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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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occuper continuellement.

    — « Je » vais veiller, tout au moins les premières heures. Ensuite ce sera Josse, puis toi. Je te promets de te réveiller si... si quelque chose se passait...
    En fait personne ne dormit vraiment cette nuit-là, sinon par à-coups.
    La souffrance rendait le malade à peu près fou et sans cesse il fallait le remettre dans son lit, le faire boire, le nettoyer. En outre, la chaleur nocturne aggravée par le bûcher de la cour et par le feu qu'il fallait bien entretenir dans la cheminée était insupportable. Pour avoir un peu de fraîcheur, Catherine, traînant un matelas au-dehors le plus loin possible du brasier, réussit à y dormir deux heures. Josse sommeilla auprès d'un de ses feux car, pour en finir plus vite, il en avait allumé un autre dans la vaste cheminée de la salle des gardes. Là aussi des corps brûlaient. Heureusement le bois et les broussailles très secs ne manquaient pas et peu à peu les morts vénéneux se fondaient en inoffensives cendres.
    Quand le jour revint, Catherine, titubante de fatigue, quitta son matelas et alla aider Sara à soigner Arnaud. Le malade était calme à présent, mais d'un calme plus inquiétant encore que son agitation de la nuit. Ses yeux dont le blanc était devenu jaune étaient profondément enfoncés sous l'orbite et son corps demeurait inerte, comme s'il était déjà mort... Néanmoins il fut encore secoué de quelques violentes nausées et, cette fois, Catherine épouvantée vit du sang couler de sa bouche et de son nez. Le bubon, lui, sur lequel on ne cessait de renouveler les cataplasmes, grossissait toujours, distendant presque monstrueusement la peau qui semblait s'amincir à vue d'œil.
    — Nous n'y arriverons pas ! sanglotait Catherine, nous n'y arriverons jamais ! Par moments, il ne respire plus ! Il faut faire quelque chose... il le faut.
    Elle piquait une crise de nerfs que Sara combattit aussitôt à l'aide de quelques gifles et d'un seau d'eau.
    — Tu vas te reposer ! ordonna-t-elle quand la jeune femme revint à elle. Sinon toi aussi tu vas tomber malade et je te jure que si cela t'arrive, j'achève immédiatement ton époux !...
    Josse rentrait à ce moment-là. Dès qu'il avait fait jour, il avait escaladé le châtelet d'entrée et à l'aide de sa trompe avait fait sortir un moine du monastère.
    — Allez dire au frère Anthime que nous sommes encore vivants, que messire Arnaud aussi est encore vivant et que je veux du lait, vous entendez ? Du lait ! Je vais descendre un seau avec une corde.

    Un moment plus tard il avait ce qu'il avait demandé et à présent il revenait avec son butin, heureux de cette petite victoire, en dépit de son visage ravagé de fatigue et de ses habits roussis d'un peu partout.
    Sara fit boire du lait à Catherine et à la petite Mauresque. On l'avait oubliée durant la nuit affreuse et elle s'était tapie entre un coffre à farine et une jarre d'huile mais au matin, quand elle avait vu Sara empoigner son balai pour nettoyer sa cuisine, elle était sortie de sa cachette et, avec un sourire timide, le lui avait pris des mains.
    Sara la considéra un instant avec stupeur, puis, relevant du revers de sa main une mèche de cheveux noirs, trempés de sueur qui tombait de son bonnet, elle lui sourit à son tour.
    —
    Comment t'appelles-tu ?... Moi, c'est Sara, ajouta-t-elle en se désignant elle-même du doigt. « Sara !... »
    —
    Moi... Fatima ! » Puis avec un effort visible : « Parler...
    petit peu !
    —
    Merveilleux, s'écria Sara ! Viens que je te donne à manger et à boire, ma fille, après tu pourras travailler ; mais d'abord aide-moi à tirer ce matelas à côté, dans la pièce des étuves pour que dame Catherine y dorme !
    Il fallut bien que Catherine en passât par où Sara le voulait.
    D'ailleurs on la menaçait de l'enfermer. Elle but donc son lait puis rejoignit son matelas et s'y endormit d'un sommeil de bête harassée...
    Elle fut réveillée par un fracas de fin du monde qui la jeta tremblante hors de sa couche, tâtonnant dans une obscurité presque totale. Elle crut qu'il faisait nuit et se traîna vers la porte donnant sur la cour qu'elle ouvrit au moment précis où un nouveau coup de tonnerre éclatait. Elle vit alors qu'il faisait encore jour mais que le ciel était couvert de gros nuages noirs d'où partaient des éclairs effrayants. Le feu brûlait toujours et elle aperçut Josse qui se précipitait en courant vers la cuisine au moment précis où la foudre
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