeta en arrière.
    — Regarde ! Le bubon ! Il vient de crever !... C'est ça qui le rend fou. Va me chercher de la charpie, beaucoup de charpie et reviens avec tes gants.
    Pendant ce temps, elle et Josse allèrent saisir Arnaud par-derrière et l'obligèrent à se recoucher. En effet, de son aine ouverte un liquide noir et épais coulait le long de sa cuisse en même temps qu'une épouvantable odeur emplissait la pièce. Le malade n'opposa pas de résistance. La douleur, qui lui avait fait fournir l'effort surhumain de se lever, et l'éclatement du bubon qui en avait résulté, semblaient l'avoir complètement épuisé. S'y ajoutait le sang qui coulait à présent, succédant aux sanies et au pus.
    Catherine revenait, des gants aux mains, avec une brassée de charpie qu'elle tendit à Sara. Ses yeux n'étaient qu'une prière.
    — Est-ce que... est-ce qu'à présent... il a une chance ?
    Le visage trempé de Sara s'éclaira d'un vague sourire.
    — À présent, oui... je crois... s'il ne perd pas trop de sang ! Mais encore une fois il est solide ! C'est vigoureux la mauvaise herbe !...
    L'heure qui suivit se passa tout entière à éponger et à assainir la plaie tandis que Fatima épluchait des choux, des carottes et des pois pour faire un potage. Et quand la nuit tomba Arnaud, soigneusement pansé, gisait sur son lit propre ; ses infirmiers bénévoles avaient mis des vêtements secs et pouvaient enfin s'asseoir autour de la grande table de bois rude pour prendre un vrai repas, le premier, en écoutant avec ravissement les cataractes du ciel se déverser en crépitant sur les lauzes des toits.

    Catherine, qui avait dormi la plus grande partie de la journée, exigea de prendre la première garde et personne ne la lui disputa. Tous devinaient qu'elle serait heureuse d'un moment de solitude avec l'homme qu'elle s'obstinait à aimer et, tandis qu'ils s'installaient, qui dans un coin de la cuisine, qui dans les étuves, elle vint s'asseoir sur un coin du matelas qui supportait Arnaud et, sortant de sa poche le petit chapelet d'ambre que dame Béatrice lui avait donné à Bruges et qu'elle gardait toujours avec elle, Catherine se mit à prier, doucement, presque paisiblement pour la première fois depuis bien longtemps.
    Elle pria pour que la peste en abandonnant le corps de son époux emporte aussi le mal qui rongeait son esprit et son cœur. Dieu avait fait justice mais l'orgueilleux maître de Montsalvy saurait-il comprendre et subir cette justice ?
    — Qu'il m'entende, au moins ! suppliait la jeune femme, qu'il me laisse lui parler, lui expliquer !...
    Mais lui expliquer quoi ? Tout ce qu'elle avait enduré depuis que Béraud d'Apchier était venu mettre le siège devant Montsalvy pour en piller les richesses ? Elle avait déjà essayé, dans cette grange près de Châteauvillain où ils s'étaient retrouvés, et il n'avait pas voulu l'entendre. Accepterait-il enfin, à présent que l'amour de sa femme venait de l'arracher à la plus horrible des morts ?...
    Doucement, elle prit la main inerte qui reposait sur le drap et la garda dans la sienne. Elle était chaude encore
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