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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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et très pénible. On le déshabilla complètement mais lorsque Sara lui tira ses chausses collantes elle montra sous la peau de l'aine gauche une enflure rouge.
    — Le bubon ! Il commence à pousser...
    Tandis qu'on le lavait à grande eau, Montsalvy ouvrit les yeux et Catherine put voir que l'iris en était très brillant et tout le reste strié de veinules rouges. Son cœur se serra : le mal semblait faire des progrès rapides, et elle n'ignorait pas avec quelle rapidité foudroyante il pouvait frapper. C'était déjà un miracle de retrouver Arnaud vivant, alors que presque tous les autres étaient déjà morts. Sans doute son extraordinaire solidité de constitution et sa vitalité y étaient- elles pour beaucoup mais Sara lui enleva ses illusions à ce sujet.
    — Il devait être ivre mort ! C'est peut-être ce qui a retardé le processus de la maladie...
    Lavé, vêtu d'une chemise propre, Arnaud fut couché sur le matelas préparé par sa femme et aussitôt vomit plusieurs fois coup sur coup et avec violence. Il sortit de cette crise baigné de sueur et totalement épuisé mais il fallut recommencer à le nettoyer.
    Quand ce fut finit il se mit à râler et recommença à s'agiter emporté par le délire mais, cette fois, Catherine crut comprendre qu'il avait soif.
    Donne-lui de cette tisane, dit Sara en apportant une petite écuelle pleine d'un liquide d'un vert brunâtre qui fumait. Je crois qu'elle n'est plus trop chaude...
    Appuyant la tête brûlante de son époux contre son épaule, Catherine le fit boire, luttant contre l'émotion qu'elle éprouvait à le tenir contre elle, comme autrefois. Pourtant c'était seulement une enveloppe charnelle privée de conscience qu'elle étreignait, un corps dont le cœur ne lui appartenait plus et, à cette idée, des larmes coulèrent de ses yeux jusque sur la joue du malade qui buvait docilement.
    Quand elle le recoucha, tout doucement, il entrouvrit les yeux et sa bouche enflée parut chercher l'air. Puis un mot, un seul s'exhala, intelligible...

    — Ca... therine !...
    Ce fut tout ce qu'elle put comprendre. D'autres mots suivirent, incompréhensibles mais un peu de courage était revenu au cœur désolé de la jeune femme. L'avait-il vraiment reconnue ou bien faisait- elle partie des fantômes qui peuplaient son affreux délire ?
    Elle resta là un long moment, assise sur le coin du matelas, à le regarder se battre contre la mort.
    Pendant ce temps, Sara préparait un repas. Heureusement le château était bien approvisionné et les soudards d'Arnaud n'avaient pas tout dévoré. Il y avait du seigle et du blé, du lard et des jambons dans le saloir. Un saut au poulailler apprit à la zingara que la catastrophe n'empêchait nullement les poules de pondre. Elle les en récompensa en se hâtant de les nourrir. Josse de son côté continuait à brûler les morts, entretenant dans la cour un feu d'enfer dont les fumées épaisses, noires et nauséabondes obscurcissaient le ciel. À
    Catherine revenaient les soins de son malade et, durant des heures, elle dut recommencer à le laver, à l'abreuver, à le changer. Le mal lui semblait empirer d'instant en instant.
    Quand la nuit vint, les trois compagnons étaient épuisés de fatigue et Arnaud allait plus mal. Sa langue enflée emplissait toute sa bouche, ses yeux étaient jaunes et sa peau sèche et brûlante. Néanmoins il fallait le tenir aussi au chaud que possible et Catherine n'arrêtait pas de remonter les couvertures autour de lui, d'enduire ses lèvres craquelées avec de la pommade et d'essayer de le nourrir avec du bouillon et des œufs battus dedans comme le lui indiquait Sara. Mais le bubon de l'aine gonflait de plus en plus et atteignait à présent la grosseur d'un œuf. Sara montra à Catherine comment confectionner un cataplasme avec de la moutarde, de la farine, du miel et du vinaigre qu'il fallait appliquer sur la grosseur.
    — Sa seule chance de survie c'est que ce bubon mûrisse vite et crève. Alors, peut-être, on pourra le sauver...
    Mais Catherine ne croyait pas que ce fût encore possible.
    — Il va mourir, balbutia-t-elle à travers les larmes qu'elle ne pouvait plus arrêter, je sais qu'il va mourir...
    — S'il doit te faire souffrir encore, cela vaudra sûrement mieux !
    gronda Sara. Il ne mérite pas le mal que tu te donnes, le danger que tu cours, que nous courons tous... En attendant, tu vas t'étendre sur un matelas et tu vas dormir.
    — Non. Je veux le veiller. Il faut s'en
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