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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare
Autoren: Pierre Naudin
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loin !
    – Je l’aurais voulu ! J’ai été retenu par Gaucher de Lor qui retourne en son château de la Broye (190) … où le roi Philippe se réfugia après Crécy… Il m’a dit que Jean II et son fils avaient l’intention d’obéir aux instances du Trastamare et d’envoyer les Compagnies en Espagne (191) .
    –  Je connais la plupart des chefs de route. Jamais ils n’accepteront : ils aiment à leur façon la France !
    – Les Espagnols du Trastamare également : ils ne veulent plus revenir chez eux !
    – Quand il m’advient d’ouïr des sots et des penseurs qui prétendent que le royaume est une terre d’asile, l’envie me prend de les pourfendre. La France me paraît une pute insensée qui, méprisant ceux qui l’aiment, n’accorde son corps qu’à la mauvaise gent.
    –  Je dirai même, messire, approuva Tristan, que plus ces mauvais coucheurs sont laids, plus elle jouit !
    … Est-elle incapable, désormais, de recouvrer la sagesse afin d’enfanter des filles et des fils dont elle pourrait être fière qu’il lui faille se faire trousser et détrousser par la canaille ?
    Tristan n’osa répondre affirmativement. Si peu qu’il eût approché le roi et son fils, il avait vu des vaincus. Je viens d’apprendre, dit Boucicaut, qu’en avril dernier, lorsque ce gros outrecuidant d’Audrehem a chevauché contre les routiers de Seguin de Badefol établis à Montpellier, il avait emmené Moreau de Fiennes, le Bègue de Villaines, le Baudrain de la Heuse qui, en tant qu’amiral, n’avait rien à faire là… et aussi le Petit-Meschin !
    –  Qui survint à Brignais, au plus fort de la bataille, pour secourir les routiers et les aider à vaincre l’armée aux lis !
    – Pour ce qui concerne Arnoul d’Audrehem, cela s’appelle avoir du discernement !
    Ils rirent, mais d’un rire insincère. L’humiliation d’appartenir à une noblesse et une armée constamment malmenées les ulcérait autant que la crédulité d’un roi et d’un dauphin insensibles à la vergogne.
    – Connaissez-vous, demanda Tristan, les conditions du traité de Clermont ?
    – Hélas !… Je les tiens du roi lui-même. Il fut signé le 23 de ce mois. Tenez, mon jeune ami, allons dans ce recoin.
    Quand ils furent seuls dans l’ombre de la tour de la Taillerie, Boucicaut enchaîna :
    – Les Compagnies doivent sortir de notre royaume sans jamais plus y rentrer à moins d’une guerre entre la France et l’Angleterre ou entre les comtes de Foix et d’Armagnac.
    – Adonques, dit Tristan, s’ils en partent par miracle, ils y reviendront au galop !
    – C’est ce dont je suis sûr, moi aussi… Mais oyez ce qui suit : les routiers doivent faire serment et hommage au… Trastamare et ne pourront quitter leur compagnie sans sa permission.
    – C’est une clause qui prouve une ingérence outrancière dans les affaires de la France avec le consentement de cette… pute !
    Boucicaut acquiesça. Son visage dur, halé, solide, avait pâli.
    – Hélas !… Arnoul doit avoir fait cette trouvaille. Il est comme cul et chemise avec cet Espagnol et son frère Sanche… Sachez encore, compère, que les routiers doivent tous vider le pays dans les six semaines sans s’arrêter plus de six jours au même endroit et sans rien y prélever d’autre que leur nourriture et celle de leurs chevaux.
    – Autrement dit : après six jours, quand ils partiront, il ne restera rien que des morts et des cendres.
    Boucicaut approuva, soupira et reprit :
    – Trente-quatre de leurs capitaines resteront otages du Trastamare qui, les six semaines écoulées, pourra encore, durant trois mois, les mener où bon lui semblera. Tous les routiers doivent jurer de respecter ce traité, particulièrement les otages. De toute façon, ils sont assurés du pardon du roi de France en attendant celui du Pape et du roi d’Angleterre. Quant aux rançons qui leur sont dues. Arnoul leur a promis de les faire acquitter pourvu qu’ils lui présentent leurs exigences par écrit. Il leur donnera des otages qui, comme ceux des Compagnies, seront remis à la garde du Trastamare et avant le 8 septembre, à une journée de marche des frontières de France, on leur comptera cent mille florins d’or, faute de quoi, on restituera les otages de part et d’autre et le traité sera nul.
    – Ce pacte ne sera jamais respecté.
    – C’est ce dont je suis sûr. Le Trastamare a fait hommage au roi de France contre cent cinquante-trois
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